Singapour a l’intention de commander 8 chasseurs-bombardiers F-35A

En 2019, le ministère singapourien de la Défense fit savoir qu’il considérait le F-35 de Lockheed-Martin comme étant le seul avion de combat disponible sur le marché susceptible de remplacer avantageusement les F-16 mis en oeuvre par sa force aérienne. Cette décision n’était pas une surprise puisque Singapour avait rejoint le programme F-35 en 2003, en qualité de « participant à la coopération en matière de sécurité ».

Cela étant, il restait à déterminer le modèle de cet appareil qui serait le mieux adapté aux besoins de la force aérienne singapourienne, le F-35B [à décollage court et à atterrissage vertical] étant alors en balance avec le F-35A [version classique].

Cependant, la cité-État se décida à acquérir quatre F-35B à des fins d’évaluation. Ce choix semblait alors cohérent, ses infrastructures aéroportuaires étant limitées. Seulement, les capacités de ce modèle étant moindres par rapport à celles du F-35A, les jeux n’étaient pas faits…

Quoi qu’il en soit, en janvier 2020, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains dans la cadre de la procédure dite FMS [Foreign Military Sales] publia un avis autorisant la vente potentielle à Singapour de quatre F-35B, assortie d’une option pour huit exemplaires supplémentaires. Le montant du contrat était alors estimé à 2,75 milliards de dollars.

En juillet de la même année, et afin d’accélérer le processus, la force aérienne singapourienne profita de l’exercice Pitch Black, organisé en Australie, pour se faire une idée plus précise sur les deux variantes de l’avion de Lockheed-Martin. Elle y engagea deux détachements, l’un auprès d’un escadron de l’US Marine Corps doté de F-35B, l’autre auprès d’une unité de la Royal Australian Air Force équipée de F-35A.

En février 2023, le ministre singapourien de la Défense, Ng Eng Hen, livra son verdict en annonçant que l’option sur les huit F-35B allait être levée, portant ainsi à douze le nombre d’appareils de ce type commandés. Pour autant, il n’est pas question pour la cité-État de s’en tenir là.

En effet, le 28 février, à l’occasion d’un débat parlementaire sur le budget de son ministère, annoncé en hausse de 2,5 % pour s’établir à 15 milliards de dollars [soit l’équivalent de 3 % du PIB], Ng Eng Hen a fait savoir que la force aérienne singapourienne avait l’intention de se procurer huit F-35A, en plus des douze F-35B.

« Nous avons fait nos calculs et nous pensons que c’est le meilleur moment pour passer une commande de F-35A », a-t-il fait valoir, avant de souligner qu’accélérer le plan d’acquisition des F-35 placerait la force aérienne du pays en « première division ». Les « variantes ‘A’ et ‘B’ conviennent toutes deux aux espaces terrestres limités de Singapour », a-t-il par ailleurs noté.

Pour rappel, les capacités militaires de Singapour sont conséquentes, au regard de sa superficie [730 km²] et de ses 5,4 millions d’habitants. Celles-ci reposent sur 190 chars Leopard 2 [la France n’aligne que 200 Leclerc, ndlr], 6 frégates, 4 sous-marin et un centaine d’avions de combat [60 F-16 et 40 F-15SG], soutenus par 6 avions ravitailleurs A330 MRTT.

Cet effort significatif, rendu possible grâce une santé économique vigoureuse, s’explique en grande partie par le sentiment d’isolement face à la Chine et des relations difficiles avec la Malaisie, en raison d’un différend territorial portant sur le détroit de Johor.