Une étude sur la rénovation à mi-vie du missile de croisière naval a été confiée à MBDA

En décembre 2016, la Direction générale de l’armement [DGA] française et la Defence, Equipment & Support [DE & S] britannique notifièrent à MBDA le programme de rénovation à mi-vie du missile de croisière air-sol SCALP EG [Système de croisière conventionnel autonome à longue portée, encore appelé « Storm Shadow » outre-Manche]. Et cela alors que la Marine nationale s’apprêtait à mettre en service, à bord de la frégate multimissions « Provence », le missile de croisière naval [MdCN] qui en est dérivé.

La première utilisation opérationnelle du MdCN [aussi appelé « SCALP Naval », ndlr] eut lieu en avril 2018, lors de l’opération Hamilton, menée conjointement avec les forces britanniques et américaines en réponse aux attaques chimiques du régime syrien. Seulement, trois missiles furent lancés [par la FREMM Languedoc] sur les six prévus initialement, la FREMM Aquitaine ayant connu des « aléas techniques » au moment de tirer les siens.

Dans un rapport publié quelques mois plus tard, le député Jacques Marilossian leva partiellement le voile sur le retour d’expérience [RETEX] de l’opération Hamilton. Et de préciser qu’une des leçons tirées était « d’ordre technique », les « dispositifs matériels de mise en œuvre des MDCN pouvant être améliorés ». En outre, il avait aussi évoqué des « enjeux doctrinaux », portant notamment sur la capacité à opérer dans des zones dotées de moyens d’interdiction et de déni d’accès [A2/AD].

« Hamilton a opéré en zone A2/AD ennemie, et les possesseurs de ces moyens de défense avaient pour certains annoncé qu’ils les emploieraient », avait-t-il en effet souligné.

Ce RETEX sera certainement pris en compte lors de la rénovation à mi-vie du MdCN. En effet, la DGA vient de confier une étude à MBDA en vue de préparer les améliorations de ce missile qui doit également équiper les nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] de la classe Suffren.

Appelée ERMIN [pour Étude de la Rénovation à mi-vie du Missile de croisière Naval], celle-ci vient de faire l’objet d’un contrat d’une valeur de 11,3 millions d’euros, selon un avis d’attribution de marché publié par le journal officiel de l’Union européenne. Aucun détail ne figure sur ce document.

Cela étant, cette rénovation à mi-vie du MdCN n’intéresse pas seulement la Marine nationale. En effet, il a été rapporté, l’an passé, que l’Italie envisageait d’en doter la Marina Militare. Ce qui a ensuite été confirmé par le Document Programmatique Pluriannuel 2023-2025 du ministère italien de la Défense. « Il est nécessaire d’acquérir une capacité d’engagement à longue portée, qui pourrait reposer, à court terme, sur des systèmes déjà existants, comme le Missile de croisière naval français, autrement connu sous le nom de SCALP Naval », peut-on y lire.

Pour rappel, propulsé par un turboréacteur à simple flux Microturbo TR 50, le MdCN affiche une masse au lancement de 2 tonnes pour une longueur de 7 mètres. D’une portée d’environ 1000 km, il dispose d’un système de navigation inertielle [pouvant être « recalé » en vol] et d’un dispositif GPS. Le guidage terminal se fait grâce à un autodirecteur infrarouge ou sur coordonnées.