Caracas lance un exercice militaire en réponse à l’arrivée d’un patrouilleur britannique au Guyana

Sa souveraineté sur l’Essequibo, vaste territoire dont il tire l’essentiel de sa vitalité économique, étant contestée par le Venezuela, le Guyana peut compter sur le soutien du Royaume-Uni, lequel lui avait accordé son indépendance en 1966, dans son différend territorial avec Caracas.

Cette semaine, le ministère britannique de la Défense [MoD] a annoncé qu’un patrouilleur de la Royal Navy participerait prochainement à des manoeuvres conjointes avec la marine guyanienne. « Le HMS Trent se rendra au Guyana, allié régional et partenaire du Commonwealth, plus tard ce mois-ci, dans le cadre d’une série d’engagements dans la région, à l’occasion de son déploiement dans l’Atlantique », a-t-il en effet expliqué.

Affichant 1800 tonnes de déplacement pour une longueur de 90,5 mètres, le HMS Trent est un navire faiblement armé, avec un canon Bushmaster de 30 mm et quatre mitrailleuses. Disposant d’une autonomie de 35 jours, il peut naviguer à la vitesse de 24 noeuds. Enfin, il emporte un hélicoptère Merlin et des drones aériens.

Même si un tel navire n’est pas taillé pour un engagement de « haute intensité » [sa mission principale consiste à lutter contre les trafics] et qu’il n’est pas prévu qu’il fasse escale à Georgetown, Caracas a vu dans l’annonce du MoD une « provocation ».

Aussi, alors que le HMS Trent est attendu dans les eaux guyaniennes ce 29 décembre, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a sonné le branle-bas de combat.

« J’ai ordonné aux Forces Armées nationales bolivariennes [vénézuéliennes, ndlr] dans les Caraïbes orientales, une action conjointe de nature défensive, en réponse à la provocation et à la menace du Royaume-Uni contre la paix et la souveraineté de notre pays », a-t-il en effet déclaré, le 28 décembre, lors d’une émission télévisée.

Selon les précisions qu’il a données, cette « action de nature défensive » mobilisera environ 5600 militaires ainsi que des patrouilleurs et des avions de combat, dont des F-16 et des Su-30. Et cela dans le cadre de l’exercice « général Domingo Antonio Sifontes 2023 ».

Le choix de ce nom pour ces manoeuvres militaires ne doit évidemment rien au hasard : le général Sifontes tint un rôle déterminant lors de « l’incident de Cuyuni », au cours duquel l’armée vénézuélienne prit l’avantage sur des policiers britanniques qui avaient pris possession d’une poste qu’elle avait abandonné à la frontière de l’Essequibo.

En outre, via un communiqué, le gouvernement vénézuélien a dit « rejeter catégoriquement » l’arrivée du patrouilleur britannique, laquelle constitue à ses yeux un « acte de provocation hostile ». Aussi, il « exhorte les autorités guyaniennes à prendre des mesures immédiates pour le retrait du HMS Trent et s’abstenir de continuer à impliquer des puissances militaires dans le différend territorial » concernant l’Essequibo.

De son côté, le Guyana a, en quelque sorte, invité les autorités vénézuéliennes à se « détendre ».

« Nous n’avons aucun plan pour prendre des mesures offensives contre le Venezuela […] Nous n’avons pas l’intention d’envahir le Venezuela. Le président Maduro le sait et ne doit pas s’inquiéter », a en effet réagi Bharrat Jagdeo, le vice-président guyanien. Et de préciser que la venue du HMS Trent était prévue depuis longtemps.