Otan : Les pays baltes vont établir une « ligne défensive » face à la Russie et à la Biélorussie

Réduit national en Suisse, Ligne Maginot en France, ligne Beneš en ex-Tchécoslovaquie, Ligne Siegfried en Allemagne ou encore Mur alpin en Italie… L’idée d’établir un réseau de casemates et de fortifications aux frontières afin de dissuader une éventuelle invasion était à la mode avant la Seconde Guerre Mondiale. Et le moins que l’on puisse dire est que sa pertinence aura été… discutable.

Par la suite, la Suisse dissémina des casemates sur l’ensemble de son territoire [à noter que l’Albanie en fit autant, ndlr]… Mais avec la fin de la Guerre Froide, elle changea de stratégie de défense et mit en vente ses installations militaires désormais désaffectées à partir des années 1990.

Seulement, avec l’évolution du contexte sécuritaire en Europe, Berne a de nouveau changé son fusil d’épaule : les 1500 ouvrages souterrains qui étaient encore sur le marché il y a peu ne sont maintenant plus à vendre. « Les ouvrages lance-mines de forteresse pourraient encore être utiles dans un conflit armé, si ce n’est comme moyen d’appui de feu indirect, du moins comme installation militaire à d’autres fins », a en effet expliqué l’armée suisse, dans un rapport évoqué par la RTS.

Quoi qu’il en soit, les stratégies de défense imaginées dans les années 1930 ont repris de la vigueur. En effet, le 19 janvier, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont signé un accord afin d’établir une ligne de défense le long de leurs frontières avec la Russie et la Biélorussie. Il s’agira ainsi de construire des « installations défensives anti-mobilité dans les années à venir afin de dissuader et, si nécessaire, de se défendre contre les menaces militaires », ont expliqué les trois États baltes.

Pour le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur, la « construction d’installations défensives anti-mobilité est un projet soigneusement étudié et réfléchi, dont la nécessité découle de la situation de sécurité actuelle ». Et d’ajouter : « La guerre menée par la Russie en Ukraine a montré qu’en plus des équipements, des munitions et des hommes, des installations défensives physiques à la frontière sont également nécessaires » pour se défendre « dès le premier mètre ».

Il s’agira d’une « ligne de défense balte pour défendre le flanc oriental de l’Otan et priver nos adversaires de leur liberté de mouvement », a fait valoir Andris Spruds, le ministre letton de la Défense, via X [anciennement Twitter].

Very productive and practical meeting with my Baltic colleagues @a_anusauskas and @HPevkur. The Baltic states will continue to support Ukraine militarily with training, equipment and through our drone, IT and demining coalitions.

We will establish the Baltic Defence Line to… pic.twitter.com/JtBZECHROq

— Andris Spruds (@AndrisSpruds) January 19, 2024

Ce concept d’installations « défensives » repose sur des décisions prises lors du sommet de l’Otan organisé à Madrid en 2022 et « allie prévention et mesures de sécurité sur le terrain », précise un communiqué du ministère estonien de la Défense.

« Des éléments sur le terrain [soutiendront] les activités des unités de défense […] afin d’arrêter les forces de l’agresseur si nécessaire » et ils seront « positionnés dans le paysage en tenant compte des résultats de l’analyse des intentions de l’ennemi, de l’environnement et du plan de défense. Les pays baltes constituent une zone d’opérations et les installations de défense seront donc construites en coordination avec la Lettonie et la Lituanie », poursuit ce texte, sans livrer plus de détails, si ce n’est une illustration donnant une idée du type des fortifications envisagées [voir ci-dessus]

Par ailleurs, les trois États baltes sont signé une lettre d’intention visant à mettre en place un « cadre pour l’utilisation conjointe » des systèmes d’artillerie M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] qu’ils ont commandés chacun auprès des États-Unis.

Illustration : Ministère estonien de la Défense