Les Pays-Bas veulent être le « moteur » de la coopération européenne pour les frégates de défense aérienne

D’un format relativement modeste, la Marine royale néerlandaise [Koninklijke Marine] va changer de visage dans les années à venir, avec le renouvellement de la quasi totalité de sa flotte, alors que certains de ses navires sont relativement récents.

Ainsi, les Pays-Bas ont l’intention de remplacer leurs quatre sous-marins appartenant à la classe Walrus [l’un d’eux a déjà été retiré du service] dans le cadre du programme WRES, pour lequel trois industriels européens ont été sollicités, à savoir le français Naval Group [Shortfin Barracuda], l’allemand Thyssenkrupp Marine Systems [type 212CD] et le suédois Saab Kockums, qui s’est associé à Damen pour proposer le C718, un sous-marin développé à partir de la classe A26 Blekinge. Une décision est attendue dans le courant du premier trimestre 2024.

Le remplacement des deux navires d’assaut amphibie de la classe Rotterdam est aussi à l’étude. A priori, les Pays-Bas envisagent d’établir une coopération avec le Royaume-Uni à cette fin, les deux pays ayant fait part de leur intention « d’explorer les opportunités » pour développer conjointement de nouveaux bâtiments « spécialisés » en juin 2023.

En attendant, deux coopérations ont été nouées avec la Belgique : l’une dans le domaine de la guerre des mines, avec le programme rMCM, confié à Naval Group et à ECA Group, l’autre en matière de lutte anti-sous-marine, avec l’achat mutualisé, auprès de Damen, de quatre frégates ASWF. Pour la Marine royale néerlandaise, ce projet permettra de remplacer ses deux frégates de la classe Karel Doorman, en service depuis près de trente ans. À noter qu’une troisième unité pourrait être commandée, selon le site spécialisé Marineschepen.

Enfin, il est également question de remplacer les quatre frégates de défense aérienne appartenant à la classe De Zeven Provinciën, progressivement admises au service actif au début des années 2000. En décembre 2020, les Pays-Bas et l’Allemagne signèrent un accord en vue de développer un modèle commun de frégate, dans le cadre du programme FuAD [Future Air Defender]. Seulement, cette coopération a visiblement fait long feu, a priori à cause d’une divergence de vue sur les capteurs devant équiper les futurs navires.

En tout cas, le ministère néerlandais de la Défense a l’intention de lancer ce programme sans tarder. En effet, le 1er mars, il a annoncé qu’il remplacerait les quatre frégates de défense aérienne de la Koninklijke Marine au cours des quinze prochaines années.

« L’industrie navale néerlandaise sera étroitement impliquée dans ce projet qui, avec un budget de plusieurs milliards d’euros, est le plus grand projet maritime sur lequel la Défense travaille actuellement », a-t-il précisé, via un communiqué. En clair, ce programme devrait être confié à Damen et à Thales NL.

« Selon cette approche, ce projet va renforcer l’industrie de défense néerlandaise, dans un secteur dans lequel les Pays-Bas occupent une position de premier plan. Il contribuera aussi au renforcement de l’autonomie stratégique européenne », a souligné Christophe van der Maat, le secrétaire d’État néerlandais à la Défense.

Cependant, l’idée de nouer des partenariats n’est pas abandonnée. « Le Danemark, l’Allemagne et la Norvège envisagent également de remplacer bientôt leurs frégates. Avec ce projet, les Pays-Bas veulent jouer le rôle de moteur et de catalyseur de la coopération », a fait valoir le ministère néerlandais de la Défense.

La quatrième et dernière frégate issue de ce programme « devrait être pleinement opérationnelle en 2041 », soit cinq ans après la livraison de la première unité. Ce qui signifie que la « flotte actuelle continuera donc à naviguer jusqu’à deux ans de plus que prévu », a-t-il indiqué.

Photo : Torsten Bätge – CC BY 2.5