La Hongrie va acquérir 4 avions Gripen de plus et ratifier l’entrée de la Suède au sein de l’Otan

Au regard de ses griefs à l’égard de Stockholm, notamment au sujet de l’asile donné aux membres du Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK, considéré comme terroriste], et de l’opposition d’une partie du Congrès des États-Unis à son projet d’acquérir des chasseurs-bombardiers F-16 Viper, on aurait pu penser que la Turquie allait être le dernier pays à donner son accord à l’adhésion de la Suède à l’Otan… Or, cela n’a pas été le cas, la Hongrie s’étant avérée plus coriace à convaincre.

Pourtant, la Suède et la Hongrie cultivaient jusqu’ici de bonnes relations dans le domaine militaire. Ainsi, au début des années 2000, le ministère hongrois de la Défense signa un accord avec le constructeur suédois Saab en vue d’acquérir 14 avions de combat Gripen C/D, via un crédit-bail d’une valeur de 555 millions d’euros. Contrat qui fut par la suite reconduit jusqu’en 2026.

Seulement, le gouvernement hongrois, emmené par le conservateur Viktor Orban, n’a pas apprécié ce qu’il a qualifié de « politique de dénigrement » de la Suède à son égard. À plusieurs reprises, il a dénoncé « l’attitude ouvertement hostile » de responsables suédois, par ailleurs accusés « d’user de leur influence politique » à Bruxelles « pour porter atteinte aux intérêts » de la Hongrie.

« Nous estimons nécessaire de dissiper les malentendus avec la Suède avant de pouvoir procéder » au vote sur son adhésion à l’Otan, avait affirmé Zoltan Kovacs, le porte-parole du gouvernement hongrois, en mars 2023.

En janvier, M. Orban a invité son homologue suédois, Ulf Kristersson, à venir en Hongrie afin de « bâtir une solide confiance mutuelle » via « un dialogue politique plus intense ». Mais l’intéressé a décliné cette invitation. « Je ne vois pas de raison pour négocier d’aujourd’hui », a-t-il répondu, avant de se dire prêt à « des discussions », en particulier en matière de « coopération militaire ».

Quoi qu’il en soit, la Hongrie ne devrait plus tarder à ratifier l’adhésion de la Suède à l’Otan. C’est en effet ce qu’a dit M. Orban, assurant qu’il avait finalement réussi à « rétablir la confiance » avec M. Kristersson. Et pour sceller cette réconciliation, Budapest va commander quatre Gripen C/D supplémentaires.

« La Hongrie achètera les avions et étendra un contrat logistique connexe », a en effet déclaré M. Orban, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre suédois, ce 23 février. « Cela signifie que notre engagement envers l’Otan se renforcera et que notre participation aux opérations conjointes de l’Otan se développera également », a-t-il continué. Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous sommes d’accord pour coopérer dans la mesure du possible ».

Plus précisément, il s’agit d’un avenant au contrat signé en 2001. Au total, la force aérienne hongroise possédera 16 Gripen C/D [voire 18 si deux perdus en 2015 ont été remplacés, ndlr].

« Avec le Gripen, la Hongrie dispose de l’une des forces aériennes les plus performantes d’Europe. Nous sommes impatients de poursuivre notre étroite collaboration avec l’industrie de la défense et le gouvernement hongrois », a commenté Micael Johansson, le PDG de Saab.

Outre les quatre Gripen supplémentaires, le ministère hongrois de la Défense et l’industriel suédois se sont mis d’accord sur l’ouverture d’un « centre d’excellence » ainsi que sur un « programme de formation à la maintenance aéronautique soutenu par l’intelligence artificielle ».

Photo : Ministère hongrois de la Défense