L’armée de Terre envisage un programme de véhicule blindé modulaire pour ses régiments d’infanterie

Le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 ne dit pas un mot sur le programme TITAN de l’armée de Terre, qui doit prendre, à l’horizon 2040, le relai de SCORPION [qui n’est évoqué qu’indirectement dans le texte] pour « étendre l’ambition de combat collaboratif aéroterrestre au niveau interarmées et interalliés ». Mais pas seulement puisqu’il vise également à renouveler le segment « lourd » des blindés actuellement en service, notamment avec le projet MGCS [Main Ground Combat System – Système principal de combat terrestre], mené en coopération avec l’Allemagne.

Mais il sera également question de remplacer, à terme, le Véhicule blindé de combat d’infanterie [VBCI], dont 628 exemplaires sont en dotation au sein de l’armée de Terre. Et la Direction des études et de la prospective de l’Infanterie a d’ores et déjà avancé quelques pistes de réflexions au sujet des capacités que devront posséder les fantassins à l’horizon 2040.

« 2040 peut paraître loin, et réfléchir à l’équipement du fantassin à cet horizon peut être considéré comme une contingence alors que l’arme a déjà plusieurs besoins immédiats et urgents, et que certains des principaux changements attendus sont déjà là. Cependant, la temporalité a son importance : la recherche a besoin d’en moyenne vingt ans pour mener une technologie à maturité et l’intégrer à un projet d’armement. Dès lors, réfléchir au fantassin de 2040 n’est plus un exercice de l’esprit mais un impératif pratique », explique cette structure qui relève de l’École de l’Infanterie, dans le dernier numéro de revue Fantassins

Les besoins de l’infanterie se résument en cinq impératifs : survivre, se protéger, manoeuvrer, combattre et vaincre. Et si le renouvellement des blindés du segment médian est en cours, avec le véhicules blindés multi-rôles [VBMR] Griffon et Serval, le VBCI devra être impérativement mis à niveau dans les années à venir… Et la question de son remplacement peut d’ores et déjà se poser. Et la direction de la prospective a des idées bien arrêtées à ce sujet.

D’abord, il n’est pas question de revenir à un blindé doté de chenilles. Si celles-ci « permettent un meilleur franchissement et une meilleure mobilité tactique », notamment en milieu dégradé, elles exigent un entretien plus important, souligne la Direction des études et de la prospective de l’Infanterie. D’où sa préférence pour la roue, qui fait des « progrès spectaculaires depuis plusieurs années », au point d’égaler, ou presque, les performances de la chenille.

« Le fantassin pourrait donc se déplacer sur roues, d’autant plus que dans les milieux dégradés, il sera principalement débarqué. Afin de gagner en mobilité tactique, il pourra aussi compter sur les robots, lesquels pourraient être chenillés et donc aptes à lui apporter au plus près tout l’appui [logistique, appui-feu…] dont il aura besoin, y compris dans les milieux destructurés », explique la Direction des études et de la prospective.

Quant à la question du blindage, celle-ci souligne que les véhicules actuels sont toujours de plus en plus lourds, au point d’arriver « aux limites de qu’un sol peut supporter en poids avant de se dégrader et pénaliser les mouvements futurs ».

D’où l’idée de regarder ce qui a pu être imaginé dans le passé… Et de ressortir des tiroirs un projet qui avait été lancé il y près de trente ans, c’est à dire avant le développement de l’actuel VBCI.

« L’une des pistes les plus prometteuses est la reprise d’un programme de véhicules modulaires comme le projet VBTT des années 1990 et l’idée originelle derrière le VBCI », avance la Direction des études et de la prospective. Et d’ajouter : « Le blindage ici serait donc limité aux compartiments du groupe de combat embarqué et aux pilotes, ce qui permettrait de réduire le poids total ».

A priori, il s’agirait donc de reprendre le concept de Véhicule Blindé Modulaire [VBM] à huit roues motrices, pour lequel Giats Industries [Nexter/KDNS aujourd’hui] et Renault Véhicules Industriels [devenu Arquus] développèrent respectivement le VEXTRA [pouvant être doté d’une tourelle modulaire légère de 105 mm] et le X8A [voir photo ci-dessus}. Les travaux menés à l’époque permirent de mettre au point le VBCI.

Photo : ARQUUS

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