La Chine a l’intention de construire un porte-avions à propulsion nucléaire

Après avoir rénové l’ex-Varyag, acquis auprès de l’Ukraine à la fin des années 1990 pour officiellement en faire un casino flottant, la Chine dispose actuellement d’un seul porte-avions, appelé « Liaoning ». Et bientôt d’un second, c’est à dire d’ici 2020.

En effet, un second porte-avions a officiellement été mis à l’eau en avril 2017. De conception locale, mais ressemblant au Liaoning, et d’une longuerr de 315 mètres pour 50.000 tonnes de déplacement, le T-001A devrait être plus sophistiqué. Toutefois, à propulsion diesel, il sera aussi en configuration STOBAR (Short Take-Off But Arrested Recovery), c’est à dire qu’il sera doté d’un tremplin et de brins d’arrêt.

Or, d’un point de vue opérationnel, la configuration STOBAR n’est pas la panacée : les chasseurs embarqués ont des capacités d’emport limitées (munitions et carburants) et elle ne permet pas la mise en oeuvre d’avion de guet aérien comme le E2 Hawkeye, cette capacité relevant d’hélicoptères au rayon d’action restreint.

Aussi, le T-002, c’est à dire le troisième porte-avions chinois actuellement en cours de construction dans un chantier naval de Shanghaï, devrait être en configuration CATOBAR (Catapult Assisted Take-Off But Arrested Recovery), comme les navires de ce type en service au sein de l’US Navy et de la Marine nationale. Et la rumeur dit que les catapultes de ce prochain bâtiment seraient électro-magnétiques, et non pas à vapeur.

Si tel est le cas, alors il faudra à ce troisième porte-avions une importante capacité de production d’énergie électrique pour faire fonctionner ces catapultes en question.

Quoi qu’il en soit, et selon un mode de communication déjà bien rôdé qui s’apparente à du marketing viral (lequel consiste, dans le cas présent, à faire « fuiter » intentionnellement une information en diffusant un communiqué qui sera supprimé peu après et commenté abondamment par la presse), la China Shipbuilding Industry Corporation (CSIC) a dévoilé une liste de capacités techniques qu’elle compte développer et maîtriser d’ici 2025 pour le compte de la marine chinoise. Et dans le lot, l’on trouve la propulsion nucléaire pour un porte-avions.

« Nous devons accélérer pour obtenir des percées clés comme la réalisation de porte-avions nucléaires, de nouveaux sous-marins nucléaires, de sous-marins silencieux et de systèmes de défense sous-marins intelligents », a en effet indiqué la CSIC, dans un communiqué resté assez longtemps en ligne pour être repris par le Global Times, un tabloïd qui suit la ligne éditorial du « Quotidien du Peuple », le journal officiel du Parti communiste chinois. « C’est la première fois qu’une entreprise de défense chinoise a ouvertement placé des porte-avions à propulsion nucléaire à son agenda », s’est-il félicité.

Ces chaufferies nucléaires, qui ne devraient pas poser de problèmes insurmontables aux ingénieurs chinois, concerneront-elles le troisième porte-avions construit par la CSIC? Mystère. En général, Pékin n’en dit jamais trop sur ses intentions… Surtout quand il s’agit de ses capacités aéronavales.

Quoi qu’il en soit, cette annonce est conforme à l’ambition affichée par Xi Jiping, le président chinois. Lors du dernier congrès du Parti communiste, en octobre, ce dernier avait assuré que l’Armée populaire de libération (APL) aura une « classe mondiale d’ici le milieu du siècle ».

Jusqu’à présent, et notamment dans le domaine naval, la Chine ne cherchait qu’à défendre ses approches maritimes contre une éventuelle invasion. Mais depuis maintenant plusieurs années, l’accent est mis sur les capacités de projection, notamment dans le cadre de la stratégie dites « d’opérations dans les mers lointaines », justifiées par la nécessité de protéger les voies d’approvisionnement en matières premières et en pétrole du pays. Ce concept a par ailleurs pris une importance accrue avec le projet de nouvelles routes de la soie.

Malgré des dépenses militaires augmentant plus lentement (+7% en 2016 et en 2017, contre une croissance à deux chiffres les années précédentes), la Chine développe plusieurs nouvelles capacités. Outre la propulsion nucléaire un prochain porte-avions, elle mettrait notamment au point un « arsenal ship » ainsi qu’un canon électro-magnétique.

Reste à voir dans quelle mesure ces développements seront conformes au précepte de Sun Tzu, selon lequel « on se défend lorsqu’on dispose de moyens suffisants; on attaque lorsqu’on dispose de moyens plus que suffisants ».

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