Washington autorise Ankara à acquérir des F-16 Viper et des munitions pour 23 milliards de dollars

Après avoir fait mine de se tourner vers la Russie pour moderniser ses forces aériennes, puis évoqué son intérêt pour l’Eurofighter Typhoon, la Turquie va-t-elle enfin obtenir des F-16 Viper [la dernière version du chasseur-bombardier de Lockheed-Martin] afin de compenser son exclusion du programme F-35? Le président américain, Joe Biden, avait lié ce dossier à l’adhésion de la Suède à l’Otan, Ankara ayant en quelque sorte fait monter les enchères pour donner son feu vert.

Maintenant que ce dernier est acquis, après le vote du Parlement turc, le 23 janvier, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains dans le cadre de la procédure dite FMS [Foreign Military Sales], vient de publier un avis pour recommander au Congrès d’accepter la vente potentielle à Ankara de 40 F-16 Viper ainsi que celle de 79 kits de conversion pour les F-16 d’ancienne génération utilisés par la force aérienne turque pour un montant de 23 milliards de dollars.

Cette somme couvre également la fourniture d’un grande quantité de munitions, dont 401 missiles air-air AIM-9X Block II Sidewinder, 952 missiles AIM-120C-8 AMRAAM et 864 bombes GBU-39/B.

« La vente proposée permettra à la Turquie de renforcer et de moderniser sa flotte de F-16, dont les plus anciens approchent de leur fin de vie. Ces appareils neufs et rénovés lui fourniront une flotte d’avions de combat multirôles modernisés censés lui permettre d’assurer la défense de son espace aérien, de contribuer aux missions de l’Otan, de préserver la sécurité régionale, de défendre les alliés de l’Otan et de maintenir l’interopérabilité avec les États-Unis », a justifié la DSCA.

Reste à voir si de tels arguments vont convaincre le Congrès des États-Unis, où la vente de F-16 Viper à la Turquie est loin de faire l’unanimité. Certains élus ont régulièrement dénoncé l’attitude « belliqueuse » d’Ankara à l’égard de la Grèce ainsi que les opérations turques contre les Kurdes syriens, alliés des États-Unis dans le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh]. Cependant, l’influent sénateur Bob Menendez [démocrate], alors très hostile à l’idée de ce contrat potentiel, a récemment été contraint de démissionner de la présidence du comité des Affaires étrangères pour une affaire de corruption.

Cela étant, avant de publier un avis, la DSCA sonde le Congrès de manière informelle afin d’éviter un éventuel refus qui ferait mauvais effet. En avril, la Turquie avait été autorisée à moderniser a minima ses F-16 dans le cadre d’un contrat alors évalué 259 millions de dollars. Il s’agissait de mettre à niveau leur avionique, leur Système automatique d’évitement de collision au sol [AGCAS] et leur système multifonctionnel de distribution d’informations [MIDS BU II].

Pour rappel, le F-16 « Viper » dispose de la Liaison 16, d’un radar à antenne active [AESA] APG-83 SABR, d’un ordinateur de mission avancé, d’un Center Pedestal Display [affichage de suivi de terrain] et d’une connectivité améliorée. La Grèce a déjà été autorisée par les États-Unis à convertir 85 de ses F-16 à ce nouveau standard.

À noter que, en attendant le feu vert au sujet des F-16V, le ministère turc de la Défense a lancé le programme ÖZGÜR, lequel vise à moderniser des F-16 block 40/50 en les dotant d’un radar à antenne active MURAD AESA et d’un nouvel ordinateur de mission de conception locale.