Mme Parly espère franchir bientôt une « étape significative » pour le projet d’avion de combat franco-allemand

Alors qu’elle allait recevoir Ursula von der Leyen, son homologue allemande, la ministre des Armées, Florence Parly, a confié à la Tribune qu’elle était « confiante dans le fait que nous allons pouvoir continuer à avancer avec les Allemands sur le programme SCAF [Système de combat aérien futur] », qui vise à développer un nouvel avion de combat censé remplacer le Rafale et l’Eurofighter à l’horizon 2040. Et de préciser que « les discussions sont actives » et qu’une « première étape significative » pourrait se « matérialiser » lors du prochain salon aéronautique de Berlin (ILA), fin avril.

Pourtant, lors d’une récente audition devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le Délégué général pour l’armement (DGA), Joël Barre, avait indiqué avoir proposé à la partie allemande de participer à une « étude technico-opérationnelle de définition du système de combat aérien du futur » menée au centre d’analyse technico-opérationnel de défense (CATOD) d’Arcueil. « Nous leur avons indiqué très précisément quel était le contenu de l’étude, la façon dont nous voulions la mener et la manière dont nous pouvions nous associer », avait-il dit. Seulement, lors de son passage devant les députés [le 15 février, ndlr], Berlin n’avait pas encore donné de réponse.

« L’étape significative » évoquée par Mme Parly consite à se mettre d’accord un « High Level Command Operational Requirement Document » (HLCORD), c’est à dire une sorte de cahier des charges qui fixe les exigences opérationnelles attendues de ce nouvel avion de combat franco-allemand.

Sachant que la France a besoin d’un appareil ayant une capacité nucléaire et pouvant opérer depuis un porte-avions, le contenu de ce HLCORD sera donc déterminant. D’autant plus que, pour avancer sur certains sujets, Paris a l’habitude de faire des concessions, comme cela a été le cas pour le projet de drone européen MALE RPAS, pour lequel Berlin a obtenu le principe d’une double motorisation…

« Il faudra ensuite décliner le volet industriel de cet ambitieux projet qui structurera les forces aériennes allemande et française à l’horizon 2040 », a précisé le ministère des Armées.

« Les industriels travaillent bien ensemble également. Maintenant il faut assurer la convergence des deux processus », a affirmé Mme Parly, dans son entretien donné à La Tribune. Sur ce point, l’enjeu est de savoir qui dirigera le projet. Airbus Defence & Space a posé des jalons… Et Dassault Aviation fort de la légimité que lui donnent son histoire et ses succès dans le domaine de l’aviation de combat, est ouvert à une coopération, à la condition d’en assurer le leadership. Conduire un programme à 50-50, a expliqué Éric Trappier, son Pdg, revient à installer deux volants dans une voiture… Ce qui est le meilleur moyen d’aller dans le fossé. Et  » Ce n’est pas parce que les Allemands peuvent mettre un peu plus d’argent qu’ils sont compétents », fait-il aussi valoir.

Par ailleurs, Mme Parly ne souhaite pas, pour le moment, ouvrir ce programme à d’autres partenaires, comme le Royaume-Uni, avec lequel la France collabore sur le volet « drone de combat » du SCAF (et avec lequel elle a connu, par le passé, des succès, avec le Concorde dans le secteur civil et le SEPECAT Jaguar dans le domaine militaire).

« Pour ce qui concerne l’élargissement éventuel de ce projet à d’autres partenaires, il faut évidemment ne pas l’exclure mais il y a un temps pour tout. Aujourd’hui la priorité, c’est que le socle franco-allemand soit bien solide avant de commencer à s’ouvrir à d’autres partenaires », a en effet expliqué la ministre. Et d’ajouter : « Nous devons poursuivre les travaux franco-britannique et nous verrons, lorsqu’ils auront atteint une maturité suffisante, s’ils peuvent être versés – ou non – au projet SCAF. Tout cela devra être négocié avec les Britanniques. »

Cela étant, le projet FCAS, comme l’avait indiqué la DGA la semaine passée, est en train d’évoluer. « Nous y travaillons activement et les choses avancent. Nous sommes en train de définir un certain nombre de briques technologiques qui sont très précisément identifiées et qui vont nous permettre de poursuivre ce projet sur un périmètre différent que celui défini auparavant », a confirmé Mme Parly, pour qui « tout ce que nous faisons avec les Britanniques comme avec les Allemands, sera extrêmement utile à la feuille de route sur l’aviation du futur. »

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