Les futurs pilotes de chasse ukrainiens commenceront leur formation initiale en France dès le début de l’année 2024

Fin septembre, à l’Assemblée nationale, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait laissé entendre que la cession de Mirage 2000 à la force ukrainienne n’était pas à l’ordre du jour étant donné que Kiev préférait se concentrer sur les F-16 que venaient de lui promettre le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège, voire, d’après des documents récemment évoqués par l’agence Reuters, sur des F/A-18 Hornet.

« Très honnêtement, ce n’est pas la première demande des Ukrainiens vis-à-vis de la France. […] C’est une demande prioritaire vis-à-vis de beaucoup de pays. Pas vis-à-vis de nous », avait en effet affirmé le ministre, alors qu’il était interrogé sur ce sujet. Cependant, il n’avait pas non plus souhaité en dire davantage, l’audition à laquelle il était convié ayant été ouverte à la presse.

Pourtant, la rumeur sur une possible cession de Mirage 2000 à l’Ukraine avait pris de l’ampleur quelques semaines plus tôt. En mars, le quotidien Le Figaro avait ainsi affirmé que des pilotes ukraniens se trouvaient en France pour une « formation accélérée » pour apprendre à piloter ce type d’avions. Ce que ne confirma pas le ministère des Armées, celui-ci ayant expliqué qu’il formait des « équipages ukrainiens […] notamment à la défense sol-air et à la survie au cas où leur appareil serait abattu ». Pour autant, le journal a maintenu ses informations.

Cela étant, dans le rapport sur le soutien fourni par la France à l’Ukraine qu’ils ont rendu en novembre, les députés Lionel Royer-Perreaut [Renaissance] et Christophe Naegelen [LIOT] n’ont pas corroboré ces rumeurs relatives au don potentiel de Mirage 2000 à Kiev.

« Alors que la demande ukrainienne pour des avions de chasse se faisait plus pressante, la France a aussi offert de former les pilotes ukrainiens sur Mirage 2000 mais cette proposition n’a pas eu de suite, les Ukrainiens préférant une formation sur des F-16 dont la livraison leur a été promise par de nombreux États européens en disposant », ont-ils en effet écrit. Et d’ajouter, en reprenant les explications du ministère des Armées : « Toutefois, à défaut de former des pilotes, des équipages ukrainiens sont formés en France, notamment à la défense sol-air et à la survie au cas où leur appareil serait abattu ».

Qu’en est-il vraiment? Probablement que l’on ne tardera pas à le savoir… En tout cas, malgré ces démentis, la rumeur court toujours : selon certaines sources, M. Lecornu et son homologue ukrainien, Roustem Oumerov, auraient récemment discuté de la livraison de six Mirage 2000D… Ce qui, au passage, pose des questions en matière de maintien en condition opérationnelle, d’infrastructures, de formation, etc. En outre, cela pourrait expliquer pourquoi la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit de doter l’armée de l’Air et de l’Espace de 48 Mirage 2000D au lieu des 55 précédemment convenus.

Les dernières discussions entre le ministre français des armées Sébastien Lecornu et son homologue ukrainien Roustem Oumerov portent sur la livraison par Paris d'une flottille de six avions Mirage 2000. https://t.co/LmlrXhcW3F

— Intelligence Online (@Intel_Online_Fr) November 27, 2023

Quoi qu’il en soit, Mirage 2000 ou pas, des pilotes de chasse ukrainiens suivront une formation « initiale » en France. C’est en effet ce qu’a confirmé le ministère des Armées, le 19 décembre.

« Le 15 mai 2023, le président de la République annonce que la France a proposé à l’Ukraine de former des pilotes de chasse, conjointement avec plusieurs partenaires européens. Les premiers pilotes arriveront au début de l’année 2024 », a-t-il en effet indiqué. « Après la formation initiale dispensée en France, ils poursuivront leur cursus sur avions de chasse par des formations dispensées par nos partenaires », a ensuite ajouté le ministère, sans donner plus de détails.

Cette information renvoie aux propos tenus en août par le général James B. Hecker, le commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique. Il avait ainsi affirmé que les jeunes pilotes ukrainiens entameraient leur cursus au Royaume-Uni, en s’entraînant sur des « avions à hélice », avant de se rendre « en France pour voler un peu sur Alphajet ». Et cela alors que ce type d’avion n’est plus utilisé par l’armée de l’Air & de l’Espace pour la formation, celle-ci se faisant en partie sur Pilatus PC-21.

A priori, les plans ont dû changer depuis, puisqu’il est donc question d’une formation « initiale » en France, laquelle se déroule au Centre de formation aéronautique militaire initiale [CFAMI], avec des Cirrus SR20, sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence.