Sylvain Itté : « Nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe » lors de l’attaque de l’ambassade de France au Niger

Ces derniers mois, il a été reproché à la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] de ne pas avoir vu venir le coup d’État qui a renversé le président nigérien, Mohamed Bazoum, au profit du général Tchiani, le 26 juillet 2023. Et cela alors que d’autres services de renseignement, notamment américains, n’ont pas été plus perspicaces. L’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, en a donné l’explication lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en novembre dernier [le compte-rendu vient seulement d’être publié].

Ainsi, a rappelé le diplomate, la DGSE avait principalement à s’occuper de la lutte contre les groupes armés terroristes [GAT], dans le cadre d’un partenariat avec les services de renseignement nigériens. Avait-elle les moyens d’aller au-delà de ce mandat? « Avec le recul, on peut se demander s’il n’aurait pas fallu disposer de plus d’antennes dans le système politique nigérien », a admis M. Itté. Cependant, cela n’a pas empêché de constater une « distorsion » entre le président Bazoum, dont la vision pour le Niger était « en décalage assez marqué avec le reste de la société ». Aussi s’est-il « progressivement coupé de la réalité du pays », a-t-il ajouté.

Ce constat pouvait-il nourrir les craintes d’un nouveau putsch au Sahel ? À vrai dire, celui-ci a surpris tout le monde, y compris, sans doute, les putschistes eux-mêmes… Et cela à cause d’un « paramètre que personne ne pouvait imaginer », à savoir « l’implication directe de l’ancien président Issoufou ». Pour l’ambassadeur, on « peut avancer, sans grand risque de se tromper, qu’il a fomenté, ou pour le moins accompagné, le coup d’État contre son successeur ».

L’une des motivations de ce putsch serait liée au trafic de pétrole, alors « géré par les Chinois ». Selon M. Itté, le président Bazoum avait inscrit son action dans la perspective d’une hausse importante de la rente pétrolière, grâce à un pipeline partant des sites de production jusqu’au port de Cotonou [Bénin]. Pour cela, il avait l’intention de remettre à plat la « gouvernance pétrolière », quitte à bousculer certains intérêts.

« Le jour du coup d’État devait se tenir un conseil des ministres pour créer une nouvelle société pétrolière dont le gouvernement nigérien aurait été majoritaire, et le président Bazoum avait refusé que le directeur général soit celui qui lui était proposé par le ministre du pétrole et qui n’était autre que le fils Issoufou », a avancé le diplomate.

Dans cette affaire, la Russie n’a, a priori, joué aucun rôle significatif, même si elle ne s’est pas privée de mener une lutte informationnelle contre la France au Niger, en y « achetant » des relais d’influence. « La stratégie des Russes est celle du désordre et du coucou. Ils ne sont pas les instigateurs des mouvements, ils n’en ont ni les moyens ni l’envie. […] Ils n’ont aucunement l’intention de s’installer en Afrique ni d’y prendre des ressources minières – exceptés l’or et le diamant qui sont faciles à extraire […]. Ils n’ont pas de stratégie d’influence à court, moyen ou long terme sur ce continent mais, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine, ils ont engagé une politique du chaos et de la désorganisation qui, malheureusement, fonctionne assez bien », a expliqué M. Itté.

Cela étant, il n’en reste pas moins que cette lutte informationnelle menée par la Russie nourrit un discours anti-français, auquel une petite frange de la population nigérienne est sensible [à ce propos, l’attitude de certains médias français de l’audiovisuel public a suscité quelques interrogations, selon M. Itté]. D’où la présence de drapeaux russes qui a pu être constatée dans les rues de Niamey… ainsi que lors de la « manifestation » organisée devant l’ambassade de France par le mouvement civil M62 [dont les dirigeants seraient stipendiés par Moscou], le 30 juillet.

Les guillemets s’imposent car cette « manifestation » n’en était pas une… En effet, M. Itté a parlé d’une « attaque », dont le « dispositif » était comparable à celui de l’assaut de l’ambassade des États-Unis en Iran, en 1979. « Il y a eu une volonté d’entrer dans le bâtiment et de l’incendier. Le consulat […] a été entièrement saccagé », a-t-il dit.

Sur des photographies montrées aux députés, on voit un « membre des forces de l’ordre nigériennes censées assurer la protection de l’ambassade juché sur un véhicule de la Garde nationale – d’ailleurs placé contre le mur de l’ambassade pour permettre aux manifestants de grimper plus facilement sur le mur – en train de haranguer la foule, tenant à la main un drapeau russe encore plié car à peine sorti de son emballage » ainsi que des « milliers de pierres » qui ont été lancées contre le bâtiment « pendant près de deux heures ».

« Nous sommes passés à deux doigts d’une catastrophe puisque nous avions tiré toutes nos munitions non létales et que je venais de donner au chef de la sécurité l’autorisation de tirer […] parce que la vie de 70 à 80 personnes dans l’ambassade était menacée », a continué le diplomate, après avoir rendu un hommage appuyé aux « gardes nigériens » d’une société privée de gardiennage qui « nous ont pour une bonne part sauvé la vie ».

La situation s’est ensuite apaisée après que le président Macron a appelé Mahamadou Issoufou, qui « semblait la clé de tout ». Et il a su être persuasif car, relate M. Itté, « dix minutes plus tard, le général Modi, numéro 2 de la junte, était devant l’ambassade pour calmer les troupes, et dans les dix minutes suivantes tout le monde était parti ».

Ce témoignage éclaire les déclarations faites à l’époque par Paris, qui avait promis une « réponse immédiate et intraitable » en cas d’attaque contre les ressortissants français.

Par ailleurs, le diplomate a dénoncé le double discours tenu par les certains États après le putsch. « Les États-Unis, pour garder leur base d’Agadez, ont placé la libération du président Bazoum et le retour à l’ordre constitutionnel au bas de leurs priorités. Certains pays européens n’ont d’ailleurs pas fait mieux », a-t-il dit. Et d’insister : « Des États qui étaient les premiers à soutenir Bazoum ont été les premiers à l’abandonner ».

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57 contributions

  1. Tonton flingueur dit :

    Même si au final on a pris un coup de pied au derch, on peut imaginer que l’appel de Macron a été du genre : calmez vous sinon on vous éparpille façon puzzle

    • Gillon alain dit :

      Mdrrrrr Oui je crois que ça a du ètre cela…. » On vous éparpille façon puzzle ! Mdrrrr !  »

  2. astracity dit :

    super intéressant !
    on a vraiment envie de connaitre ceux de nos amis européens qui ont tourné casaque

  3. Aymard de Ledonner dit :

    Eclairage très intéressant. Le pétrole évoqué un peu à l’époque a été la clé. On comprend que la junte actuelle n’est que le faux nez d’Issoufou.
    La position de la France n’a pu que changer quand la CEDEAO a renoncé à intervenir pour restaurer Bazoum.

    On découvre aussi que les gardes privés nigériens se sont avérés beaucoup plus fiables que les forces de l’ordre officielles.

    • Belzebuth dit :

      @ Aymard de Ledonner
      Le pétrole, je n’avais pas compris pourquoi la junte se hâtait, c’était Reality Checks qui en parlait…
      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/12/niger-premiere-commercialisation-de-petrole-brut-en-janvier_6205359_3212.html

      Un nid de guêpes.
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/01/12/mo-ibrahim-l-argent-du-petrole-c-est-comme-un-pot-de-miel-ca-attire-les-guepes_6210355_3234.html

      Ne pas oublier à l’heure où la moitié des centrales nucléaires en construction dans le monde sont en Chine et en Inde, le Niger est intéressant à plus d’un titre :
      https://www.zonebourse.com/cours/matiere-premiere/WTI-2355639/actualite/Les-activites-petrolieres-et-uraniferes-de-la-Chine-au-Niger-44465866/

      • Félix GARCIA dit :

        Yep.

        D’où l’urgence de fermer le cycle du nucléaire.

        « On ne résout pas les problèmes avec des technologies qui ne sont pas disponibles. La technologie des réacteurs à eau pressurisée (REP) est disponible, il y a un retour d’expérience et je pense que c’est le bon choix pour construire le renouvellement du parc. Mais on ne peut pas penser le nucléaire de manière durable si on ne pense pas sérieusement la fermeture du cycle du combustible.

        Il faut impérativement fermer le cycle du combustible, c’est-à-dire maitriser les déchets à longue activité et le plus important d’entre eux, le plutonium, et optimiser l’usage de la ressource en allant au-delà d l’utilisation de l’Uranium 235 pour utiliser tous les isotopes de l’uranium. La France avait dans ce domaine un avantage concurrentiel considérable, les réacteurs à neutrons rapides (RNR), que l’on a tué par deux fois. Et je crains qu’on ne le tue une troisième fois en en faisant un « joujou », c’est-à-dire en faisant une petite étude sur un petit bidule au lieu d’appliquer ce que l’on sait pour construire.

        Ces trois volets sont essentiels pour avoir une politique nucléaire cohérente, construite dans la durée. Ce n’est pas un hasard si je parle de construire dans la durée. Je songe au psychodrame délirant auquel nous avons assisté autour de la sûreté, avec la fusion annoncée de l’ASN et de l’IRSN. L’IRSN se prétendant plus indépendant que l’ASN[3] alors qu’un tiers de son budget est financé par EDF ! Cet épisode, décision tombée comme la foudre de Jupiter, est typique de ce qui se passe quand on ne pense pas la structure dans la durée. Difficile de faire plus stupide que la manière dont on a sabordé une bonne idée. La construction d’une autorité de sûreté indépendante qui en réfère à un Parlement, apte à analyser les rapports qu’on lui donne et capable de construire dans la durée, de donner confiance, est absolument indispensable.

        À vingt ou vingt-cinq ans nos techniciens et nos ingénieurs choisissent une industrie qui a une vision à long terme. Nous devons être capables de leur donner ça. Je pense que c’est possible. Cela veut dire que nous devons réapprendre à construire mais aussi à piloter des chantiers. La meilleure manière de tuer une industrie est de ne rien construire pendant vingt ans, d’avoir une ingénierie en roue libre qui s’amuse dans son coin à faire des plans et qui finit par construire des niches pour chiens où le chien prendra la forme de la niche.

        Réapprendre à construire, réapprendre à piloter un chantier, c’est un des problèmes du nucléaire. »
        https://fondation-res-publica.org/2023/07/24/debat-final-116/

      • Félix GARCIA dit :

        PS : « Le ‘nouveau nucléaire’ : les enjeux de la relance »
        https://www.youtube.com/watch?v=VPkWLL_b3eE
        « Le nucléaire du futur : enjeux et perspectives »
        https://www.youtube.com/watch?v=iw0RVTEHmlc

      • Aymard de Ledonner dit :

        Les mines d’Uranium en activité au Niger sont soient déjà épuisées soit en passe de l’être. Il y a effectivement un énorme projet pour une nouvelle mine mais la rentabilité n’est pas là et c’est ce projet qui a plombé Areva.
        Manifestement Macron a fait une croix sur l’uranium du Niger et réoriente ses efforts vers l’Asie centrale.

  4. Félix GARCIA dit :

    « Et il a su être persuasif »
    Très bien.

    Pour ce qui est du développement économique des états du Sahel, ils devraient miser ensemble sur le fleuve Niger transport/fret fluvial, hinterlands …), afin, entre autres, de « désenclaver » ceux-ci.

    Pour ce qui est des conflits entre nomades et sédentaires, des conflits autour de l’eau, etc … :
    « Trognes dans l’agropastoralisme marocain, par Geneviève Michon »
    https://www.youtube.com/watch?v=A83z3mPmLCc
    « Bergers sculpteurs d’arbres du Haut Atlas, avec Mohamed Alifriqui »
    https://www.youtube.com/watch?v=TSsImY1DkzE
    « Le pâturage tournant dynamique agroforestier : cas pratique, Mathieu Bessière et Alain Canet »
    https://www.youtube.com/watch?v=sYxCjTD2QWc

    Concernant la santé :
    « Conférence d’octobre 2023 à Rabat au Maroc sur les futurs risques liés aux virus »
    https://www.youtube.com/watch?v=0ficErPBVWE

    Pour ce qui est de leurs états moribonds, alors là … à eux d’êtres à la hauteur … des hommes d’état …

  5. Rakam dit :

    Comme quoi tout s explique….le Barzoum,il veut tout mettre à plat dans le business, resultat ben ses potes lui retire le poste et les Français démocrate comme toujours en Afrique joue les pucelles, ben il y aurai mieux value la jouer fine et tendre acte du renouveau démocratique du Niger et conserver ses billes…

    • Mic dit :

      Renouveau démocratique !!!!! Je rigole quand ce fameux renouveau est un coup d’état !
      Vous avez une belle vision démocratique donc de la démocratie!

  6. Matou dit :

    Intéressant témoignage ! La France semble donc être le bouc émissaire. Pas vraiment étonnant dans le contexte. C’est aussi pour cela que je continue de m’interroger sur le bien fondé d’une non intervention pour déloger les putschistes dès le début, quoi qu’on en dise.

    • Roland Desparte dit :

      Cela était un risque à prendre immédiatement, après cela était trop tard. Macron a cru que la CDEAO allait faire le boulot, il s’est trompé… Et tous nos “amis“ étaient aux abonnés absents ; que les français de démer—– avec ce bourbier !

      • joe dit :

        Normal, ils attendaient que la France prenne les coups médiatiques. L’Afrique, même si des institutions démocratiques existent, est à des décennies d’être un continent vaguement stable. Surpopulation, juntes diverses et variées, corruption, réchauffement climatique…

    • Lockass dit :

      Ça risque d’embraser la situation. Le moindre dommage collatéral sera monté en épingle. Bref, c’est pas si simple.

    • EchoDelta dit :

      Un bon putsch est celui que l’on a organisé. Sinon on en est forcément une victime collatérale. Cela ne nous serait jamais arrivé il y a 40 ans.

  7. Fralipolipi dit :

    On le savait déjà, tout ceci n’a vraiment strictement rien à voir avec la lutte anti-djihadiste …
    Comme d’habitude, la population de ces pays saheliens est totalement manipulée pour les seuls bénéfices de quelques-uns, pas plus animés par de bons sentiments que leurs prédécesseurs (et même plutôt moins encore).
    Pauvre Afrique.
    .
    Pour illustration en clin d’oeil, en parallèle, après le coup d’état militaire au Gabon, les militaires ont eux aussi droit à la polygamie … enfin !
    https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/01/26/gabon-la-polygamie-etendue-aux-officiers-generaux-24391.html
    … enfin, juste pour les officiers généraux … car ce n’est pas pour le soldat du rang que l’on fait les révolutions.
    Faut pas déconner non plus ! (2nd degré)
    .
    Bref, qu’il est triste de voir cela.

  8. Momo dit :

    « Cependant, cela n’a pas empêché de constater une « distorsion » entre le président …, dont la vision pour … était « en décalage assez marqué avec le reste de la société ». Aussi s’est-il « progressivement coupé de la réalité du pays » »

    Merci à tous de nous signaler sans attendre le décollage de tout Noratlas rempli de Généraux 2s para, donc fascistes franquistes voire même LR ,qui prendrait un azimut vers la capitale.

  9. themistocles dit :

    Un classique des révoltes indigènes. Il est vrai qu’on en a un peu perdu l’habitude. De nos jours le tissus rouge et les outils en fer ne sont plus efficace pour négocier. La voiture de luxe et l’escort ukrainienne marchent mieux avec les chefs locaux mais ça reste limité.

  10. Courmaceul dit :

    Merci beaucoup pour cet article qui nous éclaire sur ce qui s’est réellement passé.

    A posteriori, je ricane en me souvenant des tirades anti-occidents sur le Mali et le Niger.

  11. Nimbus - parfois cumulo dit :

    Heureusement Monsieur Itté avait les nerfs assez solides pour rester prisonnier de fait dans son ambassade durant un mois. Ambassadeur de profil je pense très atypique puisque ayant gravi peu à peu les échelons de responsabilité des fonctionnaires du quai d’Orsay ; il est né à Bamako et a donc connu très tôt les joies et vicissitudes de la vie en Afrique, et puis d’ascendance basque, on est forcément plutôt résilient !

  12. Nike dit :

    Excellent article ! Enfin un déroulé crédible qui explique les tenants et aboutissants de cette affaire. Il serait bien de le donner à lire au Niger pour que la population sache ce que les dirigeants volent au peuple. Est-ce si difficile et si cher, d’organiser la diffusion de cette information ? De toute façon nous n’avons plus rien à défendre au Niger. Autant foutre un coup de pied dans la termitière !

  13. Vins dit :

    J’avais lu, mais je ne sais plus où, que la DGSE aurait prévenu les autorités quelques heures avant
    du putch en préparation. Vrai ou fake?

  14. convertor dit :

    Euh, il y avait trois suspects extérieurs : la Russie, la Chine, l’Algérie. Le peu de pétrole au Niger est connu depuis des lustres, la non-appétence de la Russie aussi (sur les marchés pétroliers mineurs comme celui-ci), les actions agit-prop russes aussi. Les deux suspects restants ne sont pas départagés amha par ces « révélations » tardives, ou plutôt retardées. Accuser la DGSE de n’avoir pas vu venir le coup est facile, parce qu’ils ne pourront se défendre que dans plusieurs années. Peut-être avaient-ils prévenus et peut-être que personne à Paris ne les a crus, ce qui crée une troisième équipe de « suspects ».
    Bref c’est toujours flou, toujours amha.

  15. dupain dit :

    Depuis que la France, entièrement téléguidée par Obama&Clinton, a mis le chaos en Libye, éparpillant armes, islamistes, flux de migrants, les autorités françaises ne sommes plus désirées en Afrique. Il faut assumer les erreurs

    • Momo dit :

      Ce n’est pas ‘le monde’ et sa culture du mensonge par omission, reprise par les media du service public, mais les news version Moscou sont tout aussi biaisées et consternantes de nullité.

    • rainbowknight dit :

      La France dit « c’est où l’ Afrique… »
      Le migrant africain dit « la France c’est là-bas.. »
      Dicton du quai d’Orsay

  16. Goose dit :

    «  »le double discours tenu par les certains États après le putsch. « Les États-Unis, pour garder leur base d’Agadez, ont placé la libération du président Bazoum et le retour à l’ordre constitutionnel au bas de leurs priorités. Certains pays européens n’ont d’ailleurs pas fait mieux » » »
    Double discours des Etats-Unis, donc forcément de l’Allemagne aussi.

  17. FUSCO dit :

    Une pensée pour tout le personnel chargé de la sécurité de l’ambassade. Une situation bien pourrie et qui peut basculer en un claquement de doigt. Et on compte les munitions dans ces cas là.
    Il faut un temps où, pour minimiser la gravité des événements, nos chers gouvernants maintenaient un dispositif bien en deçà des besoins.
    J’ai donné à BRAZZA en 98. Au bilan un gendarme français a perdu la vie en défendant la case de Gaulle, et les médias ici parlaient de « troubles » dans la capitale. Au bas mot, la croix rouge a chiffré à 12 000 morts locaux en une semaine, autant dire que dalle isn’t it ?…

  18. FUSCO dit :

    Désolé pour la faute de frappe. Dans mon précédant post je voulais dire « il fut un temps »

  19. Meillonnas dit :

    Avec Jacques Foccart la situation aurait été réglée en 48h. La grande époque, quoi ! Sortir de l’Afrique, pourquoi pas… Mais souvenons-nous que la présence de la France au Conseil de sécurité des Nations-Unies n’était justifiée au départ que par deux choses : 1. l’arme nucléaire et 2. notre « influence » en Afrique. Bref si nous sortons de l’Afrique, ce sera dans l’esprit de tous (Washington, Londres, Langley, etc.) une capitulation et par voie de conséquence un « déclassement » au niveau mondial. Bof ! diront les hommes politiques plus motivés par les affaires intérieures. Rappel : 75 candidats l’an dernier pour des postes dans une structure de l’Etat particulièrement sensible… tous recalés. Triste image en vérité de la France d’aujourd’hui !

    • Paul Bismuth dit :

      @ Meillonnas
      L’influence française en Afrique est finie, pour la fin de l’indépendance la dissuasion nucléaire française, c’est en cours…
      https://www.opex360.com/2024/02/15/pour-des-elus-europeens-la-dissuasion-nucleaire-francaise-pourrait-profiter-a-la-securite-de-lue/

    • Nimbus - parfois cumulo dit :

      « N’était justifiée au départ » que par :
      1/ puissance appartenant aux principaux vainqueurs de la 2° guerre mondiale
      2/ puissance représentant – éventuellement par « son empire » – une part importante de la population mondiale.
      Première réunion du conseil de sécurité de l’ONU : janvier 1946
      Premier essai nucléaire français : février 1960, 14 ans plus tard.
      Désolé d’avoir à vous contredire, mais l’argument du premier « club des puissances nucléaires » n’est intervenu que tardivement ! Merci de respecter l’Histoire…

      • PK dit :

        L’argument de la puissance nuke a contre-balancé la perte de l’empire de façon tout à fait opportuniste.

        En voulant dissoudre la dissuasion française dans l’Europe, nous perdrons automatiquement notre place au conseil de sécurité. C’est sans doute l’effet recherché par les Américains qui pilotent l’American Young Leader Macron. Même si on est totalement alignés aujourd’hui, il n’est pas exclu que cela puisse changer un jour. Les Américains ne veulent plus prendre de risques de connaître un second affront comme l’affaire irakienne.

        • Nimbus - parfois cumulo dit :

          Le risque de connaître un « second affront » ne me paraît pas un point considérable des relations USA-France… Vous faites de l’anti-américanisme le point central de vos modes de pensée politique et de défense, ce qui ne me paraît pas non plus vraiment opportun !
          Pour la représentation des populations mondiales, but humaniste de l’ONU, elle se fait lors des séances plénières, mais nous pouvons dire que le siège de la France au CS est aussi le porte-voix de l’espace francophone ( de moins en moins peut-être ) ou des autres pays européens… pour ceux qui l’accepteraient. Même si, évidemment, un siège au CS ne se partage pas.

  20. Alex Delalibre dit :

    Très intéressant, merci.

  21. Guilhom dit :

    allo issou c’est Manu.
    pour rappel une ambassade est un bout de territoire français.
    tu as 20 minutes pour rappeler tes gars sinon il en restera plus rien et j enverrai la légion.

  22. précision dit :

    Très intéressant de lire comment a été géré (et apparemment bien!) un tel épisode. Je suis assez fier de voir que la France a su se défendre contre une telle manœuvre sans utiliser la force létale. Mes hommages au président M., aux équipes françaises sur place et à leurs partenaires, ainsi peut être qu’au pragmatisme de nos adversaires du moment nigériens. Intéressant aussi qu’en France ces informations soient publiques.

  23. rainbowknight dit :

    Gestion calamiteuse de cette crise…
    Si la situation a culminé à ce point c’est bien en raison d’une prise de position affirmée de la France ( Palais de l’ Elysée) et de ses alliés de la CEDEAO…
    La suite, ici, nous est relatée et sans doute pas entièrement dévoilée… de vieux briscards à la manoeuvre c’est gage de sérénité..
    Bilan : France Go Home ! le drapeau sert de paillasson

  24. comtedeflandre dit :

    Ce n’est pas menacer qu’il aurait du faire mais le faire!! toujours pareil macron que de la gueule mais rien dans le falzar!
    il fallait leur tordre le bras comme on faisait avant! On est les boss ou on ne l’est pas! y a pas de demi mesure là bas!
    Maintenant c’est le foutoir et on est la risée de ces peuplades…

    • précision dit :

      Qu’ils (une partie du peuple) rient, c’est plutôt mieux qu’ils ne nous haïssent, non? Je ne crois pas que l’image du « boss » soit très populaire dans cette région. Surtout quand c’est nous hélas: ce n’est pas le rôle que revendique la France.

  25. JILI dit :

    Il n’y a pas que les Russes qui nous veulent du mal en Afrique et ailleurs. Nos chers alliés dont les USA et l’Italie ne nous ont fait aucun cadeau, et ne parlons même pas d’Israël, de l’Algérie etc. Surtout, je plains la population à qui, on a fait croire n’importe quoi à notre égard, et qui dans le temps va beaucoup souffrir, tout comme déjà là-bas les femmes sont vendus ou mariées jeunes, donc sans leur consentement. Il faut savoir qu’au titre de la maltraitance des femmes par ces mariages forcés et à très jeunes pour les femmes, le Mali est le pire où le premier au monde à agir de la sorte, et le Niger est le second, alors qui sont les »Salauds »?

    • précision dit :

      les mœurs sont plutôt un autre sujet. Et les occidentaux ont fait des efforts pour faire progresser les cultures vers un plus grand respect des personnes. Mais in fine c’est aux peuples de se prendre en main, pas à nous de l’imposer; l’effort d’incitation et d’éducation a été fait. Si Salaud il y a je crois que sur cette question nous n’avons pas grand chose à nous reprocher ni nous ni nos alliés.

    • PK dit :

      La morale n’a pas grand-chose à voir avec la real politik. On n’est pas en Afrique pour leur apprendre les bonnes mœurs : cela, c’était du temps de la colonisation et même cela, ça été raté, car la seule façon de leur apprendre notre moral aurait été de les christianiser, ce qu’a formellement interdit la République. On a donc fait que les choses à moitié, en leur donnant un avant-goût sans les moyens : le résultat est visible aujourd’hui (en Afrique et en France d’ailleurs, ce qui ne devrait interroger le péquin lambda).

  26. Guero dit :

    Il est clair que les chinois n’ont strictement aucun scrupule pour piller l’Afrique toujours en étroite collusion avec quelques politiques, militaires et autres mafieux introduits. il est clair que issoufou, grand scorpion. depuis des lustres, à tout manigance afin que le pétrole reste une affaire familiale juteuse pour des années encore. et les nigériens ivres de leur fierté nationaliste obscurantiste sont complètement manipulés. un jour mais lointain parce tout est fait pour sclérose l’information, l’éducation, ils vont se réveiller et les chinois ont intérêt à déguerpir

  27. Nimbus - parfois cumulo dit :

    Vous parlez d’un ambassadeur de 64 ans ; sa carrière est essentiellement derrière lui, de toute façon ! « Missa est » signifiant « le sacrifice est achevé », j’espère qu’il en sera ainsi pour lui, et que son dernier poste sera plus calme.
    N.B. Il faut être respectueux des patronymes, et s’abstenir de faire les plaisanteries faciles dont ils peuvent être l’objet. Respect dû au patronyme équivaut au respect de sa filiation, comme de sa propre personne !