Futur bombardier stratégique de l’US Air Force, le B-21 « Raider » a effectué son premier vol

Partiellement dévoilé par Northrop Grumman en décembre 2022, le B-21 « Raider », futur bombardier stratégique de l’US Air Force, a commencé ses essais au sol au cours de l’été, avec l’allumage de ses réacteurs et ses premiers tests de roulage. Ce qui laissait présager un vol inaugural imminent. Ce qui a été effectivement le cas.

Ainsi, le 10 novembre, à 6h51, accompagné par un F-16, le premier B-21 « Raider » a décollé de l’Air Force Plant 42 [AFP42] de Palmdale [Californie] pour rejoindre la base aérienne d’Edwards, où seront menés les essais en vol de ce nouveau type d’appareil. Au total, six prototypes seront mis à la disposition de la « B-21 Combined Test Force » pour cette phase.

« Le B-21 Raider est en phase d’essais en vol. Les essais en vol sont une étape critique de la campagne d’essais gérée par le Centre d’essais de l’armée de l’air et la Force d’essais combinée B-21 de la 412e Escadre d’essais », a seulement indiqué l’US Air Force, via un communiqué.

À cette occasion, quelques nouveaux détails ont été révélés grâce aux photographies prises lors de cet évènement. Si, comme le B-2 Spirit qu’il doit remplacer, le B-21 Raider se présente sous l’aspect d’une aile volante, il se distingue de son aîné par l’arrière de son fuselage [qui avait été caché lors de sa présentation officielle] en forme triangulaire, qui n’est pas sans rappeler celle du démonstrateur de drone de combat X-47B [voire celle du nEUROn européen]. Cela a été permis par la taille réduite des tuyères de ses réacteurs [dont on ignore le nombre : deux ou quatre?].

Pour rappel, le B-21 Raider est doté de deux entrées d’air affleurantes [dites NACA]. Ce concept avait été imaginé au début des années 1950 pour le North American YF-93, avant d’être abandonné car il était apparu, lors des essais, que ces prises d’air ne permettaient pas de faire arriver l’air jusqu’aux réacteurs dans des conditions optimales, ce qui était la cause de pertes de puissance potentiellement importantes. Visiblement, une solution a été trouvée pour palier ce problème.

Par ailleurs, il semblerait que sa soute à armement soit plus petite que les deux réunies du B-2 « Spirit », ce qui suggère que sa capacité d’emport sera nettement moindre. À moins qu’il ne soit doté de deux autres soutes secondaires, situées de part et d’autre de la principale.

À ce propos, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, avait expliqué, l’an passé, que, de par son « architecture ouverte », le B-21 « Raider » pourrait intégrer facilement de « nouvelles armes qui n’ont pas encore été inventées ».

Cela étant, le B-21 « Raider » se démarque de son prédécesseur par ses sous-systèmes, sa connectivité et les matériaux, « plus résilients », avec lesquels il est construit. En outre, il a été conçu – grâce au concours de l’ingénierie numérique – de façon à faciliter sa maintenance.

Selon Northrop Grumman, ce bombardier sera le « composant principal d’une plus grande famille de systèmes qui fourniront des renseignements, capacités de surveillance et de reconnaissance, d’attaque électronique et de mise en réseau multi-domaines ».

À noter que le B-21 « Raider » fait appel à de nombreux sous-traitants, dont Pratt & Whitney, Janicki Industries, Collins Aerospace, GKN Aerospace, BAE Systems et Spirit Aerosystems.

Au moment de la notification du marché LRS-B [Long Range Strike Bomber] à Northrop Grumman, en octobre 2015, le coût d’un B-21 Raider était estimé à environ 550 millions de dollars. Depuis, le montant a été revu à la hausse, l’US Air Force l’ayant estimé à 692 millions de dollars.

Cependant, avec un maintien en condition opérationnelle [MCO] facilité – et donc appelé à être moins coûteux – l’exploitation du B-21 « Raider » devrait être moins onéreuse que celle des bombardiers qu’il doit remplacer, dont le B-1 « Lancer » et le B-2 « Spirit ». Le coût d’une heure de vol avec ces appareils est respectivement de 60’000 et de 65’000 dollars. Pour l’instant, l’US Air Force prévoit d’en acquérir 100 exemplaires. Les premiers d’entre eux seront affectés à la base aérienne d’Ellsworth [Dakota du Sud].

Photo : Copie d’écran – Matt Hartman / ShorealoneFilms, via Youtube

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42 contributions

  1. Math dit :

    Pas mal… Je reste circonspect sur l’utilité réelle de ce système d’arme, mais belle machine tout de même.
    Le B2 n’a servit à rien, le B52 non plus. Les missiles qu’ils emmènent pourraient être envoyés depuis le sol sans que cela fasse la moindre différence et la plateforme est vulnérable à la chasse et à la DCA. Le seul avantage est qu’il prend beaucoup de missiles à bord. Une plateforme aussi cher ne serait probablement pas risquée au dessus d’une zone de combat, donc voilà le nouvel éléphant blanc de l’US AirForce, incapable d’assumer les pertes de la guerre pour son opinion publique et incapable de recompléter ses forces en raison de la friction des zones de combat. Super.
    Si l’Ukraine nous a montré une chose, c’est qu’à la guerre il faut pouvoir cogner et encaisser. Le B21 n’apporte aucune réponse.

    • Shareholder dit :

      Ce n’est pas une plateforme aussi « cher », c’est une plateforme aussi chère.

    • Frédéric dit :

      Écrit donc également à Moscou et à Pékin de gaspiller des sous dans de tels éléphants blancs. Le Tu-160M et le Xian H-20 ne serviront également à rien ?

    • Momo dit :

      « Le B2 n’a servit à rien, le B52 non plus. »
      Ah bon? C’est bizarre mais j’ai vraiment l’impression que le B52 a été un peu utilisé ces dernières 60 années mais on peut se tromper.
      C’est sans doute ça.
      Et le Raider serait à votre avis à utiliser avec ses missiles au-dessus d’une zone de combat?
      Là on comprend bien qu’un de nous deux se goure gravement et perd sa crédibilité sur ces sujets…

    • Bazdriver dit :

      @Math. … Le B-52 a bel et bien servi… ainsi que le B-1 et le B-2.. De la même manière, le B-21 servira. Et tout votre bla-bla contre l’USAF ni change rien.. Raison pour laquelle , l’état-major US se fout de vous et de vos affirmations, et pour peu qu’ils aient vu, lu votre commentaire, ce qui bien évidemment n’est pas le cas. Vous avez votre opinion, très bien… Votre expertise.. . , tout le monde s’en moque, car justement vous n’en avez aucune…..

    • ji_louis dit :

      Le B52 a servi durant plusieurs guerres, le B2 au Kosovo.
      L’avantage d’un bombardier sur un missile, c’est qu’on peut lui faire faire demi-tour et renoncer une fois lancé, ou bien changer sa cible.
      Politiquement, un bombardier en vol est une menace potentielle, un missile en vol est une menace certaine.

    • Kobayashi Maru dit :

      Je suis heureux que dans son rôle primaire (nuke) le B2 n’ai jamais servi comme un SNLE..

      Le retex d’Ukraine est limité.
      Pour avoir un vrai retex ce serait un conflit sous le seuil nuke, avec les armes occidentales (sans brides car les ukrainiens ont les fonds de tiroir techno ou « limité »)

      D’ailleurs Medvedev, Psekov ou iouanchenko malgré leurs delires quotidien n’ont pas touché une clôture otanienne ..

      On aurait des difficultés de stock, mais les russes, les vrais, quand ils verront un B2, raser leurs villes, un Rafale volant plus bas que l’helico de Prigo et se faufiler, des f15!EX chargé à ras bord, des AH 64 avec des GPS qui marchent, L’attaque spéciale sera épicée

    • Dimitri dit :

      Le B-21 est fait pour l’Asie pacifique, pour envoyer un message à la marine chinoise grandissante. Pouvoir frapper rapidement un objectif terrestre ou maritime sans exposer une frégate.

    • KOUDLANSKI dit :

      Le B52 à fait les 2 guerres du Golfe et l’Afghanistan @Math ,mais non à part ça il n’a servi à rien de même que le B2 ce sont des bombardiers stratégiques ( armes nucléaires ) .

    • Eric dit :

      Prétendre que le B-52 n’a servi à rien, c’est quand même pas mal ignorer l’histoire de la guerre aérienne au cours des soixante dernières années, de la guerre froide à celle du Golfe en passant par le Vietnam !!! Pourquoi vous croyez que ce bombardier, entré en service en 1955, est toujours là soixante-dix ans plus tard et sera là probablement jusqu’en 2050, même s’il a été quasiment reconstruit depuis… ce qui prouve d’ailleurs à quel point sa conception était géniale ?

  2. Achille-64 dit :

    « Cependant, avec un maintien en condition opérationnelle [MCO] facilité – et donc appelé à être moins coûteux – l’exploitation du B-21 « Raider » devrait être moins onéreuse des bombardiers qu’il doit remplacer, dont le B-1 « Lancer » et le B-2 « Spirit ». Le coût d’une heure de vol avec ces appareils est respectivement de 60’000 et de 65’000 dollars. »

    Nous vivons dans un monde merveilleux.
    Rendez-vous dans 10 ans pour l’atterrissage dans le monde réel.

  3. Félix GARCIA dit :

    Parce-que « jamais deux sans trois » :
    « Au moment de la notification du marché LRS-B [Long Range Strike Bomber] à Northrop Grumman, en octobre 2015, le coût d’un B-21 Raider était estimé à environ 550 millions de dollars. Depuis, le montant a été revu à la hausse, l’US Air Force l’ayant estimé à 692 millions de dollars. »
    😉

    Pendant ce temps, aux États-Unis :
    https://www.youtube.com/watch?v=HgzGwKwLmgM

    • Frédéric dit :

      C’est juste le calcul avec l’inflation : Average Unit Procurement Cost (APUC): $550 million (base year 2010 dollars) / $639 million (base year 2019 dollars) / $692 million (base year 2022 dollars)

  4. Félix GARCIA dit :

    Et nous, on a le couple A730-Rafage !
    ^^

    Vive la France !
    🙂

  5. Blackbird dit :

    Il est super beau. Félicitations aux équipes de Northrop Grumman. Les américains sont une fois de plus précurseur.

  6. Thierry le nouveau ( ancien Etienne-le vrai- ) dit :

    La Pologne a l’intention d’en commander combien ?

  7. Frédéric dit :

    Il a quelques années de retard sur le programme d’origine mais il est le premier bombardier stratégique de ce XXIe S. En bien plus pacifique, j’attends avec impatience le premier vol du XB-1 de Boom qui sera le premier supersonique civil depuis le Concorde et le Tu-144 il y a plus de 50 ans.

  8. RobertMac dit :

    Belle réalisation technique, qui coûte 700 M$ l’unité et dont l’heure de vol est de 65 K$ … De l’argent intelligemment placé ! Il permettra de semer la mort furtivement, avec de futures bombes « pas encore inventées », qui permettront de détruire des infrastructures civiles en limitant les ‘dégâts collatéraux’.

  9. ONERESQUE dit :

    Simple petit détail : les prises d’air ne sont PAS des prises NACA, mais des prises affleurantes dans un encaissement de la peau supérieure des ailes. Les prises NACA sont des échancrures « flush » qui ne dépassent pas du tout de la paroi d’un fuselage ou d’une aile, en fait une aile gothique à la concorde qui aurait été « poinçonnée » au marteau dans le volume et qui alimente avec ses vortex qui sucent l’air externe un trou rectangulaire enterré à l’arrière de la ravine-échancrure……..détail technique……

    https://newsdanciennes.com/la-petite-histoire-derriere-les-prises-naca/

  10. Bastan dit :

    La Pologne et la Roumanie vont en commander une dizaine. L’Allemagne hésite.

  11. speedbird101A dit :

    Bof rien d’innovant coté aérodynamique et coté cellule par rapport au SPIRIT , à part quelques broutilles….on prend exactement les memes et on fait un petit lifting, tout comme Boeing le fait réguliérement avec ses séries interminables issues à chaque fois des memes avions civils des années 70, mis à part le 787 Dreamliner qui lui est vraiment un nouveau concept (cellule, matériaux, design, motorisation , aérodynamique ) ….je m’attendais à beaucoup mieux coté innovation en design sur les bombardiers NG …à croire que les ingés américains sont en panne d’imagination…

    • Gnagnagna dit :

      Il faut leur envoyer d’urgence votre CV.

    • Bench dit :

      @speedbird101A, waouh, ça c’est du commentaire instructif! On sent l’ingé spécialiste en bureau d’étude conception aéronautique……

      • speedbird101A dit :

        @ bench…………pas besoin d’etre ingé pour se rendre compte que le role d’un PNT en tout bout de chaine ,est d’essuyer aussi parfois les platres des ingés qui pérorent trop souvent en début de chaine …..et ce bien longtemps aprés les essais en vol….

  12. Fralipolipi dit :

    Esthétiquement, en tous les cas, il est très réussi.
    .
    A noter sur cet article de Air&Cosmos que ce B21 ne remplacera que les B1B et B2 … mais pas les antiques B52 … qui doivent continuer à voler jusqu’au delà de 2050 … centenaires !… c’est fou.
    https://air-cosmos.com/article/premier-vol-du-tout-nouveau-bombardier-b-21-raider-67766

    • Anonyme dit :

      Un autre appareil américain risque fort de passer le siècle d’exploitation, c’est le C-130.

      • Frédéric dit :

        Et niveau hélico, le Chinook. Et rappelons le DC-3 toujours actif sous la forme du Basler BT-67.

  13. Rakam dit :

    Un beau boomerang ! Décidément la haute technologie a de beaux jours devant elle!

  14. VinceToto dit :

    C’est quoi la trainée blanche derrière le B-21 à la fin de la vidéo?

    • Pascal, (l'autre) dit :

      « C’est quoi la trainée blanche derrière le B-21 à la fin de la vidéo? » Trainée de condensation en phase de dissipation d’un avion ayant probablement croisé auparavant dans le secteur à plus haute altitude.

    • Bench dit :

      C’est un capteur au bout d’un câble installé pour le premier vol, capteur destiné à faire des mesures d’air derrière l’aéronef là où l’air n’est pas perturbé par le vol.
      Infos ici : https://www.thedrive.com/the-war-zone/b-21-raiders-first-flight-what-we-learned

      • Philippe "Clean" Ortis dit :

        Je n’avais pas encore lu votre commentaire quand j’ai posté le mien …

    • Philippe "Clean" Ortis dit :

      C’est un câble métallique (éclairé par les rayons du soleil) qui permet à l’avion de tracter un capteur pour cet essai.

  15. AirTattoo dit :

    Il semble inéluctable que le coût par unité du B-21 atteigne le milliard de dollars. Cela implique que seuls des pays classés AAA++ avec un budget militaire extrêmement élevé, classés, seraient en mesure d’acquérir ce type appareils. Je reste sceptique quant à la valeur opérationnelle d’un bombardier stratégique, surtout en considérant les capacités des chasseurs-bombardiers actuels et futures et les projets en cours visant à transformer des transporteurs médians en lanceurs de missiles de croisière.

    Par ailleurs, je ressens une certaine déception… La ressemblance du B-21 avec le B-2 est une occasion manquée de présenter une innovation esthétique, une rupture de forme, chose à laquelle les États-Unis nous avaient habitués avec leurs précédentes séries de bombardiers stratégiques tels que les B-29, B-32, B-36, B-47, B-50, B-52, B-57, B-66, B-58, B-70, et B1-B. Attendons de voir ce que l’avenir réserve à ce type de vecteur et au B-21.

    • Momo dit :

      Le milliard de dollar ou d’euro est une unité de compte transactionnelle tout à fait standard et banal entre les pays de l’UE et notre grand frère et néanmoins ami.
      Aprés la Bulgarie et la Roumanie, sous la bienveillance teintée de complicité d’Ursula ‘le melon’ von der leyen, la moldavie le luxembourg et la belgique vont probablement manifester leur intérêt.

  16. Frédéric dit :

    Sur Avianews, j’ai noté ceci : Pour la petite histoire ce premier B-21 a été baptisé « Cerberus » le chien à trois têtes qui garde les portes des Enfers pour empêcher les morts de sortir. Selon plusieurs sources, les autres appareils reprendront les noms issus de la mythologie grecque tels que Chimère, Méduse, Hydra, Minotaure et autres.

    • Momo dit :

      Mes sources me laissent entendre qu’un ‘Visit Brussels’ avec Ursula en maillot doit s’intercaler entre Medusa et Hydra.
      Mais la discussion n’est pas fermée pour une charles michel en string suivant la décision de l’usaf.

  17. Ave Cesar dit :

    Encore une merveille technologique sur le papier, hors de prix, dont la production n’atteindra pas forcément les cent exemplaires prévus.
    Mais que vaudra ce bombardier de tous les superlatifs en combat réel ? Il faut ne pas avoir la mémoire courte et se souvenir, qu’en son temps, un autre appareil furtif, hors d’atteinte…le F-117 Night Hawk fut soudainement et prématurément retiré du service après que l’un deux fut descendu, et qu’un autre échappa au pire de justesse, en 1999 au-dessus de la Serbie.
    Les Serbes avaient facilement trouvé, avec des moyens rudimentaires, la parade pour repérer, suivre et abattre le joyau technologique US.

    • Matriochka dit :

      Renseignez vous sur cette fameuse parade serbe, elle n’a rien d’extraordinaire, et rien de technologique. Ils ont juste misé avec succès sur l’égo américain, ceux ci faisant passer leurs F-117 toujours par le même couloir.
      Maintenant on peut aussi causer des fameux Su57, Terminators ou Armata T-14 et de leur efficacité en Ukraine. Non? Il n’y a plus personne ?

  18. Bataille dit :

    C’était également l’objectif des le départ, un bombardier moins cher. Le prix à l’unité d’un b2 était supérieur à 1 milliard.
    Merci beaucoup pour votre article.