La France a aidé Israël à se défendre contre une attaque massive lancée par l’Iran

Le 1er avril, un raid israélien, sans doute mené par des F-35I Adir, a visé la section consulaire de l’ambassade d’Iran à Damas. Selon un bilan donné peu après par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], cette frappe aurait fait onze tués, dont huit Iraniens, deux Syriens et un Libanais, tous étant des « combattants ».

Plus tard, le Corps des gardiens de la révolution a confirmé la mort de sept des siens, dont deux hauts gradés de son unité « Qods », à savoir les généraux Mohammad Reza Zahedi et Mohammad Hadi Haji-Rahim, le second étant l’adjoint du premier, dont la perte a été estimée « comparable » à celle du général Qassem Soleimani, tué par un drone américain à Bagdad, en janvier 2020. Et pour cause : il tenait un rôle central dans les relations entre Téhéran, le Hezbollah libanais et Damas.

Bien qu’Israël n’ait pas officiellement reconnu sa responsabilité dans ce raid, l’Iran lui a promis des représailles « massives ». Représailles qui, ces derniers jours, semblaient imminentes, selon le renseignement américain. Aussi, Washington a renforcé sa posture militaire dans la région, en prévision d’une possible escalade. « Nous déployons des moyens supplémentaires dans la région pour renforcer les efforts régionaux de dissuasion et renforcer la protection des forces américaines », a ainsi déclaré un responsable du Pentagone, sans donner plus de détails, le 12 avril.

Le même jour, depuis le sud du Liban, le Hezbollah a dit avoir tiré des « dizaines » de roquettes en direction d’Israël. Mais cette action n’était, a priori, pas coordonnée avec Téhéran, la milice chiite libanaise ayant affirmé qu’elle était une réponse à des frappes menées précédemment par les forces israéliennes.

Le lendemain, dans le détroit d’Ormuz, le cargo MSC Aries, battant pavillon du Portugal, a été arraisonné par les Gardiens de la révolution en raison de ses liens avec des intérêts israéliens, en l’occurrence ceux de l’homme d’affaires Eyal Ofer, principal actionnaire de la société Zodiac, propriétaire du navire.

Puis, dans la nuit du 13 au 14 avril, les représailles annoncées par Téhéran ont pris la forme d’une attaque saturante impliquant plus de 300 drones kamikazes et missiles. C’est la première fois qu’Israël est directement attaqué par l’Iran, depuis sa création en 1948. L’État hébreu s’y était d’ailleurs préparé, en développant une défense antimissile multicouches.

Celle-ci repose sur les systèmes Iron Dome [pour intercepter les roquettes et les obus de mortier], Fronde de David [pour les roquettes de moyenne à longue portée et les missiles de croisière] et Arrow, pour les missiles balistiques en phase ascendante. Ce dispositif est complété par des avions de combat [F-35I, F-15 et F-16] pouvant emporter des missiles air-air AIM-7M Sparrow, Python 5S, AIM-120 AMRAAM et AIM-9 Sidewinder.

Selon l’état-major israélien, 99 % des drones et missiles lancés par l’Iran ont été interceptés. Cela étant, au moins trois impacts ont été constatés dans la région du Néguev, où est implantée la base de Nevatim, laquelle abrite des F-35I. Celle-ci aurait cependant subi des « dégâts mineurs ». Elle est « toujours en activité et les pistes sont utilisées pour des atterrissages et de décollages », a assuré le contre-amiral Daniel Hagari, le porte-parole de Tsahal.

De son côté, par la voix du général Mohammad Bagheri, le chef d’état major de ses forces armées, l’Iran a affirmé que son attaque avait atteint « tous ses objectifs », dont le « centre de renseignement » qui avait fourni les « informations nécessaires » pour viser la section consulaire de son ambassade à Damas ainsi que la base de Nevatim. « Ces deux emprises ont été considérablement endommagées et mises hors service », a-t-il dit.

Cela étant, les forces israéliennes ont diffusé une vidéo montrant des F-35I en train de se poser sur l’une des pistes de la base de Nevatim. Reste à confirmer la date de ces images.

Quoi qu’il en soit, l’État hébreu a pu compter sur le soutien des États-Unis et « d’autres partenaires ». Grâce à eux, « nous avons réussi à défendre le territoire d’Israël. Très peu de dégâts ont été causés. C’est le résultat des opérations remarquables des forces de défense israéliennes », a déclaré Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense.

Les États-Unis ont confirmé avoir fourni un soutien militaire à Israël. « Selon mes instructions, les forces américaines ont déployé des avions et des destroyers dans la région, la semaine dernière. Grâce à ces déploiements et aux compétences extraordinaires de nos militaires, nous avons aidé Israël à détruire presque tous les drones et missiles entrants », a déclaré Joe Biden, le locataire de la Maison Blanche.

Le Royaume-Uni a laissé entendre que les Eurofighter Typhoon basés à Akrotiri [Chypre] avaient aussi été mobilisés pour soutenir la force aérienne israélienne. Au moins un avion ravitailleur A330 MRTT [Voyager] était en mission au moment de l’attaque iranienne, selon les sites de suivi du trafic aérien.

« Nous avons déployé plusieurs avions de combat et des ravitailleurs supplémentaires de la RAF dans la région. Ces mesures renforceront l’opération Shader [contre Daesh, ndlr] en Irak et en Syrie. Ces appareils intercepteront toute attaque à leur portée, selon les besoins. Nous continuerons à coopérer étroitement avec nos partenaires régionaux dans l’intérêt de la désescalade », a fait savoir le ministère britannique de la Défense.

Mais Israël a pu aussi compter sur l’appui des forces françaises. En tout cas, c’est ce qu’a affirmé le porte-parole de Tsahal, selon des propos rapportés par l’agence Reuters.

« La France dispose d’une très bonne technologie, d’avions, de radars – et je sais qu’ils ont contribué à patrouiller l’espace aérien », a en effet déclaré le contre-amiral Hagari, sans livrer plus de précisions.

Actuellement, les moyens militaires français déployés dans la région [dans le cadre de l’opération Chammal] se composent notamment de quatre Rafale, basés en Jordanie. La frégate de type La Fayette [FLF] Courbet est en mission en Méditerranée orientale au titre de « l’appréciation autonome de la situation ».

« La France a intercepté et neutralisé des drones iraniens qui survolaient des pays comme la Jordanie et l’Irak où se trouvent des emprises militaires françaises », a confirmé une source officielle française, citée par BFMTV. « Cette interception de drones iraniens a eu lieu pour assurer la protection des bases françaises et de facto a contribué à assurer la défense d’Israël », a-t-elle ajouté.

Photo : capture d’écran

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