Le Pérou se tourne vers la Corée du Sud pour moderniser ses forces navales

En 2020, malgré des relations historiquement très compliquées en raison de plusieurs différends territoriaux, le Pérou, l’Équateur et le Chili s’étaient joints à la Colombie pour faire part de leur « ferme volonté de prendre des mesures pour prévenir, décourager et faire face conjointement aux activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée ». Même si elle n’avait pas été citée dans cette déclaration, la Chine était visée, ses imposantes flottilles de chalutiers étant régulièrement repérées dans les zones économiques exclusives de ces pays d’Amérique du Sud.

Pour autant, les gouvernements chilien, péruvien et équatorien semblent désormais s’en accommoder même si, en 2023, selon le centre français d’analyse et d’évaluation de la situation de sûreté maritime [MICA Center], la plupart des 171 cas de pêche illégale ont été recensés dans la zone frontalière maritime entre l’Équateur et le Pérou.

La question peut en effet se poser. La Chine est le principal partenaire commercial du Chili, avec 31,7 % des échanges commerciaux [38,8 % des exportations et 24,6 % des importations en 2023] et elle a signé un accord de libre échange avec l’Équateur. Même chose avec le Pérou, où, par ailleurs, le groupe chinois Cosco Shipping est en train de construire un port en eaux profondes à Chancay qui, situé à 80 km au nord de Lima, est appelé à devenir la « porte d’entrée de l’Asie » en Amérique du Sud.

Quoi qu’il en soit, ce rapprochement entre Pékin et Lima se fait surtout sur le terrain économique. S’agissant du renouvellement de ses capacités militaires, le Pérou préfère encore se tourner vers d’autres partenaires, comme la Corée du Sud, comme ce sera le cas pour la modernisation de ses forces navales [Marina de Guerra del Perú].

Bien que relativement importante, avec une vingtaine de navires [dont six sous-marins Type 209/1200 de facture allemande, six corvettes fournies par la France, sept patrouilleurs hauturiers et huit frégates], la flotte péruvienne est vieillissante, la moyenne d’âge de ses bâtiments étant d’environ 40 ans. Et le transfert récent de deux corvettes sud-coréennes appartenant à la classe Pohang ne l’a pas fait baisser… D’où le programme que la marine péruvienne vient de confier au sud-coréen HD Hyundai Heavy Industries [HD HHI], en s’appuyant sur le chantier naval public SIMA [Servicios Industriales de la Marina], qui est l’un des plus importants en Amérique latine.

Ainsi, la semaine passée, HD HHI a indiqué qu’il venait d’être choisi par Lima pour être le « partenaire stratégique » de SIMA afin de livrer à la marine péruvienne une frégate basée sur le modèle HDF-3200, un patrouilleur hauturier de type HDP-2200 et deux navires de débarquement de 1500 tonnes. La valeur de ce contrat, qui sera officiellement signé en avril, s’élève à près de 463 millions de dollars. Il ne s’agit là que d’un début car il est question de commander ultérieurement au moins 11 navires de plus [dont cinq frégates et quatre patrouilleurs].

Pour le groupe sud-coréen, ce contrat est sans doute la clé qui lui permettra de prendre pied en Amérique du Sud. « Il y a de nombreux navires vieillissants dans la région et la demande pour les remplacer augmente. Cette commande constitue une opportunité pour développer les exportations vers d’autres pays sud-américains », a-t-il fait valoir, dans un communiqué.

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14 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    Nadie puede robar nuestro pescado !
    Defenderemos nuestro derecho a comer ceviche (que inventimos, por supuesto ! ^^) !
    🙂

  2. Félix GARCIA dit :

    HS : « Who Defeated China’s Invasion of Guam? (ft. Templin Institute) »
    https://www.youtube.com/watch?v=CrLfZy7m4ac

  3. LEONARD dit :

    Asie toujours et actualité: La Chine a de nouvelles revendications maritimes:
    https://twitter.com/TheresaAFallon/status/1774813759959117966

  4. L’expert dit :

    Bon, ces barquasses, c’est pas le Pérou, m’enfin ça devrait faire l’affaire pour la patrouille côtière au large des Galápagos.
    Bravo aux équipes pour ce choix judicieux, que nous approuvons sans réserve.

  5. Roland Desparte dit :

    HYUNDAI HEAVY INDUSTRIES est représenté en France par sa filiale implantée à Neuilly-sur-Seine.
    Selon le document de présentation de l’entreprise (lien ci-dessous), Hyundai Heavy Industries (HHI) est une entreprise de l’industrie lourde composée de 4 unités : Construction navale, navires spéciaux, offshore et machines.
    HHI propose la construction de plusieurs types de navires militaires : le destroyer, la frégate, le sous-marin, le navire de soutien logistique (Toute la gamme est listée dans le doc).
    Par ailleurs, côté civil, HHI propose des navires complexes à haute valeur technologique, des porte-conteneurs géants, des méthaniers, des navires de forage, ainsi que des unités flottantes de production, de stockage et de traitement des hydrocarbures, des moteurs et des hélices…
    Depuis 1985, le groupe HHI est classé premier constructeur naval sur la base du nombre de navires construits par an, et a maintenu sa position de leader sur le marché mondial de la construction navale. En 2015, HHI a de nouveau acquis la plus haute réputation avec pour la première fois au monde la livraison de 2 000 navires aux armateurs du monde entier.
    HHI est le premier constructeur de bateaux au monde !
    Un moteur de bateau sur trois vendus dans le monde sort des usines HHI !
    A Ulsan, on produit un navire tous les cinq jours !
    HHI exploite 10 cales sèches et 1 élévateur à navires équipé de 10 Grues Goliath, des portiques colossaux capables de soulever des blocs de 1.600 tonnes, et des installations modernes à Ulsan, au carrefour de trois mers, la mer du Japon, la mer de Chine, la mer jaune.
    https://english.hhi.co.kr/img/filedown/speclal_NSD2023.pdf
    Une particularité : “HHI est la première entreprise à construire aussi des bateaux sur terre ferme (sans cale sèche), dans des hangars protégés, ce qui permet d’accepter davantage de commandes, même quand toutes les cales sèches sont déjà occupées par des navires en chantier. La méthode est aussi utilisée pour les plateformes offshores : le bâtiment est entièrement assemblé sur quai puis glisse sur un système de coussins d’air, poussé par d’énormes vérins hydrauliques. “
    Un concurrent sérieux pour Naval Group, d’une qualité reconnue avec certainement un coût de main d’œuvre moindre au “pays du Matin calme“…