Le Qatar autorise les forces américaines à utiliser la base Al Udeid pendant dix ans de plus

Ces dernières années, le Qatar a tenu un rôle déterminant dans plusieurs crises, comme en Afghanistan, où il a permis de maintenir le contact entre le mouvement taleb et les Occidentaux, notamment lors de l’évacuation de Kaboul, en août 2021. Plus récemment, il a servi de médiateur entre le Hamas [dont il accueille le chef, Ismail Haniyeh] et Israël, ce qui a permis d’établir un cessez-le-feu temporaire et d’obtenir un échange d’otages et de prisonniers.

Sans doute encore plus surprenant, l’émirat a même offert ses bons offices entre Washington et Caracas, ce qui a conduit, le 20 décembre, à la libération par le Venezuela de dix ressortissants américains contre la grâce d’Alex Saab, un proche de Nicolas Maduro, le président vénézuélien, alors poursuivi par les États-Unis.

Cela étant, le Qatar sait aussi se rendre indispensable sur le plan militaire. Depuis la fin des années 1990, dans le cadre d’un accord de défense conclu avec Doha à la suite de l’opération Tempête du Désert, les États-Unis utilisent la base aérienne d’al Udeid, construite en 1996 pour plus d’un milliard de dollars.

Son existence ayant été officiellement reconnue en 2002, al Udeid est la plus importante base américaine au Moyen-Orient, avec la capacité d’héberger 10’000 militaires. À ce titre, elle a tenu un rôle central pour les opérations aériennes menées par l’US Centcom [le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient] lors des interventions en Afghanistan et en Irak.

En décembre, lors d’une visite officielle à Doha, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a souligné la « solidité » des relations militaires entre les États-Unis et le Qatar. Et d’annoncer que celles-ci seraient prochainement « élargies et renforcées ».

Cependant, en raison de ses liens avec le Hamas, Doha n’a pas forcément bonne presse au Congrès. Le 16 octobre, 113 parlementaires ont ainsi demandé au président américain, Joe Biden, de « faire pression » sur les pays qui soutiennent l’organisation palestinienne, considérée comme terroriste par les États-Unis. Évidemment, le Qatar en faisait partie.

Au passage, les responsables qatariens ont répondu que ce n’est qu’à la demande de l’administration Obama que le Hamas avait été autorisé à ouvrir son bureau politique à Doha…

Quoi qu’il en soit, et comme il est inconcevable pour l’US Centcom de se passer des facilités offertes par le Qatar, un accord a été discrètement conclu pour lui permettre d’utiliser la base Al Udeid pendant au moins dix ans de plus. C’est ce qu’ont en effet confié quatre responsables américains auprès de CNN.

« L’accord, qui n’a pas été annoncé publiquement, met en évidence la dépendance de Washington à l’égard du petit pays du Golfe », souligne la chaîne de télévision américaine.

Cela étant, lors de sa visite à Doha, Lloyd Austin avait salué « l’engagement du Qatar à fournir des ressources significatives pour accroître les capacités de la base aérienne d’Al Udeid ». Et d’ajouter : « Notre forte présence ici rend notre partenariat de défense encore plus fort ».