L’Indonésie dit avoir annulé l’achat de 12 Mirage 2000-5 d’occasion auprès du Qatar

Le 9 janvier, le ministère indonésien de la Défense a confirmé la commande de dix-huit chasseurs-bombardiers Rafale F4 supplémentaires auprès de Dassault Aviation, portant ainsi à 42 le nombre d’appareils devant lui être livrés à partir de 2026. Cela étant, quelques jours plus tôt, faute de budget, il avait aussi annoncé son intention de différer l’achat de 12 Mirage 2000-5 d’occasion auprès du Qatar.

La reprise des avions de la Force aérienne de l’émir du Qatar [QEAF], pour un montant d’environ 680 millions d’euros, avait été annoncée en juin 2023, à l’issue de négociations ayant aussi impliqué la société française Défense Conseil International [DCI], E-Sytems Solutions, basée aux Émirats arabes unis, et le groupe tchèque Excalibur International, filiale du groupe d’armement Czechoslovak Group [CSG].

Pour la Force aérienne indonésienne [Tentara Nasional Indonesia – Angkatan Udara [TNI-AU], cet achat constituait une bonne opportunité étant donné que les Mirage 2000-5 de la QEAF avaient encore beaucoup de potentiel. En outre, il allait lui permettre de familiariser ses pilotes avec des avions de conception française et d’accélérer le retrait de ses Su-27/30 de conception russe, affectés par des problèmes récurrents de disponibilité.

Seulement, malgré les avantages qu’elle promettait, cette opération suscita des critiques. Pour certains, le montant de la facture – qui comprenait aussi le maintien en condition opérationnelle [MCO] – était trop élevé pour des avions anciens.

Candidat à la prochaine élection présidentielle [qui se tiendra le 14 février, ndlr], le ministre indonésien de la Défense, Prabowo Subianto, a été interpellé sur ce dossier par ses deux rivaux, lesquels n’ont pas manqué de le critiquer pour avoir conclu cet accord avec le Qatar.

Cependant, donné favori dans les sondages, le ministre indonésien est resté sur sa position, en expliquant que ces Mirage 2000-5 avaient suffisamment de potentiel pour rester opérationnels pendant au moins quinze ans et qu’ils étaient nécessaires dans l’attente des livraisons de nouveaux avions, dont les 42 Rafale et 24 F-15EX [ces derniers ont fait l’objet d’un protocole d’accord avec Boeing, en août].

L’affaire aurait pu en rester là… Sauf que, à quelques jours du scrutin, un article, intitulé « Indonesia Prabowo Subianto EU Corruption Investigation » et diffusé par le portail MSN, a répandu la rumeur selon laquelle M. Prabowo serait impliqué dans une affaire de corruption en lien avec l’achat des Mirage 2000-5 qatariens.

Il est ainsi question d’une enquête sur Excalibur International, ouverte par le Groupe d’États contre la corruption [GRECO], décrit comme relevant de l’Union européenne [UE] alors qu’il s’agit d’une structure du Conseil de l’Europe. Son entourage a immédiatement réagi en dénonçant de fausses informations et une tentative de manipulation… D’ailleurs, le papier en question n’est plus en ligne.

Cela étant, le porte-parole du ministère indonésien de la Défense, Dahnil Anzar Simanjuntak, a dû aller plus loin pour tordre le cou à la rumeur. Via un communiqué, il a en effet affirmé que l’achat des Mirage 2000-5 avait été finalement annulé… Et que, par conséquent, il ne pouvait y avoir la moindre suspicion de corruption à l’endroit de Prabowo Subianto.

« Il n’y a pas d’achat d’avions Mirage. Même s’il était prévu, il a été annulé […], ce qui signifie qu’il n’y a pas de contrat actif », a-t-il affirmé. Et d’expliquer que cette décision avait été prise pour des raisons budgétaires. À la place, « nous allons moderniser nos anciens avions afin de garantir le maintien de nos capacités aériennes », a-t-il dit.

Reste à voir si cette décision concernant l’achat de ces Mirage 2000-5 est vraiment définitive… ou si elle ne vise seulement qu’à éteindre les polémiques jusqu’à l’élection présidentielle…