Le ministère des Armées teste le recrutement dans le Métavers pour les métiers « en tension »

En avril dernier, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, avait dévoilé les grandes lignes d’un nouveau plan de transformation en soulignant qu’il fallait se mettre en ordre de bataille pour « vaincre du coin de la rue jusqu’au Métavers, pour protéger la France et les Français ».

Pour rappel, le Métavers est un espace virtuel collectif et partagé en 3D. Et de nombreuses publications ont soutenu qu’il serait le « futur » d’Internet, au point que la « Red Team » de l’Agence de l’innovation de défense [AID] a imaginé qu’il pourrait être un potentiel champ de confrontation. Mais on n’en est pas encore là…

En tout cas, pour le moment, le ministère des Armées estime que le Métavers pourrait être un moyen pour recruter plus facilement pour ses spécialités « en tension », en particulier ceux liés au numérique. En effet, le 30 octobre, il a fait savoir qu’il venait de lancer un « espace virtuel en ligne sur la plateforme Dacentraland pour une durée de trois mois ».

Et d’expliquer qu’il s’agit d’une « expérimentation dans le Métavers » ayant pour objectif de « faire découvrir aux 18-35 ans l’univers des Armées, ses dispositifs en faveur de la jeunesse et certains métiers », les participants pouvant être orientés vers les offres d’emplois qu’il propose.

« L’expérience consiste en un parcours du combattant reliant trois zones : jeunesse, culture et recrutement. Au sein de chacune d’elle, le joueur découvre des informations et des vidéos, avant d’être invité à répondre à un ‘quiz’ dans le but d’obtenir des gains virtuels », détaille le ministère.

Cette initiative a été « portée » par la Délégation à la tranformation et à la performance ministérielles [DTPM], avec le soutien de l’AID.

Cette expérimentation donnera-t-elle des résultats? Les espoirs qui ont été mis dans le développement du Métavers [Facebook s’est mué en « Meta » pour cette raison, ndlr] ne sont plus aussi vifs qu’ils ne l’étaient il y a encore quelques mois, c’est à dire avant l’apparition du phénomène « Chat GPT » et de l’intelligence artificielle générative. D’ailleurs, celle-ci est désormais la priorité de beaucoup d’acteurs du numérique…

Par ailleurs, en 2007, la Marine nationale avait lancé une initiative similaire, avec Second Life, un « monde virtuel » qui préfigurait déjà le Métavers. L’objectif était alors de favoriser la prise de contact avec des jeunes gens « curieux » et à l’aise avec ce que l’on appellait à l’époque les « nouvelles technologies de l’information ». Mais, a priori, il n’y eut pas de suite.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]

15 contributions

  1. DIRISIEN dit :

    Encore une brillante idée d’un cadre supérieur pensant être à la page.

    Pour être attractif avec les métiers en tension, notamment du numérique, ils pourraient envisager de rémunérer correctement des informaticiens avec BTS ou plus pour être proche de ce sera propose le privé ? Et pour ceux avec une licence ou supérieur, ouvrir des postes d’officiers plutôt que sous-officiers à faire la semaine ? Ou se contenter de quelques grands motivés et beaucoup de gens « moyens »

  2. akrak dit :

    L’idée d’expérience de recrutement sur Second Life faisait déjà sourire à l’époque, connaissant la qualité médiocre du jeu.

    Pour info, l’armée US édite gratuitement depuis des années un jeu de tir en MMO qui est ouvertement présenté comme vecteur de recrutement : America’s Army.
    Le jeu est bien, mais au vu du public, je ne suis pas sûr que la cible soit atteinte…

    Si on se pose en militaire, on cherche à ce que des personnes s’engagent.
    Si on se pose en recruteur, on doit penser embauche, salaires, avantages, progression de carrière, démission, réembauche, mobilité interne

  3. Flo dit :

    De l’argent bien dépensé…

  4. roger68 dit :

    Il faut juste être attractif pour avoir une marque employeur sexy…
    Les armées n offrent pas mieux que MC Do…
    Cela explique les échecs du PR depuis 2 ans…

  5. Xos dit :

    Le Metavers est un désert numérique qui ne fait que se confirmer encore aujourd’hui. Il y a un peu plus d’un an, 2 ingénieurs Français ont pu discuter avec Mark Zuckerberg pour lui expliquer de A à Z que son projet était un échec. La discussion a duré 20 minutes. Il est resté silencieux et attentif puis il est répartis énervé, visiblement conscient de son erreur. Il a quand même voulu forcer le projet en apportant quelques modifications, mais le résultat c’est que ça ne marche pas. Étonnant que le CEMAT approuve l’idée sachant en plus que Second Life de la Marine Nationale fut aussi un échec. Autant la Red Team a souvent de bonnes idées, autant la ils se sont emballés je pense.

  6. Michel Moutard dit :

    AH AH AH, le métavers du malaise, incroyable que de l’argent soit gaspillé pour cela

  7. VinceToto dit :

    J’espère que l’auteur ne garde pas en mémoire ces moments traumatisants.

  8. Félix GARCIA dit :

    « IA : le devenir légume de l’humanité ? Éric Sadin »
    https://www.youtube.com/watch?v=P1xA8xSXmqg

    « Resurrect Dead on Saturn: Surrogates in the Metaverse Future »
    https://www.youtube.com/watch?v=HCRQu_DGo18

  9. Kozauexn dit :

    On marche sur la tête avec ce commandement complètement déconnecté, inventer des programmes farfelus alors que le problème du recrutement est connu depuis des lustres : la solde.

  10. Tom dit :

    Une idée d’officier ça… Autant dire une idée de chiotte. Les bons sous off se barrent au bout de leur premier contrat, c’est cuit tant que ça ça sera pas réglé.
    Donc il y a eu le recrutement des mecs mode citée avec trafic de came, vols etc et maintenant il y aura ceux qui viendront de facebook… L’avenir est radieux je pense…

  11. Alfred dit :

    Ben oui. Mais ça ne règle pas le problème fondamental de la motivation. Et pour ça, il faut la carotte pour attirer (le pognon, la vie facile, éventuellement l’intérêt du travail,. ..) et le bâton pour convaincre ( aides conditionnées, liberté contre engagement….), sans oublier la méthode, le look, et les moyens des recruteurs pour être dans le coup. (A prendre au second degré, je précise)

  12. jean pierre dit :

    « tous militarisés tous protégés »…nan je rigole…

  13. Delfosse. dit :

    sergent : 1400 balles et des responsabilités a la pelle.
    pas besoin de sortir de saint Cyr pour comprendre où est le problème de recrutement

    • JC dit :

      Comme disait Michel Debré en son temps, ministre des Armées : un militaire ne sert pas pour la solde, il sert la France.