La justice américaine met en examen 5 officiers chinois pour espionnage informatique

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En mars 2013, et pour la première fois, le président Obama, avait clairement mis en cause le gouvernement chinois d’être derrière les intrusions informatiques visant à piller les secrets industriels d’entreprises américaines, voire même à saboter des sites Internet de presse.

Deux mois plus tard, le Pentagone en fit de même dans un rapport remis au Congrès. « La Chine utilise les capacités de son réseau informatique pour mener à bien une campagne de collecte de renseignements contre les secteurs qui soutiennent des programmes de défense nationale aux Etats-Unis, dans les domaines diplomatique, économique et industriel », y était-il écrit. Et d’ajouter : « En 2012, de nombreux réseaux informatiques à travers le monde, dont ceux détenus par le gouvernement américain, ont continué à être l’objet de tentatives d’intrusions, dont certaines sont directement attribuables au gouvernement et à l’armée chinoise ».

Quelques semaines plus tôt, un rapport de la société de sécurité informatique Mandiant avait désigné le gouvernement chinois comme étant le principal commanditaire de nombreuses cyberattaques ayant ciblé des entreprises américaines, preuves à l’appui. Ainsi, le document soulignait le rôle d’une unité de « hackers » de appartenant au second bureau du 3e département de l’état-major de l’armée de libération populaire, connue sous le nom d’unité 61398.

D’après Mandiant, les « hackers » chinois auraient dérobé des « centaines de terabytes de données auprès d’au-moins 141 organisations » appartenant à des secteurs stratégiques. Et les investigations menées par les experts de cette société de sécurité permirent d’identifier le mode opératoire des pirates.

Bien évidemment, Pékin réfuta toutes ces accusations. « L’armée chinoise n’a jamais supporté en aucune sorte des activités de hacking », s’était insurgé le ministre chinois de la Défende. Au ministère des Affaires étrangères, l’on s’était montré un poil cynique : « Les cyberattaques sont anonymes et transnationales et il est difficile de retracer l’origine des attaques. Je ne sais donc pas comment les conclusions du rapport peuvent être crédibles ».

Visiblement, cette difficulté n’a pas été un problème pour la justice américaine qui vient de hausser le ton à l’égard de l’espionnage informatique chinois en mettant en examen Wang Dong, Sun Kailiang, Wen Xinyu, Huang Zhenyu et Gu Chunhui, 5 officiers de cette fameuse unité 61398 pour avoir dérobé des secrets commerciaux d’entreprises américaines spécialisées dans l’énergie et la métallurgie, dont Westinghouse, US Steel, Allegheny Technologies, et Alcoa.

« Cette affaire d’espionnage économique présumé perpétré par des membres de l’armée chinoise représente les premières poursuites jamais engagées à l’encontre d’un acteur étatique pour ce type de piratage », a commenté,  lors d’une conférence de presse, Eric Holder, le secrétaire américain à la Justice.

« L’éventail des secrets commerciaux et autres informations sensibles volées dans cette affaire est important et exige une réponse agressive », a poursuivi M. Holder. Le gouvernement américain « ne tolérera pas les actions d’aucun Etat qui cherche à saboter illégalement des sociétés américaines et à porter atteinte à l’intégrité d’une concurrence loyale dans le fonctionnement du libre marché », a-t-il ajouté.

De son côté, le directeur du FBI, James Comey, a estimé que « pendant trop longtemps, le gouvernement chinois a utilisé le cyber-espionnage de façon éhontée pour obtenir des avantages économiques pour ses industries d’Etat ». Autrement dit, avec cette action en justice, Washington lance un avertissement à Pékin et compte mettre freiner les activités de cyberespionnage chinoises, lesquelles coûteraient à l’économie américaine, selon le Washington Post, jusqu’à une centaine de milliards de dollars par an.

« Nous avons soulevé ce problème avec le gouvernement chinois régulièrement et de façon franche. Les annonces d’aujourd’hui reflètent notre inquiétude croissante face à un comportement qui continue », a expliqué Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche.

En outre, l’acte d’accusation concernant les 5 officiers chinois et délivré par un Grand jury de Pennsylvanie (est) pour des faits commis entre 2006 et 2014, est très précis (il donne même leurs pseudonymes, leurs modes opératoires et la nature des documents qu’ils ont volés). Pour autant, sa portée est limitée dans la mesure où il n’y a que très peu de chance que ces « hackers » aient à répondre de leurs actes.

La réaction de Pékin a été immédiate. «  »Nous avons déjà protesté auprès des Etats-Unis, à qui nous avons demandé de rectifier immédiatement cette erreur. De telles poursuites nuiront aux coopérations sino-américaines, ainsi qu’à la confiance mutuelle entre nos deux pays » a ainsi affirmé le ministère chinois des Affaires étrangères, qui a dénoncé des « preuves fabriquées ». Et il annoncé la suspension des activités  d’un groupe de travail bilatéral sur la sécurité informatique ainsi que, plus tard, la convocation de l’ambassadeur des Etats-Unis à Pékin, Max Baucus, pour lui transmettre une « protestation solennelle ».

Quant à celui de la Défense, il a accusé Washington de fair epreuve d’hypocrisie, en évoquant les affaires WikiLeaks et Snowden. « Le prétendu ‘réseau (chinois) d’espionnage commercial’  est purement et simplement une invention des Etats-Unis, qui s’inscrit dans une stratégie de tromperie du public avec des motifs non avoués », a-t-il ajouté.

Cela étant, les Etats-Unis ne sont pas non plus en reste. En mars, sur la base de documents fournis par Edward Snowden, un ancien consultant de la NSA aujourd’hui réfugié en Russie, le New York Times révélait que les grandes oreilles américaines avait lancé l’opération « Shotgiant », afin de tenter de mettre au jour d’éventuels liens entre l’équipementier Huawei et l’armée chinoise et à obtenir des renseignements sur des clients de la Chine, comme l’Iran, Cuba ou encore la Corée du Nord.

Dans un rapport sur les enjeux de la cybersécurité, le sénateur (UDI) Jean-Marie Bockel avait estimé que les équipements de télécommunication fournis par les industriels chinois ZTE et Huawei pouvaient constituer une meneace à la sécurité natioanle et proposé d’interdire la vente en Europe de leurs routeurs de coeur de réseau.

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