La British Army a revu à la baisse les critères de sélection de ses futurs élèves officiers

Au Royaume-Uni, il n’est pas nécessaire d’être diplômé de l’enseignement supérieur ou de réussir un concours après deux années de classe préparatoire pour être admis à l’Académie royale militaire de Sandhurst [RMAS], qui forme les futurs officiers de la British Army depuis 1741. Cependant, le niveau « A-level » [équivalent du baccaulauréat] est requis.

« Lorsque nous recrutons des officiers, nous recherchons des qualités plutôt que des qualifications. Vous pouvez commencer une formation pour devenir officier dès que vous quittez l’école, à 18 ans. Vous aurez la chance d’obtenir un diplôme pendant votre service, avec l’avantage supplémentaire de gagner en même temps un bon salaire », explique en effet l’armée britannique à l’adresse de ses potentielles recrues.

Cela étant, sous réserve d’être médicalement apte et de satisfaire certaines exigences, un candidat à la RMAS doit passer devant l’Army Officer Selection Board [AOSB – Comité de sélection des officiers de l’armée] qui, pendant plusieurs jours, à Westbury, le soumettra à une batterie de tests afin d’évaluer notamment sa condition physique, sa culture générale et son aptitude au commandement. Des entretiens individuels et des exercices pratiques sont également au programme.

Seulement, ayant de la peine à recruter des élèves officiers, la British Army a assoupli ses critères de sélection pour intégrer l’Académie royale militaire de Sandhurst. En effet, la semaine passée, la presse britannique a rapporté que « certains candidats » n’ayant pas satisfait totalement aux évaluations de l’AOSB allaient finalement être retenus. Cependant, ils devront faire leurs preuves durant les 44 semaines de formation qu’ils suivront après leur incorporation.

Mais cette décision fait polémique outre-Manche, certains estimant qu’elle risque de « réduire les normes » de recrutement de la British Army. Tel est le cas du colonel Hamish de Bretton-Gordon

« Depuis des générations, les officiers de l’armée britannique sont considérés comme les meilleurs au monde. Ils ont tous dû passer devant l’AOSB. […] Aussi excellente que soit [la formation] à Sandhurst, réduire les normes est un pas en arrière qui vise à faire du chiffre », a-t-il pesté dans les pages du Daily Mail.

La British Army a reconnu qu’elle avait « révisé » sa méthodologie pour la sélection de ses futurs élèves officiers. Et cela, a confié une source de la défense britannique au Telegraph, afin de permettre à l’AOSB d’évaluer « objectivement des candidats talentueux qui, autrement, n’auraient pas été retenus ».

« Nous reconnaissons que le recrutement est actuellement difficile, mais nous examinons régulièrement la façon dont nous pouvons maximiser l’immense vivier de talents qui postulent pour rejoindre » la British Army, a-t-elle confié.

Pour le colonel de Bretton-Gordon, le problème ne vient pas de critères trop restrictifs… mais de la bureaucratie du ministère britannique de la Défense [MoD]. Celui-ci « devrait se concentrer sur les lourdeurs administratives qui allongent inutilement les délais » pour l’évaluation des candidats et revoir les normes médicales, qui excluent des individus parfaitement capables », a-t-il estimé.

Pour autant, si les critères de sélection ont été revus à la baisse, il n’en reste pas moins que les « normes requises pour être diplômé de l’Académie royale militaire de Sandhurst et intégrer l’armée britannique » ne seront pas modifiées, a fait valoir le MoD.

Photo : Royal Military Academy Sandhurst / British Army

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23 contributions

  1. Maxx dit :

    A l’image de l’ensemble de la société !
    il est impossible pour nos armées d’échapper a cette règle m.

  2. VinceToto dit :

    Totalement HS(ou pas?…)
    C’est plus le mental qui compte que le QI. Le trottoir même si cela rapporte de l’argent, des formations, cela n’intéresse pas beaucoup de monde. Comme quoi les jeunes britanniques ont une morale même en ces temps de crise économique.

  3. Michel dit :

    C’est surtout au pied du mur que l’on voit mieux le mur.

  4. aleksandar dit :

    Les officiers anglais les meilleurs du monde ?
    Pas vraiment l’impression qu’ils m’ont laissé.
    Mais les plus arrogants, à égalité avec les allemands, c’est évident.

    Mais venant de de Bretton-Gordon qui racontait que l’infanterie russe serait écrasée par les beaux chars occidentaux pendant le grande contre offensive ukrainienne, rien d’étonnant.

    • john dit :

      Pourtant, c’est une spécialité franco-serbe l’arrogance…
      Et ils sont repartis la queue entre les jambes les Serbes face aux Allemands et aux Anglais…

  5. Clavier dit :

    Il y a les critères de sélection ( pour les directs…) et ce qu’on enseigne réellement en école d’officier ….et il y aurait beaucoup à dire

  6. Zedisdead dit :

    Allez voir la qualité du recrutement ODS dans nos armées…..
    plus bas que bas….

  7. Simlabeng dit :

    Les conséquences du pacifisme occidentale. Et c’est comme ça partout, États-Unis inclus.

    • Carnaval dit :

      La côte peut être occidentale, mais le pacifisme est occidental.

    • Dolgan dit :

      c’est certain. dans une dictature guerrière comme la Russie, ce ne sont pas des critères comme la compétence ou la condition physique qui vont perturber un processus de nomination d officier.

  8. Le parrain dit :

    Depuis le temps qu’on nous suggère voire affirme en permanence dans tout l’occident qu’être patriote c’est être limite ou carrément facho, ne vous étonnez pas qu’il y ait moins de candidats, officier ou soldat.

    • Pascal, (l'autre) dit :

      « en permanence dans tout l’occident » C’est quand même une spécificité assez française!

    • Dolgan dit :

      Vous êtes victime du fait que les xénophobes et les racistes se réclament du patriotisme, créant la confusion.

      • Pascal, (l'autre) dit :

        @Dolgan Et aussi d’une certaine doxa de gôôôche très bien pensante avec son mondialisme/humanisme « bienheureux »!

  9. Martel dit :

    C’est normal ! C’est la même chose partout dans tous les enseignements du monde occidental : Nivellement par le bas.
    A force de vouloir inclure les moins doués on finit par négliger les plus doués. A la fin il n’y aura plus d’élites.
    Désolé VinceToto mais les officiers doivent avoir un bon QI sinon ils risquent d’envoyer les troupes à découvert à l’assaut des mitrailleuses ennemies 😀

  10. Sylvain dit :

    l occident a formé des classes d age à être « inclusif » et à avoir la condition physique haut niveau de joueur PlayStation niveau 42. Ben maintenant on a le résultat…

  11. Recits d'Yves dit :

    Je pense que l’occident découvre la réalité de ses effectifs, peu à peu, mais surement au rythme des tensions géopolitiques qui s’accroissent.
    Il me parait clair que les pays européens auront quelques difficultés à mobiliser en cas de conflit majeur tant l’individu et l’individualisme sont maintenant consacrés et la Nation écartée.
    Et si nous ajoutons les effets ‘n nationalités’, comment un bi-nat turco-allemand pourrait être mobilisé par l’Allemagne en cas de conflit contre la Turquie?
    On ne peut pas nier la complexité du sujet dans nos démocraties européennes et nous ne devrions pas laisser le sujet accaparés par des partis parfois extrêmes.
    Peut être que les premiers intéressés, les bi-nat, devraient être interrogés simplement sur leur choix en rapport avec les règles d’engament en cas de conflit. Histoire au moins de susciter l’intérêt par la question et, au besoin, affiner les textes en vigueurs.

  12. Guilhom dit :

    l’IA sera la de toute manière pour les aides a prendre les bonnes décisions. ..
    ensuite leur rôle va être de plus en plus déporté et les officines civiles vont se spécialisées dans la question défense s’il y a un marché et un besoin de conseils tactique opératif etc.

    • Recits d'Yves dit :

      L’IA n’est pas intelligente, c’est une erreur de traduction en fait. Le I de Intelligence est relatif à l’information (en anglais Intelligence est l’Information comme le I de CIA pour Central Intelligence Agency) . L’IA brasse des données de sources multiples avec un moteur d’analyse qui recherche un modèle. L’IA n’a pas de capacité de raisonnement. Sur le plan d’une étude stratégique, elle pourrait proposé de multiples scénarios mais avec des limites: son modèle adaptif est très peu poussé en réalité. Une manoeuvre originale ne pourrait pas être analysée avec la finesse d’une intelligence humain qui sait s’adapter à l’évolution d’un contexte. En définitif, l’IA c’est bien pour les tâches répétitives, ce qui est déjà pas mal.

  13. Alfred dit :

    Tout est dit dans le dernier paragraphe de l’article. Si le filtrage à l’entree sera reduit, il y aura 2 possibilités de sortie. Par la grande porte, et par la petite porte. Les candidats sortant par la petite porte se verront probablement proposer un contrat d’engagement à un moment ou a un autre pour amortir le coût de formation. Futés les Rosbeefs

  14. charly10 dit :

    « Nous recherchons des qualités plutôt que des qualifications ». Sage politique de recrutement, difficile à mettre en place dans notre pays. Les officiers de l’armée anglaise sont ils moins bons que les nôtres? Abandonnons notre propension a nous croire supérieurs aux autres et réfléchissons y. Honni soit qui mal y pense !!!