Moldavie : Le centre d’information sur l’Otan a été victime d’un incendie présumé volontaire

Si elle parvient à atteindre ses objectifs en Ukraine, la Russie va-t-elle chercher à accroître son emprise sur la « république moldave du Dniestr », c’est à dire sur la Transnistrie, qui a fait sécession de la Moldavie en 1991 ? C’est ce que l’on redoute à Chisinau… D’autant plus que plusieurs déclarations de responsables russes le suggèrent…

Pour rappel, peu après avoir obtenu son indépendance de l’Union soviétique, la Moldavie fut confrontée à la sécession de la Transnistrie, majoritairement russophone. Ce qui donna lieu à un conflit qui prit fin avec l’intervention de l’armée russe et la signature d’un accord donnant une large autonomie à la région séparatiste. En outre, en échange de la « neutralité » de la Russie, Chisinau prit l’engagement de renoncer à tout rapprochement avec la Roumanie.

Depuis, ce conflit est « gelé ». Mais il suffirait d’un rien pour que les hostilités reprennent… D’ailleurs, la « république moldave du Dniestr » s’y prépare. Le 22 janvier, son président, Vadim Krasnosselski, a ainsi appelé le ministère de la Sécurité d’État et celui de la Défense à prendre leurs dispositions pour faire face à cette éventualité. « C’est pour aujourd’hui, tout de suite », a-t-il insisté.

Cela étant, alors qu’il existe un important courant pro-russe au sein de sa population, la Moldavie a amorcé un rapprochement avec l’Union européenne [des négociations en vue de son adhésion ont été ouvertes] et l’Otan.

En réalité, la Moldavie a noué des liens avec l’Otan dès les années 1990, en adhérant notamment au Conseil de coopération nord-atlantique, puis au Partenariat pour la paix [PPP]. Cette coopération s’est ensuite poursuivie avec l’adoption, en 2006, du premier plan d’action individuel pour le partenariat [IPAP].

Dans le même temps, un Centre d’information et de documentation sur l’Otan [CID Otan] a ouvert ses portes à Chisinau. Dans les faits, cette structure est une organisation non gouvernementale, à but non lucratif, dont la raison d’être est de promouvoir les « valeurs et les principes euro-atlantiques » et de soutenir la coopération entre la Moldavie et l’Alliance atlantique.

Or, le 8 février, en début de soirée, le CID Otan de Chisinau a été victime d’un incendie, a priori d’origine criminelle. En tout cas, c’est ce qu’ont affirmé ses responsables, via un communiqué.

« Nous avons le regret de vous informer que l’incendie qui a touché nos locaux le 8 février 2024 a été provoqué intentionnellement. Nous condamnons fermement cet acte de violence et sommes profondément préoccupés par ses conséquences », ont-ils en effet indiqué. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités compétentes pour enquêter sur cet incident et traduire les responsables en justice », ont-ils ajouté.

Pour le moment, seule l’ambassade des États-Unis en Moldavie a publié un bref communiqué via les réseaux sociaux pour « condamner fermement l’acte de violence commis contre le Centre d’information et de documentation de l’Otan ».

Cependant, si certaines sources ont affirmé qu’un cocktail molotov aurait été lancé contre la façade du bâtiment abritant le CID Otan, l’Inspection générale de la police moldave n’a pas encore confirmé le caractère intentionnel de cet incendie. Mais elle a indiqué que cette hypothèse allait être examinée de près lors de l’enquête qu’elle a ouverte.

Fire at the NATO Center in Chisinau. The fire was set intentionally, according to the US Embassy.
🇷🇴🇲🇩🇺🇸 pic.twitter.com/J8ykfxHjIL

— ultra steaua 🇷🇴💗🇲🇩💗🇺🇦💗🇵🇱💗🇧🇬💗🇮🇱 (@USteaua) February 9, 2024

À noter que le CID Otan est une structure distincte du bureau de liaison que l’Otan a inauguré à Chisinau en 2017, à la demande du gouvernement moldave, alors dirigé par le pro-européen Pavel Filip.

À l’époque, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, avait salué une « étape politiquement importante » visant à « renforcer la coopération avec l’Otan » et à « améliorer le soutien aux réformes engagées par le gouvernement moldave ». Mais cette initiative avait été vivement critiquée par Igor Dodon, qui était alors le président moldave en exercice. « Je me fiche de ce que les autres peuvent dire de l’extérieur. Je me préoccupe de la neutralité et de la sécurité des citoyens moldaves. Pour moi l’ouverture d’un tel bureau ne permettra pas la sécurité du peuple », avait-il dit.