L’Espagne pourrait bientôt se doter d’un nouvel avion de guerre électronique

Les capacités des forces espagnoles en matière de guerre électronique ont été sérieureusement amoindries avec le retrait des deux seuls avions qu’utilisait l’Ejército del Aire y del Espacio dans ce domaine, à savoir le B-707 « La Reina del Espectro » et un Falcon 20. En 2015, il était question de remplacer l’un d’entre eux par un Gulfstream G550 dédié au recueil et à l’analyse de signaux électro-magnétiques. Mais les contraintes budgétaires en décidèrent autrement, alors que de tels moyens étaient plus que jamais nécessaires.

Cependant, en mai dernier, le ministère espagnol de la Défense a relancé le programme « Santiago » qui, doté de 300 millions d’euros, vise à moderniser les capacités de guerre électroniques existantes et… à en développer de nouvelle. Devant s’étaler jusqu’en 2033, les investissements prévus doivent permettre de financer les projets SCATER [Sistema de Captación de Señales Terrestres], SCAN [Sistema de Captación sobre Plataforma Naval], SCAHF [Sistema de Captación HF], M-SILEX et SCAPA [Sistema de Captación sobre Plataforma Aérea], ce dernier étant censé remplacer le B-707 et le Falcon 20 retirés du service.

En raison de leur sensibilité, le développement de telles capacités dans le cadre d’une coopération européenne ne vont pas forcément de soi, du moins pour ce qui concerne la charge de renseignement et de guerre électronique. Aussi, une solution nationale est-elle privilégiée par le gouvernement espagnol. D’où la proposition que vient de lui remettre l’électronicien Indra à l’occasion de l’International Fighter Conference, qui s’est tenue à Madrid, la semaine passée.

Ainsi, l’industriel envisage d’équiper un avion d’affaires de type Challenger 350 [produit par le québécois Bombardier] avec une suite de capteurs de son cru. L’idée est d’en faire un système aéroporté de renseignement électronique [ELINT], doté de capteurs optroniques et capable d’intercepter les communications [COMINT] et de détecter la présence de radars.

Cela étant, le choix de l’appareil n’est pas figé, Indra ayant assuré que sa charge de guerre électronique pourrait s’adapter à n’importe quelle plateforme.

Reste maintenant à voir ce que décidera le ministère espagnol de la Défense, sachant que plusieurs programmes importants – et prioritaires – ont été engagés ou devraient l’être prochainement, comme par exemple le remplacement des AV-8B Harrier II de la Flotilla de Aeronaves.