La Royal Air Force veut dissuader la Russie de s’attaquer aux navires chargés de céréales ukrainiennes

En juillet, exigeant la fin des sanctions visant ses exportations agricoles et la remise en service d’un pipeline d’ammoniac [essentiel pour la production d’engrais, nldr] reliant la ville russe de Togliatti au port ukrainien d’Odessa, la Russie a mis fin à l’accord qui, négocié sous l’égide de la Turquie et des Nations unies, permettait jusqu’alors à l’Ukraine d’exporter ses céréales vers 45 pays, via la mer Noire. Et, désormais, Moscou considère tout navire se dirigeant vers un port ukrainien comme un « potentiel bateau militaire », quelle que soit la nationalité de son pavillon.

Cependant, et comme l’a souligné le Centre d’études stratégiques de la Marine nationale [CESM] dans une note, la Russie ne peut pas imposer un tel blocus à l’Ukraine « au sens des conditions fixées par le droit de la guerre navale » puisqu’elle n’a pas fait de déclaration de guerre et dit mener une « opération militaire spéciale ».

Par ailleurs, la marine russe n’a pas les moyens d’interdire à tous les navires civils de se rendre dans un port ukrainien puisque cela supposerait d’assurer une permanence navale et d’arraisonner chacun d’entre eux [avec l’envoi d’une équipe de visite à bord]… tout en étant à portée des contre-mesures ukrainiennes [missiles de défense côtière, drones, mines, etc.].

Après l’expiration de l’accord sur les céréales, la marine russe a effectué une démonstration de force à l’occasion d’un exercice naval, en coulant l’ancienne corvette de lutte anti-sous-marine ukrainienne « Ternopil », capturée lors de l’annexion de la Crimée, en 2014. Puis, trois semaines plus tard, elle a arraisonné le cargo Sukru Okan [battant pavillon de Palaos, ndlr], alors attendu au port fluvial d’Izmaïl, dans la région d’Odessa.

Quoi qu’il en soit, seulement quatre navires ont depuis pu quitter l’Ukraine, à savoir le porte-conteneurs « Joseph Schulte » [battant pavillon de Hong-Kong], un cargo ainsi que les vraquiers « Anna-Theresa » [Liberia] et « Ocean Courtesy » [îles Marshall]. Ces deux derniers ont emprunté un « couloir temporaire » qui, mis en place par Kiev et dont le tracé a été validé par l’Organisation maritime internationale [OMI], est censé permettre le passage des bateaux encore à quai dans les ports d’Odessa, de Tchornomorsk et de Pivdenny.

Reste que si l’on suit le trafic maritime dans la région de la mer Noire, on constate que les cargos et autres vraquiers ne se bousculent pas au large des côtes ukrainiennes… Alors que, grâce à l’accord qui avait été trouvé en juillet 2022, l’Ukraine avait pu exporter 33 millions de tonnes de céréales grâce à un millier de navires…

Cela étant, via un communiqué publié le 7 septembre, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a annoncé que Londres allait prochainement accueillir un « sommet international sur la sécurité alimentaire ».

Mais pas seulement puisque le locataire du 10 Downing Street a aussi fait savoir que les forces britanniques seraient sollicitées pour « surveiller l’activité russe en mer Noire, […] interpeller la Russie quand nous voyons des signes avant-coureurs montrant qu’elle prépare des attaques contre des navires civils ou des infrastructures » de la région et, le cas échéant, « attribuer [la responsabilité] des attaques pour empêcher les allégations sous fausse bannière ».

A priori, ces mesures sont déjà appliquées. « Dans le cadre de ces opérations de surveillance, des avions de la Royal Air Force [RAF survolent la zone pour dissuader la Russie de mener des frappes illégales contre des navires civils transportant des céréales », a en effet affirmé M. Sunak.

Pour rappel, depuis octobre 2022, et après qu’un Su-27 russe a tiré un missile près de l’un d’entre-eux lors d’une mission au-dessus de la mer Noire, les avions de renseignement de la Royal Air Force sont systématiquement escortés par deux chasseurs Eurofighter Typhoon, provenant de la base d’Akrotiri [Chypre].

Outre les missions britanniques dans la région, l’Otan surveille de près la situation, avec ses drones HALE [Haute Altitude Longue Endurance] MQ-4D Global Hawk de la NATO Alliance Ground Surveillance Force [NAGSF], laquelle a effectué « des centaines d’heures » de vol sur le flanc est. À noter que, après la découverte de débris de munitions téléopérées [MTO] russes sur le territoire roumain, les États-Unis ont annoncé qu’ils renforceraient leur présence aérienne en Roumanie, avec le déploiement de F-16 supplémentaires.

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