L’armée de Terre va créer le statut de « volontaire découverte » à l’occasion des Jeux Olympiques

L’an passé, l’armée de Terre n’a pas atteint ses objectifs en matière de recrutement, avec environ 2000 postes n’ayant pas trouvé preneur, notamment parmi les militaires du rang, contrairement à la Marine nationale ainsi qu’à l’armée de l’Air & de l’Espace.

Évoquant un « trou d’air », son chef d’état-major, le général Pierre Schill avait expliqué, en octobre dernier, qu’il fallait déterminer si cette tendance était « structurelle », c’est à dire causée par un « vivier » de candidats à un engagement réduit, ou « conjoncturelle » car liée à un « contre-coup du covid », avec des jeunes ayant « souffert des confinements peut-être plus qu’on ne l’imaginait au départ ».

En outre, le général Schill avait annoncé plusieurs mesures, dont un changement de ton dans les campagnes de communication de l’armée de Terre, un renforcement de la chaîne de recrutement avec 380 postes de plus et une adaptation des processus de sélection. De telles actions seront-elles suffisantes ?

En attendant, l’armée de Terre devra trouver les ressources nécessaires pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques de Paris, à partir de juillet prochain. Plus les semaines passent et plus il apparaît que son implication sera importante. Ainsi, en novembre, le gouverneur militaire de Paris avait annoncé que 10’000 militaires seraient mobilisés pour sécuriser les sites sportifs en Île-de-France. Deux mois plus tard, il était question d’en solliciter deux fois plus.

« Les Jeux olympiques seront un moment extrêmement important pour notre pays. Ce moment important, les armées y seront, et on aura presque 20’000 hommes des armées et de l’armée de Terre déployés à ce moment-là », a en effet avancé le général Schill, le 17 janvier.

Même si l’armée de Terre ne sera pas la seule sollicitée [l’armée de l’Air & de l’Espace assurera la surveillance aérienne de l’évènement], cela veut dire que la Force opérationnelle terrestre [FOT] aura à engager environ 25 % de son effectif durant le mois olympique [elle compte 77’000 hommes, ndlr]. D’où le projet de créer le statut de « volontaire découverte de l’armée de Terre » [VDAT].

Cette « nouvelle forme d’engagement », explique la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT], fera l’objet d’une expérimentation « au cours de l’été 2024 », c’est à dire « pendant la période olympique et paralympique de Paris ». Il s’agit ainsi de recruter, sous statut militaire, de « jeunes Français majeurs [âgés de 18 à 26 ans, ndlr], filles et garçons » pour une durée de seulement quatre mois, l’idée étant de leur permettre de « découvrir l’armée de Terre de l’intérieur ».

« Après une formation militaire initiale adaptée, complétée par un entraînement ciblé au sein d’une unité opérationnelle, une centaine de jeunes volontaires sera déployée en région parisienne et intégrée dans des missions à la fois variées et exaltantes. Celles-ci s’effectueront essentiellement dans l’environnement des JOP24 et pourront comprendre la participation à la sécurisation de sites militaires, à des cérémonies officielles [comme la participation au défilé du 14 juillet à Paris et à la remise des médailles olympiques], voire au dispositif Sentinelle », précise la DRHAT.

Sur son site dédié au recrutement, l’armée de Terre indique que, « nourris, logés et blanchis », ces VDAT percevront une solde de base de 790 euros nets par mois, celle-ci pouvant être « complémentée par des indemnités relatives à un engagement opérationnel », soit environ 1000 euros nets par mois supplémentaires. En outre, ils pourront « prétendre comme tous les militaires aux distinctions associées au service accompli [médaille de la défense nationale, médaille de la protection militaire du territoire, etc.].

À la fin de leur contrat « découverte », les volontaires pourront, s’ils le souhaitent, rejoindre la réserve opérationnelle ou s’engager dans l’active.

« Le fait d’avoir participé à cette mission leur offrira également certaines opportunités, comme par exemple la priorité accordée dans le choix du régiment d’affectation en cas de souscription d’un contrat [d’active ou de réserve] », précise l’armée de Terre.

Cette expérimentation n’est sans doute pas sans lien avec une proposition avancée par le général Schill en 2022. À l’époque, il avait émis l’idée de recruter 10’000 jeunes par an dans le cadre d’un « service de six mois », lequel « servirait d’instrument pour augmenter les effectifs de la réserve ».

Photo : armée de Terre