Des équipementiers télécoms chinois soupçonnés de cyberespionnage aux Etats-Unis

La Chine est régulièrement soupçonnée, voire même accusée, d’être à l’origine de nombreuses affaires ayant trait à l’espionnage via les réseaux informatiques. L’été dernier, dans son rapport au sujet de la cybersécurité, le sénateur Jean-Marie Bockel avait clairement désigné les équipements télécoms chinois ZTE et Huawei comme étant des menaces à la sécurité nationale et proposé d’interdire en Europe la vente de leurs routeurs de coeur de réseau.

Pour l’ancien secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants sous l’ère du président Sarkozy, ces sociétés chinoises ont une stratégie agressive sur le marché mondial, en proposant des produits parfois 20% moins chers que leurs concurrents américains (Cisco) et européens (Alcatel-Lucent).

« Rien n’empêcherait, en effet, un pays producteur de ce type d’équipements d’y placer un dispositif de surveillance, d’interception, voire un système permettant d’interrompre à tout moment l’ensemble des flux de communication » avait prévenu le sénateur, dans son rapport, au sujet de ces routeurs de coeur de réseau.

Et dans le cas de ZTE et de Huawei, le problème, selon Jean-Marie Bockel, est que ces entreprises entretiendraient des liens étroits avec le gouvernement chinois. D’où sa recommandation de leur interdire le marché européen, ce qui a suscité du scepticisme chez quelques uns… à commencer par les responsables des entreprises concernées.

« Nous sommes particulièrement surpris par ce document. Nous sommes très déçus de ne pas avoir été auditionnés et aucune preuve ne vient appuyer le fait que nos équipements posent problèmes », a ainsi affirmé François Quentin, le président de Huawei France.

Seulement, le sénateur français n’est pas le seul à voir une potentielle menace dans les matériels fournis par les deux équipementiers chinois puisqu’un rapport établi par le comité d’intelligence de la Chambre des représentants américaine est arrivé à la même conclusion.

En effet, les auteurs de ce documents parlementaires conseillent vivement aux autorités gouvernementales ainsi qu’aux acteurs privés d’écarter les matériels vendus par ZTE et Huawei et de bloquer toute tentative de rapprochement ou de partenariat de ces équipementiers chinois avec des entreprises américaines.

Pour autant, ces recommandations ne sont basées, pour le moment du moins, sur aucune preuve. Mais pour les parlementaires américains, les réponses données par les deux sociétés chinoises au sujet du cyberespionnage n’ont pas été satisfaisantes.

« Sur la base d’informations classifiées et non classifiées, Huawei et ZTE ne peuvent pas garantir leur indépendance par rapport à l’influence d’un Etat étranger et cela pose donc en conséquence une menace pour la sécurité des Etats-Unis et notre système » estiment les auteurs du rapport, qui ont par ailleurs souligné des « incidents bizarres » rapportés par des entreprises amércaines clientes de ces deux équipementiers.

Bien évidemment, face à cette nouvelle charge, les deux sociétés mises en cause ont tenu à réagir. Du côté de ZTE, l’on exprime un « profond désaccord » au sujet de ces soupçons de connivence, tout en soulignant que, étant côté en Bourse, le groupe a une obligation de transparence. Pour Huawei, l’on accuse la commission parlementaire américaine de faire preuve « d’ignorance des réalités technologiques et commerciales. »

Mais quand l’on est accusé d’avoir des liens étroits avec un gouvernement, le mieux serait sans doute que ce dernier s’abstienne d’intervenir. Chose que celui de Pékin n’a pas faite. Les deux équipementiers, d’après lui, « se développent en respectant les règles du marché. » Et d’ajouter : « Nous espérons que le Congrès rejettera ces accusations en s’appuyant sur les faits et travaillera davantage à améliorer les relations économiques entre les deux pays, plutôt que le contraire. »

Cela étant, aussi bien ZTE que Huawei ont du mal à s’imposer aux Etats-Unis, étant donné que l’un et l’autre y réalisent respectivement 2% et 4% de leur chiffre d’affaires. Ce qui n’est pas le cas dans l’Union européenne, où leurs parts de marché sont en constante progression.

Hasard ou coïncidence, dans le même temps, l’équipementier Cisco a quant à lui mis un terme au partenariat commercial qu’il avait établi avec ZTE, au motif que ce dernier est de mèche avec un opérateur de télécommunications iraniens.

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