Les Vedettes de fusiliers marins sont-elles menacées?

La Direction générale de l’armement [DGA] se fait très discrète depuis quelques semaines, alors que plusieurs contrats importants, prévus par la Loi de finances 2023, aurait dû être notifiés. Sans doute l’ont-ils été et qu’ils feront prochainement l’objet d’une communication officielle… En attendant, et hormis la commande des sept premiers patrouilleurs océaniques, le dernier marché qu’elle a dit avoir passé portait sur l’achat de 103 véhicules sanitaires pour 10,8 millions d’euros.

Il n’en reste pas moins que certains programmes suscitent quelques interrogations. Tel est le cas des douze Vedettes de fusiliers marins [VFM], commandées en 2018 au chantier naval Ufast pour répondre aux besoins exprimés par la Force maritime des fusiliers marins et commandos [FORFUSCO]. Normalement, les deux premières unités auraient dû être livrées à la Marine nationale en 2019, les dix autres devant l’être au cours des deux années suivantes.

Mais ce programme a pris du retard. La première VFM fut mise à l’eau en septembre 2021, avec l’objectif de la livrer à la base navale de Brest à l’issue de ses essais en mer. Seulement, ceux-ci ne donnèrent pas totalement satisfaction, la DGA ayant demandé à l’industriel d’apporter des modifications, notamment au niveau de la protection du circuit d’alimentation en carburant des moteurs.

Finalement, la première unité, appelée « Bir Hakeim », fut déclarée bonne pour le service et livrée au bataillon de fusiliers marins « Amyot d’Inville », basé à Brest, en janvier 2023. Une seconde VFM, baptisée « Lafaux », fut discrètement remise à la Marine nationale en mars suivant. À l’époque, la DGA avait indiqué que les livraisons s’étaleraient jusqu’en 2025. Depuis, plus aucune nouvelle annonce n’a été faite au sujet de ce programme.

Selon le site spécialisé Le Marin, qui s’en est inquiété, une réunion entre Ufast et la DGA était prévue en décembre afin d’évoquer le sort des dix dernières VFM. Mais rien n’a filtré depuis. Alors que la base navale de Cherbourg attend toujours ses deux premières vedettes – « Flandres » et « Vosges » – la Presse de la Manche s’est s’interrogée à son tour. « Alors qu’un besoin opérationnel se fait sentir pour ce type d’embarcation, peu d’informations filtrent pour savoir où nous en sommes exactement. Autant dire que ces bâtiments ne sont pas près d’entrer en service », a récemment écrit ce quotidien.

D’après Le Marin, le contrat relatif aux VFM serait en réalité suspendu, dans l’attente d’une renégociation. Peut-il être abandonné en cours de route?

Pour rappel, affichant un déplacement de 15 tonnes et une longueur de 15 mètres, une VFM peut naviguer à une vitesse de 40 noeuds, grâce une propulsion hors-bord assurée par quatre moteurs de 350 cv. Embarquant un pilote, un navigateur et six fusiliers marins, elle est armée de mitrailleuses de 7,62 et de 12,7 mm, réparties selon deux postes de tirs blindés. Il est [ou était] question de la doter du missile Akeron MP. Ses missions consistent à escorter les unités « précieuses » de la Marine nationale ainsi qu’à surveiller et protéger les approches maritimes et les ports militaires.