L’Espagne a de nouveau proposé des Eurofighter EF-2000 d’occasion à la Colombie

Ayant estimé, peu après son élection, que l’achat de nouveaux avions de combat n’était pas prioritaire par rapport aux réformes sociales qu’il entendait mener, le président colombien Gustavo Petro fit part de son intention, en décembre 2022, de finalement commander 16 Rafale auprès de Dassault Aviation.

Cette volte-face pouvait alors s’expliquer par l’urgence de remplacer la vingtaine de chasseurs-bombardiers Kfir mis en oeuvre par la Fuerza Aérea Colombiana [FAC]. « Leur exploitation et leur entretien coûtent cher », avait-il en effet souligné. Et cela à cause de la difficultés à trouver des pièces de rechange, celles-ci n’étant plus produites.

Cela étant, le remplacement de ces Kfir, acquis auprès d’Israël dans les années 1980, avait été lancé bien avant l’élection de M. Petro… puisqu’il était admis qu’ils arriveraient au terme de leur vie opérationnelle en 2025, au plus tard.

Ainsi, en juillet 2019, le ministère colombien de la Défense fit savoir qu’il avait l’intention de se procurer de nouveaux avions, dans le cadre d’une procédure de gré à gré. Bien que modeste, ce marché suscita l’intérêt de plusieurs industriels, dont Lockheed-Martin [F-16 Viper], Dassault Aviation, Saab [Gripen E/F] et le consortium Eurofighter. Mais pas seulement…

En effet, en février 2020, il fut rapporté que l’Espagne avait proposé à la Colombie de lui revendre 12 Eurofighter Typhoon EF-2000 de la tranche 1 ayant servi au sein de ses forces aériennes. Mais avant de traverser l’Atlantique, ces appareils devaient être portés au standard « tranche 2 ». Finalement, cette offre tomba dans les oubliettes…

Seulement, les discussions entre Bogota et Paris au sujet du Rafale ne débouchèrent sur aucun accord, le ministère colombien de la Défense n’ayant été autorisé à n’engager que 678 millions de dollars avant le 31 décembre 2022 pour financer l’achat de nouveaux avions de combat. Soit de quoi en payer trois ou quatre, les autres appareils devant suivre par la suite.

Depuis, ce dossier n’a pas avancé d’un iota, malgré la visite à Paris de M. Petro, en juin. Mais les concurrents de Dassault Aviation restent en embuscade. Les États-Unis gardent un oeil sur ce marché… De même que Saab, qui a fait de la Colombie une priorité, au même titre que le Pérou. Et, visiblement, le gouvernement espagnol entend aussi rester dans le coup.

Selon le site spécialisé InfoDefensa, la force aérienne colombienne a reçu une nouvelle offre concernant les anciens Eurofighter de l’Ejército del Aire y del Espacio. Cette offre, qu’elle a sollicitée, porterait sur la cession de 12 à 16 avions, portés à la « tranche 2 ». En outre, elle serait accompagnée de garanties sur leur développement et leur maintien en condition opérationnelle.

Quoi qu’il en soit, ayant rompu ses relations militaires avec Israël, la Colombie devra trouver rapidement une solution pour remplacer ses Kfir à l’heure où les tensions repartent de plus belle en Amérique du Sud, avec les vues du Venezuela sur l’Essequibo, une région riche en pétrole qui fait partie du Guyana.