Le Service de santé des armées va organiser ses hôpitaux en fonction de trois « capacités différenciées »

Présenté en 2013, le plan stratégique SSA 2020 prévoyait d’adapter le Service de santé des armées [SSA] aux contraintes budgétaires du moment en mettant ses moyens en adéquation avec la réduction du format des forces qui avait été décidée dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques [RGPP] et de la refonte de la carte militaire.

Il était notamment question de supprimer 2000 postes [sur 16000], de regrouper les écoles de santé et de différencier les huit hôpitaux d’instruction des armées [HIA] restants, après la fermeture de celui du Val-de-Grâce.

Ainsi, les HIA Bégin [Saint-Mandé], Percy [Clamart], Laveran [Marseille] et Sainte-Anne [Toulon] devaient conserver les « compétences indispensables à la prise en charge des blessés de guerre et des moyens humains et matériels nécessaires aux projections d’unités médicales sur les théâtres d’opérations et aux évacuations médicales stratégiques » tandis que les HIA Desgenettes [Lyon], Clermont-Tonnerre [Brest], Robert Picqué [Bordeaux] et Legouest [Metz] étaient appelée à se rapprocher du système de santé civil, mais avec des moyens réduits.

Seulement, avec la hausse du format des armées, amorcée dès 2015, il apparut que la réforme du SSA avait été beaucoup trop loin. Il fut donc décidé de suspendre le plan SSA 2020, dont la poursuite « aurait vraiment porté atteinte à la capacité intrinsèque de ce service », selon Florence Parly, alors ministre des Armées. Mais il n’était pas pour autant question de revenir sur la différenciation entre les HIA… Cependant, l’hôpital Clermont-Tonnerre devait finalement y échapper, en raison de son rôle dans la dissuasion nucléaire.

Cela étant, en octobre 2021, le ministère des Armées annonça la transformation de l’HIA Desgenettes en « antenne hospitalière », faute d’avoir pu sceller un partenariat avec les Hospices civils de Lyon. Et cela devait se traduire par une réduction de ses effectifs. Au regard du nombre d’unités et de formations présentes dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, cette décision ne manqua pas d’être contestée. Fraîchement nommé ministre des Armées, Sébastien Lecornu décida par la suite de suspendre toutes les transformations du SSA, dans l’attente de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30.

Depuis, et dans le cadre de cette dernière, le SSA a élaboré une nouvelle « feuille de route ». Validée en octobre dernier, elle a déjà commencé à être mise en oeuvre. Ainsi, l’HIA Desgenettes ne sera finalement pas transformé en « antenne hospitalière »… mais en « hôpital spécialisé des armées » [HSA], avec la mission de se concentrer sur la prise en charge physique et psychique des blessés. Mais il n’en reste pas moins que cette nouvelle appellation ne change pratiquement rien à la décision qui avait été prise à son sujet en octobre 2021.

Dans le détail, la feuille de route du SSA, qui a été rendue publique la semaine passée [.pdf], accentue la différenciation entre hôpitaux militaires. Désormais, ceux-ci seront classés selon trois catégories.

Ainsi, l’HIA de Bordeaux connaîtra le même sort que celui de Lyon. Les HIA de Brest et de Metz deviendront des « hôpitaux régionaux d’instruction des armées » [HRIA], leur offre de santé devant être « adaptée aux besoins spécifiques des forces armées [soutien de la force océanique stratégique, dissuasion nucléaire, gestion de crise NRBC].

Enfin, même si cela ne change rien à la vocation première, les quatre autres HIA seront désormais des « hôpitaux nationaux d’instruction des armées » [HNIA]. Leur mission sera, « en temps de paix comme de crise », d’assurer la « prise en charge complète et pluridisciplinaire des militaires blessés [français et alliés] grâce à une offre de santé adaptée et de pointe, et des pôles d’excellence adaptables ».

En outre, le HNIA NG [pour nouvelle génération] qui sera construit à Marseille est décrit dans cette feuille de route comme étant « emblématique de la future capacité hospitalière militaire ». Et le document d’ajouter : « Véritable outil de défense, il participera pleinement au contrat opérationnel du SSA en étant un concentrateur de compétences pour une prise en charge optimale des blessés ».

Le SSA explique que cette différenciation vise à « adapter » ses hôpitaux « aux nouveaux enjeux stratégiques ». Il s’agit ainsi de « se recentrer prioritairement sur les besoins des armées et la prise en charge des blessés, y compris lors d’un afflux massif », de « former des équipes chirurgicales projetables pour conserver une chaîne de santé opérationnelle, complète et autonome », de « consolider les pôles d’excellence et d’expertise » et de « repenser les coopérations avec le ministère de la Santé et de la Prévention, particulièrement en cas d’opération de grande envergure ».

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25 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    6 Caracal et 3 C-295 pour le SSA.

    Pi une grosse réserve d’hémoglobine de ver marin (et de « produits dérivés » de celle-ci).

    Fabriquons un « pansement-lacé/lacets » : deux bandes adhésives reliées entre elles par des lacets, et ce, afin de refermer sommairement et rapidement des plaies ouvertes. On place les bandes adhésives de part et d’autre de la plaie, pi on serre les lacets pour recoller un tant soit peu les chairs. Un bandage ou des bandes adhésives supplémentaires pour maintenir le pansement-lacé/lacets en place, un pansement compressif/israélien par-dessus, pi roule ma poule !

    • Tu abuses un peu... dit :

      Ou comme les russes… un tampax dans le trou de la balle… ça marche aussi dans le trou de balle

    • Tih Yellow dit :

      Qu’est ce qu’ils feront des H225 et des C295? et surtout où est-ce qu’ils atterriront les C295?
      L’armée de l’air fournit déjà les avions Evasan et Morphée.

      • Félix GARCIA dit :

        Caracal —> EVASAN sous le feu.
        C-295 —> Faire le relai entre les hélicos et les A330/A400M ou entre les hélicos et la France directement depuis des terrains sommaires, mais aussi, ne pas dépendre de la disponibilité opérationnelle des A400M/A330 et « optimiser » l’utilisation de ces derniers.

        • Tih Yellow dit :

          H225M et Caracal sont exactement la même chose, et d’ailleurs il y a aussi le NH90 qui sert d’EVASAN, donc on a largement assez d’hélicoptères pour la mission EVASAN.
          Un C295 ne servira strictement à rien si c’est pour faire un relais un terrain sommaire et une piste dure.
          En effet, on dispose du C235 qui peut le faire. Ensuite, en fonction du nombre de blessés et de leur gravité, avant le rapatriement en France Métropole, ils passeront pas un hôpital de campagne, c’est pas le CASA qui ira le ramener d’Afrique ou autre tout seul.
          En fonction du nombre de blessés, le rapatriement se fera du Falcon jusqu’à l’A330MRTT en passant par l’A400M.
          Conclusion, hélicoptère et C295 inutile. Ce qu’il faut, c’est des soignants et des structures plus importantes que le maigre SSA qu’on dispose à l’heure actuelle.

          • Félix GARCIA dit :

            😮
            Grâce à vous, je me suis rendu compte que je confondais C-235 et C-295, prenant l’un pour l’autre.
            Je pensais aux CN-235.
            Merci à vous.

            « on a largement assez d’hélicoptères pour la mission EVASAN »
            « c’est pas le CASA qui ira le ramener d’Afrique ou autre tout seul. »
            Et en cas de guerre bien sévère (engagement majeur / conflit de haute-très haute-hyper intensité …) avec nombre de blessés ?
            —> Caracal dédiés à la « ResCo terre ».
            —> Les A330/A400M pour les besoins urgents, les CN-235 pour les autres.

            « Ce qu’il faut, c’est des soignants et des structures plus importantes que le maigre SSA qu’on dispose à l’heure actuelle. »
            Je suis bien d’accord avec vous, là est la priorité.

            PS : Je suis toujours prêt à entendre que mes idées sont débiles.
            ^^

    • Félix GARCIA dit :

      (je n’exclus pas les garrots/tourniquets)

  2. Joseph dit :

    On leur a dit de se préparer à la guerre ?

  3. speedbird101A dit :

    Ah Percy…et ses fourbes médecins du PNT, grand tireurs de vers du nez …..j’ai du y aller une trentaine de fois pour renouveller mon class 1 JAA …..

    • Cockpit dit :

      C’est sûr que si vous leur disiez les mêmes chose qu’à nous, ils avaient de quoi se poser quelques questions.

      • speedbird101A dit :

        …………@ Cockpit …….Mais je te signale que je faisais comme tous les collégues PNT, c’est à dire que je ne leur disait RIEN aux toubibs !! légendaire omerta du PN oblige …. on protége avant tout nos salaires …..car par définition ,on ne raconte jamais sa vie à un toubib aéro ….par conséquent , comme il n’avaient pas de réponses à leurs questions ou alors des réponses trés laconiques et évasives ,du coup j’adorais les voir contrariés sans que çà me porte préjudice sur ma licence …

        • Ceci cela dit :

          Le pronom démonstratif « ça » ne prend pas d’accent.

          Sans que ça me porte préjudice.

        • PK dit :

          Faut dire que ça ne « vole » pas toujours très haut… Il est assez facile de truander les tests audio et vision 😀

        • Pb75 dit :

          « Légendaire omerta du PN » ou, plutôt, très évitable culture de l’infaillibilité qui est tout ce qu’il faut éviter. On a beau répété le « just culture » matin, midi et soir, il faut constater que ça a du mal à rentrer. Il faut noter que le défaut de plasticité mentale est (également) un problèmes en termes de facteur humain en accidentologie aéronautique : les éléments de risque s’accumulent. JDCJDR

  4. Meillonnas dit :

    Le HIA Percy devrait être considéré comme l’hôpital de référence en France.

  5. United We Conquer dit :

    Le mal a été fait pour l’avoir vécu de l’intérieur, le passage du SSA 2020, j’ai vu les postes de soutien sauter les uns après les autres (j’ai eu mal pour le service de santé, bien qu’étant marin). Maintenant pour rétro pédaler, il va falloir godiller sévère, l’outil a du plomb dans l’aile et il faudra une bonne décennie pour se relever à condition qu’il y ait une véritable volonté d’y mettre les moyens est non pas de coller un sparadrap sur une jambe de bois, un comble pour les toubibs.

    • blavan dit :

      On a vu nos sous capacités de médecine militaire quand le pacha du TCD au large de Gaza s’est fait piégé par les journalistes en annonçant qu’il n’était en capacité que de recevoir 2 blessés lourds à bord. La crise du covid nous a également révélé la difficulté de mettre en oeuvre des hôpitaux de terrain. Bref, on s’est trop reposé sur les structures civiles pour faire des économies avec une fausse idée des bénéfices de la paix éternelle qui arrangeait bien nos dirigeants.

    • Trop peu et trop tard dit :

      Le mal est fait au point que certains toubibs réforment leurs collègues pour qu’ils ne fassent pas leurs années dues à l’Institution en échange de leurs études. Le SSA est en soins palliatifs.
      https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/11/02/le-ssa-grand-corps-malade-23426.html

  6. LaMeuse dit :

    Beaucoup de compassion après les coupes budgétaires, mais quels choix individuels ?
    Pour ma part, je suis fidèle à Percy malgré les heures de transport pour s’y rendre, par principe.

  7. nico8306 dit :

    Ok, mais quid de Ste Anne à Toulon qui opère toute l’année dans el service d’oncologies par ex ? sans cela le civil serait dans la panade

  8. Bob dit :

    Finalement, il a fallu attendre 11 ans depuis la réforme de 2013 en passant par le covid et l’invasion à grande échelle de l’Ukraine pour le SSA change quelque peu malgré les effets d’annonce de Brienne ou de Bourbon. Il faut noter le manque de planification et de précaution indigne à ce niveau de responsabilité.