Pour le Haut comité d’évaluation de la condition militaire, la promotion interne s’essouffle au sein des armées

L’escalier social, qui suppose de consentir des efforts pour grimper dans la hiérarchie, est une notion fondamentale pour les armées. Par le passé, celle-ci a été illustrée par Marcel Bigeard, qui, de coursier au sein d’une banque est devenu le général que l’on connaît [et même secrétaire d’État !] avec pour seul diplôme un brevet d’études élémentaires. Plus récemment, le « pacha » du nouveau sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Tourville a commencé sa carrière de marin en tant que matelot… Par ailleurs, 7,2 % des officiers et 21,5 % des sous-officiers ont un niveau CAP/BEP.

Mais, aussi fondamentale soit-elle, cette promotion interne, c’est à dire le changement de catégorie hiérarchique [de militaire du rang à sous-officier, puis de sous-officier à officier] tend à ralentir. Tel est le constat établi par le Haut comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM], dans sa dernière revue annuelle, qui vient d’être publiée par le ministère des Armées. Et cela, même si, en 2022, 7387 militaires [en tenant compte de ceux de la Gendarmerie nationale] ont changé de catégorie [soit +11,4 % par rapport à l’année précédente].

Si ce chiffre traduit une évolution positive en apparence, il est cependant trompeur pour deux raisons. D’une part, parce que ce résultat est en grande partie dû à la Gendarmerie nationale, 3600 de ses militaires étant passés à une catégorie supérieure en 2022 [soit 48,7 % du total]. D’autre part, parce qu’il concerne essentiellement les militaires du rang, qui représentent 85 % des changements de catégorie.

Or, souligne le HCECM, la promotion vers les corps d’officiers a dans le même temps baissé de 14,8 % par rapport à 2021. Même chose, dans des proportions encore plus importantes, pour « les engagements de volontaires comme militaires du rang » [-44 %].

Sur une échelle de temps plus large [2017-22], la promotion interne des militaires du rang vers les corps de sous-officiers a progressé de 26,7 %. Mais cette hausse a surtout été observée dans la Gendarmerie nationale [+66,5 % par rapport à 2017] et dans l’armée de Terre [+ 5,9 %, seulement]. En revanche, la tendance est à la baisse dans la Marine nationale [-12,7 %, toujours par rapport à 2017] et dans l’armée de l’Air & de l’Espace [- 11,2 %].

Cependant, le HCECM relativise ces chiffres. « Bien qu’on observe une progression du nombre de sous-officiers issus de la promotion interne dans les trois armées [+223 en 2022], leur part relative dans le flux total d’entrée dans les corps de sous-officiers est en légère baisse quasi-continue depuis 2014. Le recrutement externe de sous-officiers a en effet doublé sur la même période, passant de 2011 en 2014 à 4057 en 2022. Ainsi, le taux de promotion interne chez les sous-officiers a atteint son niveau le plus bas en 2021 [38 %], et a légèrement progressé de 3,1 points entre 2021 et 2022 », explique-t-il.

Quant aux militaires ayant obtenu « l’épaulette » [c’est à dire promus officiers] en 2022, leur nombre a baissé de 7,4 % au sein de l’armée de Terre et de 12 % dans l’armée de l’Air & de l’Espace. En revanche, il a progressé de 5,4 % dans la Marine nationale qui, souligne le HCECM, a « connu en 2021 le taux le plus bas de promotion interne de ces vingt dernières années ». Dans la Gendarmerie nationale, il a reculé de 7,4 % par rapport à 2021 et a « atteint son niveau le plus bas de ces dix dernières années ».

Par ailleurs, constate encore le HCECM, dans les armées, en 2022, le pourcentage de militaires promus officiers par rapport à l’ensemble des officiers recrutés la même année régresse de 6,4 points [539 personnes soit 33,5 % en 2022, 578 personnes soit 39,9 % en 2021] alors que le flux total d’entrée dans les corps d’officiers progresse de 11,1 % [1609 contre 1448 en 2021].

En clair, une plus grande place est donnée au recrutement externe aux dépens de la promotion interne.

« La baisse de l’attractivité du recrutement interne se traduit notamment par la baisse du taux de sélectivité. Il apparaît que l’accès à ‘l’épaulette’, qui implique des responsabilités accrues, une mobilité plus fréquente et le recul de dix ans pour l’accès à la pension à liquidation immédiate [PLI], est moins recherché depuis quelques années. Or ce mode de recrutement est particulièrement important dans notre modèle d’armée : il représente près de 33,5 % du recrutement en 2022 », explique le HCECM.

Cette tendance peut se mesurer en tenant compte du nombre de candidats aux différentes écoles formant les officiers recrutés par voie interne.

Ainsi, pour l’armée de Terre, l’École militaire interarmes [EMIA] a compté 3,31 candidats pour 1 admis en 2022 [contre 5,61 candidats pour 1 admis en 2014]. Cela « s’explique surtout par la forte hausse des places offertes [+ 55 % entre 2014 et 2022] accompagnée d’une baisse du nombre de candidats malgré une légère remontée en 2021 [le nombre de candidats a ainsi été divisé par 2 entre 2013 et 2019] », avance le HCECM.

La tendance est la même, quoique plus prononcée, pour l’École militaire de la flotte [EMF], avec 3,18 candidats pour 1 admis en 2022 [contre 9,5 candidats pour 1 admis en 2014]. Pour le HCECM, cette « situation rappelle celle qui a conduit à la mise en sommeil de l’École navale interne [ENI] en 2014 ». Enfin, le concours interne de l’École de l’Air et de l’Espace [CI-EAE] a vu le nombre de candidats chuter de 68 % entre 2013 et 2022, le taux de sélectivité s’établissant à 2,74 candidats pour 1 admis.

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52 contributions

  1. Mic dit :

    A la lecture du rapport,il existe vraiment un problème important voir grave…
    Il est complètement anormal que « les diplômes » freinent » la progression de militaires
    aguerris et qui, souvent, possédent de l’expérience et du savoir faire supérieur à leur supérieur hiérarchique…..
    Cela n’est pas sans rappeler ce qui se passe dans certaines entreprises ! Ou on préfère promouvoir un » chef » qui ne fait pas de vague, à la place d’un collaborateur qui n’hésite à mettre « sur la table » ce qui ne marche pas, même si cela implique des « chefs » et autres responsables !

  2. Alfred dit :

    La vraie question est donc: pourquoi cette desaffection des candidats potentiels dotés d’une expérience en interne? Peut être parce qu’ils savent ce qui les attend, et qu’ils ont déjà pris la décision de faire une deuxième carrière ailleurs. Peut être aussi parce qu’ils n’ont pas l’intention de sacrifier plusieurs années de leur vie pour un bénéfice limité en termes de satisfaction ultérieure . Et également parce que la carrière militaire future est largement conditionnée par les origines, et se décide dès le début. Certaines phrases entendues, comme « Quel est votre plan de carriere ? » et  » Je n’ai pas augmenté votre notation, parce que je note utile », ont par ailleur des effets ravageurs sur ceux qui les entendent. De même que le fait d’être l’adjoint de supérieurs moins expérimentés finit par lasser. Mais tout ceci se retrouve également dans le secteur civil

    • Julien dit :

      Tout a fait d’accord !

    • DP dit :

      @Alfred,
      C’est tout à fait ça !

      Mais il faut aussi se souvenir pour qui ou quoi on se bat ?

      Faire des opex aux « quatre coins du monde » et voir nos camarades se faire tuer ou estropier à vie sans parler de ceux souffrant de TSPT n’incite peut-être pas trop à « faire partie » des chefs même si cela ne relève du CDU… ou du CDC ???

      Souvenons-nous de nos braves poilus qui sont sont morts pour la France et morts au champ d’honneur et dont les noms sont inscrits pour toujours dans la pierre de nos Monuments aux morts et qui n’ont jamais reçu la Croix de guerre 14-18 même à titre posthume……alors que nous arborons des placards à la Bigeard sans avoir jamais défendu le sol français !!! 🙁

  3. Adnstep dit :

    Ben oui, officier, c’est des emm…s en plus, de la vie de famille en moins, et la différence de salaire n’est plus suffisante pour motiver les troupes

    • Thorgal dit :

      Et oui, exercer son métier d’officier honnêtement, c’est un véritable sacerdoce, avec pour la majorité, une fin de carrière sans gloire. Je m’inclus dans le lot.

      • Désolé de dire ça... dit :

        Petit témoignage… du vécu…
        Un soir tard à l’arrière d’un commerce de bricolage type grande surface… qui était donc fermé… je me trouvais à soulager un besoin…
        puis je retourne à ma voiture… quand boum… une patrouille de gendarmerie surgie à la vitesse de l’éclair…
        Monsieur… que faites vous là… bla bla bla…
        Je m’explique… mais un des 3 gendarmes ne veut rien savoir…
        Explications… bla bla bla… toujours rien… vous venez pour volé… bla bla bla…
        Les 2 autres gendarmes ont l’air d’avoir compris la situation… mais disent plus rien depuis plusieurs minutes…
        Je demande alors à parler ou contacter un gradé…
        Et là… boum… quel ne fut pas ma surprise…
        Celui qui comprend rien… c’est le gradé… le plus c..n de la caserne… désolé… mais c’est comme ça que je l’ai vécu…
        Et quand je lui fait remarquer que ses collègues ont pigé la situation depuis déjà 5 mins…
        Beh… y s’énerve… mais fini par réaliser… et m’engeule pour que je parte… alors que c’est lui qui me retient…
        Bref… bla bla… un grade n’est pas signe d’intelligence… c’est le plus virulent et violent qui grimpe…

    • Salins du Midi dit :

      Ne confondons pas rémunération et salaire.
      La rémunération des militaires n’est pas un salaire mais une solde.
      La rémunération des fonctionnaires n’est pas non plus un salaire, mais un traitement.
      C’est la rémunération des seuls salariés qui est un salaire.

      • SimLabeng dit :

        À part trois mots différent qui disent la même choses (recevoir quelques choses en échange d’un travail rendus), c’est quoi la différence?

        • Salins du Midi dit :

          Solde (pour les militaires), traitement (pour les fonctionnaires) et salaire (pour les salariés du secteur privé) sont tous des rémunérations, mais toutes les rémunérations ne sont pas des salaires.

        • Alfred dit :

          La solde rémunère les services accomplis par le militaire quelle que soit leur nature, et provient du budget de l’Etat. Elle ouvre droit à une pension qui est inscrite dans le registre de la dette de l’Etat. Le salaire versé par un employeur rémunère un travail défini contractuellement. Il ouvre droit à une retraite auprès du regime d’assurance auquel l’employeur et l’employé ont cotisé. La différence qui n’est pas flagrante peut le devenir en cas de « shut down » de l’Etat

      • De passage dit :

        Mais tous ces termes désignent une pratique commune : échange d’argent contre une prestation…
        Pas d’argent, pas de Suisses.
        Halte au sophisme étymologique.

      • Lothringer dit :

        Salaire dont l’origine du mot (étymologie latine) nous ramène à sel : salarium = ration de sel . Car les soldats romains étaient partiellement payés avec du sel qui était une denrée précieuse jusqu’à une date pas si lointaine (époque de la gabelle).

        La solde servant à payer…..les soldats.

        • FONTAINE dit :

          Sous l’ancien régime, le soldat touchait le prêt en début de campagne et la solde à la fin.

  4. PK dit :

    C’est surtout une image de notre société. L’ascenseur social est mort en France depuis que l’EN ne fait plus son travail et que les élus se cooptent au sein d’une même caste…

    On a un Premier Ministre qui n’a jamais travaillé et n’a jamais rien fait de sa vie, sinon avoir été pistonné toute sa vie… et quand je dis toute sa vie, je me comprends, vu la longueur de cette vie…

    Il n’y a pas de raison que l’image de l’armée soit décorrélée de celle de la nation…

    • Harry Kauver dit :

      En 1970, j’ai fait mon service comme professeur du contigent à l’Ecole militaire de Strasboug qui préparait des sous-officiers au concours de l’EMIA. me considérant moi-même comme un produit de « l’escalier social »( je préfère ce mot à ascenseur car il ne suffit pas d’apuyer sur un bouton) fils de maçon immigré et agrégé à 23ans, j’ai vu comment cette Ecole était efficace. Elle prenait en préparation pour un an des S-O titulaires du bac, pour deux ans des garçons qui avaient arrété leurs études en 2nde ou 1ere, passaient le bac puis préparaient le concours et enfin pour trois ans des garçons qui n’avaient souvent qu’une formation initiale primaire et qui faisaient pour une grande partie d’entr’eux le parcours complet. Tout cela marchait fort bien jusqu’à ce que Charles Hernu, pourtant largement autodidacte la supprime en 1983. En faisant cela on a détruit quelques marches de l’escalier…

      • Nimbus - parfois cumulo dit :

        Je suis d’accord avec vous pour le terme « escalier social » car je n’ai jamais pris l’ascenseur non plus dans des écoles qui n’en possédaient pas. La suppression de l’Ecole Militaire de Strasbourg a pu, bien sûr, vous surprendre mais il faut la resituer dans son contexte. Dans un premier temps on a recherché à recruter pour les écoles de sous-officiers en priorité des bacheliers puis on est parvenu au « bac pour tous » en appelant bac des formations professionnelles sans lien avec l’ancien bac. Cette École est donc devenue caduque avec les modifications importantes de l’éducation nationale ; de plus les exigences pour un bac général dans les années 70 sont aujourd’hui bien oubliées !

        • FONTAINE dit :

          Sans doute, mais l’école fut remplacée par une préparation au rabais, via les cours par correspondance, une vaste fumisterie.
          De plus l’EMS vous donnait de sérieuses bases mili.

      • Lothringer dit :

        « En faisant cela on a détruit quelques marches de l’escalier… »
        En détruisant les escaliers, on peut ainsi justifier l’octroi de crédits de recherche pour mettre au point la téléportation. Et tant qu’on a pas trouvé…on continue à chercher.

        OK, je sors.

    • Vevert250 dit :

      Pouvez-vous me citer les noms de 1er ministre qui ont travaillé depuis 40 ans en dehors de fonctions électives ou de la haute administration?

      • MAS 36 dit :

        Le pauvre Pierre BEREGOVOY.

        • Nimbus - parfois cumulo dit :

          C’était sans doute un bon ouvrier, mais devenu très tôt cadre syndical, il est passé par les formations intellectuelles réservées à l’époque à ceux-ci. Le PCF avait aussi son « école des cadres » avec cours du soir.
          Pour moi il est malsain de penser qu’un cadre administratif ou un énarque « ne fasse rien »… Mais il y a effectivement des gens de la classe ouvrière pour penser qu’assis derrière un bureau on ne fait rien…

    • Petit koala dit :

      Il n’a peut-être jamais travaillé dans une entreprise privée, mais dire qu’il n’a jamais travaillé est une aberration.

      • PK dit :

        Non, c’est une réalité. Faire de la politique, et surtout faire de la politique sans aucun résultat concret, n’est pas un travail.

    • aleksandar dit :

      L’EN fait ce qu’elle peut.
      Parlez en avec des instits, c’est pire que vous ne l’imaginez.

  5. Dhalvrlzhrvzl dit :

    Je suis désolé mais la méthode d’évolution officiers est injuste.
    On arrive en oral contre des gens qui sont viennent avec des BAC+5, parfois BAC+3 mais une année de VOA. Expérience d’etat major ( du moins responsabilités sur un p400 ou autre et le fait de côtoyer son commandant ) contre des gens qui côtoient ce niveau que quelques fois dans lannee.
    Par définition c’est « impossible ». Évidement que certains réussissent mais lorsque l’on vous dit en off : vous êtes filière en déficit, trouver un futur double BM c’est complexe, le taux t’attrition est fort, vous vous avez vos chance, alors que des officiers potentiels j’en ai beaucoup de disponibles.

    Argument imparable

    • Géo l'ignare dit :

      @ Dharvletc, votre pseudonyme n´est pas très lisible. mais votre texte non plus.
      Ne vous est-il jamais venu à l´idée que vos difficultés d´avancement pourraient venir d´abord de vous-même ?

  6. Oeil de Moscou dit :

    Pour l’EMF, la filière « Officiers de marine » est « suspendue. Il ne s’agit que de la filière Officiers spécialisés

  7. golf dit :

    Le tabouret social armée air qui est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire consiste à transformer un infirmier major en officier des subsistances ou un analyste renseignement en officier basier. Cette gestion calamiteuse ferait sourire s’il ne s’agissait pas de la ressource de compétences pointues.

    • Jean dit :

      l’ascenseur ?
      Celui lui qui se sort les doigts constate et veux corriger les problèmes..
      puisqu’il constate les problèmes, il devient lui même un problème, puisqu’il « n’y avait pas de problème avant qu’il les relève…
      il est donc sanctionné…

      le mauvais, qui ne fait rien et ne vois donc pas les problèmes est donc un bonne élément puisqu’avec lui il n’y a pas de problème… on le félicite et on le promeu…

      ça s’appelle la vie réelle..

      • golf dit :

        Tabouret,escalier,ascenseur,il y a même la fusée qui place un sergent mecano fil tout en ratant ses examens et concours militaire arrive majestueusement au grade de colonel plein, cela est promotionnel. Ainsi les cinq problèmes sont résolus !

  8. PHILIPPE dit :

    Marcel Bigeard puis plus récemment, le capitaine de frégate Guillaume Egret, le « pacha » du nouveau sous-marin nucléaire d’attaque Tourville sont effectivement de brillants exemples.
    De beaux parcours il y en a eu aussi parmi ceux qui, à l’origine, sont entrés à l’armée via le service national :
    * qui a piloté le démontage du plateau d’Albion ?
    * qui connaît Michel Yakovleff ?
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Yakovleff
    En France, privé ou public, malheureusement le diplôme enferme trop souvent son titulaire dans un faisceau d’évolution prédéterminé alors que ce ne devrait être qu’un point de départ si la hiérarchie jouait pleinement son rôle.

    • Nimbus - parfois cumulo dit :

      À l’époque où Michel Yakovlev était à l’ESM, la 6° RM était commandée par un ancien ORSA. Un aspi passant le concours de l’ESM après reprise de prépa cela arrivait tout de même assez rarement !
      Tous les gens qui ont passé un diplôme sans faire d’efforts ensuite, ont fait des carrières assez médiocres. Le diplôme est un niveau et doit être un tremplin si on poursuit son effort, si on se recycle perpétuellement. Dans toutes les unités on peut constater que l’école d’origine ne fait pas tout. Chez les civils ingénieurs, architectes profs ou avocats on peut trouver aussi des ratés de la même manière.

  9. Delta Zulu dit :

    «  responsabilités accrues, une mobilité plus fréquente et le recul de dix ans pour l’accès à la pension à liquidation immédiate»
    Tout est dit.
    A cela s’ajoute l’imprévisibilité du poste à l’issue.
    Comment convaincre un sous-officier, à quelques années de la quille, à qui on propose éventuellement une PSR (prime de lien au service), et pour qui le secteur civil est porteur, de concourir pour un poste certes mieux payé, mais avec un nouveau lien au service, une PLI décalée et surtout le risque de déraciner 2 ou 3 fois (encore) une famille qui a déjà parfois 15 ans de vie militaire dans les pattes ?
    J’ai des s/off AAE très pointus qui convoitaient une place sur le même site, exactement dans leur domaine d’expertise, qui se sont fait affecter à l’autre bout de la France dans un domaine où ils sont ignorants… Retour au célibat géo…
    La chute vertigineuse du nombre de candidatures AAE cette année est assez sidérante.
    Un autre exemple est la comparaison des statuts entre OSC et officier de carrière, au bout d’un certain nombre d’années les soldes peuvent être très proches (ex pour le personnel navigant) pour un niveau de responsabilité souvent peu d comparable. Les uns sont libérables avec prime au bout d’une quinzaine d’années, les autres restent en mariage forcé durant 27 ans.
    Il y a un vrai travail (colossal) à venir sur l’acceptation de laisser partir les gens au lieu de les retenir par la force. Une bonne proportion reviendrait (d’active ou de réserve) avec des apports non négligeables du civil (une vision moins militaro-centrée) car la soupe n’est pas si mauvaise, et l’esprit et le sens de la mission sont souvent ce qui animent la plupart des militaires (différent du but financier poursuivi par une majorité d’entreprises).

  10. who? dit :

    ils oublient de parler de la mobilité qui est un sacré frein au changement de categorie.
    Par contre le niveau pour etre S/off a baissé et la facilité pour les Mdr à passer S/off est accrue.
    Le resultat est vraiment moche à voir.
    Dans tout les cas il y a un problème de pyramide donc je ne vois pas l’interet de faciliter les changement de categories.

  11. Thierry le plus ancien dit :

    bof, même pas surpris et ça m’étonne qu’ils s’étonnent d’avoir des problèmes de recrutement, même chez Mac Do les employés passent Manager assez facilement et rapidement pour peu qu’ils soient motivés.
    Dans l’armée française vous pouvez être motivé, volontaire et compétent, et ne pas bouger de votre rang…
    C’est toute la société française qui est ainsi sclérosé, perso je m’en contrefiche totalement, ça ne me concerne même plus et je ne suis pas de ceux qui en ramassent les morceaux ou en payent le prix.

  12. Robmac dit :

    Les commentaires rejoignent ce que l’on constate dans le civil : on privilégie les diplômes obtenus dans la jeunesse sur le savoir faire développé dans l’activité. Il faut l’un ET l’autre pour qu’une entreprise, quelle qu’elle soit, fonctionne bien.

    Mais attention à la recherche de promotions qui sont des pièges : ainsi dans l’informatique par exemple, un brillant chef de projet, qui devrait progresser dans des projets de plus en plus complexes au vu de son expérience, deviendra suite à une promotion un mauvais directeur, submergé par des problèmes de gestion, de personnel et administratifs qui en fait ne l’intéressent pas …

    Les diplômes permettent d’acquérir plus vite une bonne expérience, mais après c’est le savoir faire qui compte. Les progressions peuvent se faire à des rythmes différents selon le niveau de départ, mais doivent pouvoir se faire dans les deux cas.

    • Robmac dit :

      En illustration de mon commentaire, j’ai eu comme collègue un informaticien de très haut niveau qui n’avait que son certificat d’études ! J’ai aussi connu l’inflation des diplômes dans ce métier, où il faut aujourd’hui un master pour faire ce que l’on faisait avec le bac et quelques années d’expérience. Le diplôme permet d’être opérationnel plus vite sur le court terme, mais il n’est synonyme ni de motivation ni d’inventivité.

      Mais bien entendu, pour gérer des projets de haut niveau, il faut avoir un haut niveau.

    • Fonctionnaire territorial, ancien mili dit :

      @ Robmac, dans le privé je ne sais pas mais je peux parler de la Fonction publique.
      Le système d’avancement dans la fonction publique vaut d’être connu. En principe, c’est un avancement au mérite comme dans les armées. Dans la pratique cependant, l’avancement au choix (où l’évaluation du mérite est très subjective) est prédominant. L’avancement par concours anonyme existe mais est très minoritaire.
      .
      Les syndicats de la fonction publique sont attachés à ce système d’avancement au choix parce qu’ils y sont obligatoirement associés depuis une loi socialo-communiste de 1983.
      En réalité, plus que d’être seulement associés à l’avancement, les syndicats y ont un rôle déterminant. Ce rôle qui date de 1983 leur permet de survivre : 15% des fonctionnaires sont syndiqués, les mêmes 15% sont grévistes lorsque les syndicats lancent un ordre de grève. Ces 15% sont les fonctionnaires qui espèrent un avancement au choix dans l’année en cours ou l’année suivante.
      .
      La Gendarmerie a très bien joué en acceptant l’existence d’amicales professionnelles : celles-ci sont des organes de concertation qui n’ont pas le pouvoir de nuisance des syndicats.

  13. Speedbird 101A dit :

    un des patrons de Boeing a commencé sa carrière comme simple tourneur fraiseur….j’ai connu aussi des collègues qui ont ete chauffeurs de taxi,CRS,ou stew avant d’être commandant de bord sur Boeing 747….tout comme en marine marchande un ancien maître d’hôtel devenir commandant de supertanker….au départ tous ces gens avaient un niveau BEPC….en général tous ces profils qu’ils soient civils ou militaires
    ,parce que ils connaissent précisément leur
    métier sous tous les rouages ,font souvent des carrières d’officier hors normes….avec des qualités
    humaines hors normes …

    • Bench dit :

      @Speedy : « un des patrons de Boeing a commencé sa carrière comme simple tourneur fraiseur » , p’têt pas une bonne idée quand on voit les déboires de Boeing aujourd’hui.
      Quant à vos autres exemples, qui reflètent une certaine réalité, je ne les trouve pas pertinents en regard du thème de l’article. Passer de CRS à commandant de bord sur 747 suppose un changement radical de profession qui passe par une formation adéquate qui n’est pas donnée à tout le monde. Un maitre d’hôtel, fût-il embarqué, n’est pas un marin et devra aussi passer par les bancs de l’école pour accéder à des responsabilités de naviguant. Bref, impossibilité de grimper dans les niveaux de responsabilité pour une seule et même personne pour des métiers différents. Et ce quelles que soient les qualités humaines de ces personnes.

  14. PHILIPPE dit :

    Au global, dans tous les domaines, si elle veut retenir l’armée doit faire l’effort de s’adapter rapidement.
    Il est d’ailleurs regrettable qu’elle ne l’ait pas déjà compris.

  15. Ancien Brution dit :

    Le HCECM semble oublier un élément important : les lycées militaires qu´il ne faut pas oublier parce qu’ils recrutent selon le niveau scolaire et non selon les moyens financiers des parents, c’est à dire la catégorie sociale.
    .
    Nos écoles d´officiers recrutent des candidats présentés, entre autres, par les lycées militaires.
    De ce fait « l´escalier social militaire » commence à être gravi avant l´entrée dans l´armée.
    .
    C’est mon cas : d´origine sociale très modeste, je voulais m´engager comme simple soldat (je n´imaginais pas devenir officier).
    De façon inattendue mes résultats aux tests de sélection m´ont orienté vers le Prytanée pour préparer (et réussir) Saint-Cyr.
    .
    Je ne suis pas un cas particulier : plusieurs de mes camarades ont bénéficié du même cursus.
    Il est bien dommage que le HCECM ignore cet aspect des choses.

  16. youplaboum dit :

    Beaucoup pleurent sur ce que l’accès à l’épaulette serait outrancièrement compliqué/biaisé alors que les taux de sélectivité ont baissé… Peut-être sont-ce les mêmes qui pensent qu’une carrière d’officier est une thalassothérapie sous des cascades de lait dans un étang de miel. Alors oui, l’indice de solde gnagnagna, mais entre la concurrence largement plus marquée que dans les corps de haut fonctionnaire, l’opacité des calendriers de mutation, un plan de carrière qui ne privilégie que les pointes de tungstènes… et les pires des cas soc’, laissant la vaste majorité -y compris ciels issus des voies royales- faire les shadocks dans le purgatoire des S/J/CJ 3- 35-5 pour des durées indéterminées, mais toujours trop longues, eh bien peut-être, oui peut-être, qu’il y a aussi une question d’attractivité à la source de ce désintérêt. Enfin, moi…

  17. Speedbird 101A dit :

    @bench ….
    je ne vous saisis pas…je viens de vous donner des exemples bien concrets de gens très modestement partis du bas pour accéder aux plus hautes responsa
    bilités en ayant bosse très dur et sans triche….

  18. Bench dit :

    Relisez l’article et mon post et vous saisirez.