La réorganisation du dispositif militaire français dans le Sahel serait décalée de « quelques semaines »

serval-20140418-1

La brusque détérioration de la situation à Kidal, où ont eu lieu des affrontements meurtriers entre les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les Forces armées maliennes (FAMA) va-t-elle avoir des conséquences sur la réorganisation du dispositif militaire français dans la bande sahélo-saharienne?

Selon l’entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ce serait effectivement le cas puisque le basculement de l’opération  Serval au Mali vers le nouveau dispositif serait retardé.

« Compte tenu des circonstances de ces dernières 48 heures, l’opération de bascule du dispositif Serval vers le dispositif des forces françaises en bande sahélo-saharienne doit être décalée de quelques semaines », a confié une source du ministère de la Défense à l’AFP.

Jusqu’à présent, l’opération Serval n’a pas à s’occuper de la question toureg étant donné que sa mission est de défaire les réseaux jihadistes et d’empêcher leur retour dans le Nord du Mali, d’où ils ont été chassés en 2013.

Selon cette même source, ce report fait aussi suite aux annonces faites lors du sommet de Paris, le 17 mai, contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, dont « certaines seront prises à partir du dispositif régional en cours de mise en place au Tchad ». La France a en effet pris l’engagement de soutenir la coopération régionale décidée à cette occasion entre le Nigeria, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin.

Pour rappel, la réorganisation du dispositif militaire français dans la bande sahélo-saharienne consiste à mettre en place des « pôles d’intervention régionalisés » (N’Djamena au Tchad, Niamey au Niger, Gao au Mali et Ouagadougou, au Burkina Faso) avec environ 3.000 hommes. Il est prévu de s’appuyer sur une base logistique à Abidjan (Côte d’Ivoire) ainsi que sur des « POC »  (Pôles opérationnels de coopération à vocation régionale) à Dakar et à Libreville.

Il s’agit, comme l’a expliqué le ministère de la Défense, de « poursuivre la pression au-delà des frontières maliennes (…) afin de ne laisser ni impunité ni liberté de manoeuvre à ces groupes qui menacent l’ensemble des pays du Sahel ».

Quant à la situation à Kidal, où la force Serval a maintenu un « détachement de liaison et d’appui » (DLA) auprès des FAMA et des casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), le MNLA a libéré, le 19 mai au soir, la trentaine d’otages qu’il retenait depuis le week-end. « Nous avons décidé de remettre à la Minusma et au CICR l’ensemble des prisonniers de guerre. […] C’est un signe de notre disponibilité à répondre positivement à tout ce qui peut calmer la situation », a expliqué, à RFI, Mossa Ag Attaher, son porte-parole.

De son côté, Bamako a annoncé l’envoi de 1.500 soldats en renfort dans ce fief touareg. « Je confirme ce chiffre, qui sera revu à la hausse dans les prochaines heures. Je ne veux pas m’étendre sur le sujet pour le moment (…). Nos soldats défendront le territoire national, s’il le faut par la force, c’est tout ce que je peux dire », a confié un reponsable du ministère malien de la Défense auprès de l’AFP.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]