L’armée de Terre va-t-elle se séparer d’une partie de ses Véhicules blindés de combat d’infanterie au profit de la Grèce ?

En février, la France et le Qatar ont exprimé leur « volonté commune » de renforcer leur coopération militaire, en particulier dans le domaine du combat d’infanterie. Cette intention a relancé l’hypothèse d’un achat par l’émirat de 490 Véhicules blindés de combat d’infanterie [VBCI] auprès de Nexter [ou KNDS France], évoquée depuis maintenant près de sept ans. Le salon de l’armement DIMDEX, qui s’est récemment tenu à Doha, n’aura pas vu cette éventuelle commande se concrétiser.

Cependant, Nexter a aussi des ambitions en Grèce, avec la modernisation annoncée – mais régulièrement reportée – des capacités de la force terrestre grecque en matière d’infanterie mécanisée. À cette fin, en 2021, l’industriel français avait dévoilé le « Philoctète », une nouvelle version du VBCI, notamment dotée d’une tourelle téléopérée munie d’un canon 40 CTAS et pouvant être armée de missiles antichar Akeron MP de MBDA.

Depuis, Nexter ne cesse d’affiner son offre, en nouant des partenariats avec des industriels locaux, comme le groupe public Hellenic Defence Systems, spécialisé dans la conception et la production de systèmes d’armes, de missiles et de munitions, ou encore en organisant des démonstrations du VBCI Philoctète au profit de l’état-major grec.

Pour autant, Athènes n’a toujours pas fait de choix au sujet du futur VCI qui équipera ses forces terrestres. A priori, Nexter n’entend pas lâcher le morceau. En témoigne l’offre qu’il vient de remettre au ministère grec de la Défense, dont le contenu a été révélé par le site spécialisé « Defense Review ».

Ainsi, rapporte-t-il, la proposition de Nexter comprend un « financement » et des « garanties de l’État français » en vue de l’acquisition par l’armée grecque de 200 VBCI « Philoctète », dans le cadre d’une « co-production » avec l’industrie locale. Il est aussi question de 50 autres exemplaires « spécialisés » [artillerie, commandement, sanitaire, etc.].

En outre, afin de répondre aux besoins opérationnels les plus urgents de l’armée grecque, la proposition de Nexter évoquerait une « solution provisoire » qui passerait pas la livraison « immédiate » de 120 VBCI d’occasion. En clair, l’armée de Terre, qui est actuellement la seule à en posséder, serait ainsi sollicitée.

« La proposition française est perçue très positivement par l’état-major, compte tenu des atouts clés du VBCI Philoctète, notamment en termes de mobilité, de blindage et de puissance de feu », avance « Defense Review ». Et de préciser que cette offre « devrait être discutée et approuvée lors d’un prochain Conseil militaire suprême ».

Actuellement, l’armée de Terre dispose de 628 VBCI. Ayant fait l’objet de bons retours d’expérience [RETEX] à l’issue de ses engagements au combat [Afghanistan, Mali], ce blindé à roues 8×8 de 28 tonnes peut transporter jusqu’à 9 fantassins équipés [11 en comptant le pilote et le tireur]. Il est armé d’un canon de 25 mm et d’une mitrailleuse de 12,7 mm.

La proposition évoquée par Defence Review reprend le mécanisme qui avait été mis en place entre la France et la Grèce pour la vente de chasseurs-bombardiers Rafale, l’armée de l’Air & de l’Espace ayant dû se séparer de 12 exemplaires [sur 102 à l’époque]. Depuis, un commande a été notifiée à Dassault Aviation pour les remplacer… Et Athènes a commandé 12 appareils neufs de plus.

À noter que la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, votée l’an passé, ne prévoit pas l’acquisition de VBCI supplémentaires pour l’armée de Terre, pas plus qu’elle n’évoque le développement d’un éventuel remplaçant, même si la Direction des études et de la prospective de l’Infanterie a d’ores et déjà quelques idées à ce sujet.