Les États-Unis vont vendre 246 missiles antichars FGM-148F « Javelin » au Kosovo

Affaire des plaques minéralogiques, impossibilité pour le patriarche de l’Eglise orthodoxe serbe, Porphyre, de se rendre au monastère patriarcal de Peć, élections locales contestées, intervention des forces spéciales de la police kosovare pour installer des élus albanophones contestés à la tête de localités majoritairement serbes… Ces derniers mois ont été marqués par de vives tensions entre la population serbe établie dans le nord du Kosovo et les autorités de Pristina. Ce qui, à plusieurs reprises, a conduit Belgrade à mobiliser ses troupes le long de la frontière avec son ancienne province.

En septembre, une embuscade tendue par des hommes armés à une patrouille de la police kosovare, près du village de Banjska, mit de nouveau le feu aux poudres, Pristina ayant dénoncé une « attaque contre le Kosovo ». L’instigateur de cet attaque, Milan Radojicic, un haut responsable du parti serbe local Srpska Lista, en revendiqua la responsabilité, en assurant avoir agi à l’insu de Belgrade, qui, encore une fois, venait de mettre ses troupes en alerte.

« Nous voyons un important déploiement militaire serbe le long de la frontière avec le Kosovo », avec la mise en place « sans précédent » de pièces d’artillerie, de chars et d’unités d’infanterie, avait affirmé John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, le 29 septembre.

De son côté, la force de l’Otan au Kosovo [KFOR], dont la mission principale vise à « instaurer un environnement sûr » et à « veiller au maintien de la sécurité et de l’ordre public », fit savoir qu’elle renforcerait son dispositif.

Par la suite, les fouilles menées dans les environs de Banjska permirent de découvrir d’importantes caches d’armes et de munitions, dont quarante lance-roquettes antichars, 200 lance-grenades, des dizaines de fusils automatiques, des mines, etc.

Pour autant, il n’y eut pas de suite à cette affaire. Mieux : la Serbie et le Kosovo se sont enfin mis d’accord sur leur contentieux concernant les plaques minéralogiques. Cependant, comme l’ont montré les évènements de ces derniers mois, le calme est précaire… Aussi, Pristina poursuit son projet de transformer la Force de sécurité du Kosovo [KSF] en une armée régulière… avec l’appui de la Turquie [qui lui a remis plusieurs véhicules de combat d’infanterie ACV-15, des MRAP Kirpi, des blindés légers Cobra et des drones TB-2 Bayraktar].

Bien que contestée par Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, car elle pourrait « compromettre le dialogue entre Belgrade et Pristina mené avec la médiation de l’Union européenne », cette mue de la KSF en armée régulière est aussi encouragée par les États-Unis, comme le montre l’avis que vient de publier la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains via le dispositif FMS [Foreign Military Sales].

En effet, la DSCA a recommandé au Congrès d’accepter la vente au Kosovo de 246 missiles antichars FGM-148F « Javelin », avec 24 postes de tir, pour un montant estimé à 75 millions de dollars.

« Ce projet de vente soutiendra les objectifs de politique étrangère et de sécurité nationale des États-Unis en améliorant la sécurité d’un partenaire européen qui constitue une force importante pour la stabilité politique et économique en Europe », justifie la DSCA. Il « améliorera la capacité de défense à long terme du Kosovo pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale » et répondra « à ses besoins de défense nationale », poursuit-elle. Et de conclure : « Le Kosovo n’aura aucune difficulté à intégrer ces équipements dans ses forces armées ».

Le FGM-148F est la dernière version du Javelin, développée par Lockheed Martin et Raytheon Missiles and Defence sous le nom de « Spiral 2 ». Elle se distingue des précédentes par une capacité de pénétration plus importante, grâce à son ogive de type MPWH [Multi-Purpose Shaped Charge Warheads], un système de guidage et de contrôle amélioré et une meilleure résistance aux contre-mesures électroniques.