MBDA va intégrer son missile antichar Akeron MP sur le drone VTOL grec Atlas 8 Heavylifter

Une semaine après s’être entendu avec le groupe suédois Saab sur une feuille de route visant à développer de nouvelles capacités pour son missile antichar Akeron MP [ex-Missile Moyenne Portée], notamment en matière de tir au-delà de la vue directe, MBDA vient d’en faire de même en Grèce, dans le cadre de son initiative « R&D Booster », laquelle vise à développer des coopérations « pérennes » en Europe.

Ainsi, le 6 février, MBDA a signé un protocole d’accord avec le groupe Miltech Hellas afin de mettre au point un « kit de lancement » du missile Akeron MP destiné aux « tourelles automatiques légères dotées de canons de faible calibre ».

Il s’agit du troisième accord scellé par le missilier avec le groupe grec en un peu moins de deux ans. En 2022, lors du salon Euronaval, MBDA et Miltech Hellas avaient signé un contrat de recherche et de développement [R&D] afin de développer de « nouveaux matériaux furtifs dans la bande spectrale infra-rouge pour des applications militaires ». Il s’agissait alors de s’appuyer sur l’expertise de l’Université de Patras dans le domaine des « matériaux micro/nanophases, moléculaires hybrides et biophases ».

Conclu en octobre dernier, le second accord portait sur la « fabrication de câbles pour les lanceurs » des missiles Aster [surface-air] et Exocet [antinavires].

Outre Miltech Hellas, MBDA a établi une coopération avec Altus LSA, avec l’objectif de bâtir une offre de drones « tactiques » armés de missiles Akeron MP.

« Cette coopération va débuter par la validation de l’intégration des missiles Akeron MP sur le nouveau drone Atlas 8 Heavylifter d’Altus », précise MBDA.

Dévoilé l’an passé, l’Atlas 8 Heavylifter est un drone de type VTOL [à décollage et à atterrissage vertical] pouvant emporter une charge utile de 40 kg sur une distance de 80 km. Pouvant servir à ravitailler des troupes [munitions, rations, matériel médical], cet appareil est également en mesure de larguer jusqu’à 24 obus de mortier de 60 mm. L’enjeu sera donc de faire en sorte qu’il puisse emporter plusieurs exemplaires du missiles Akeron MP, dont la masse est d’environ 11 kg au lancement.

« La signature de ces deux nouveaux accords, dans le cadre du partenariat stratégique entre la France et la Grèce, vise à développer des activités sur le long terme avec l’industrie hellénique, et scelle toujours plus la relation privilégiée entre nos deux pays. Elle démontre la capacité de MBDA à renforcer encore la coopération industrielle en Europe, une notion qui réside au cœur même de notre ADN », a commenté Éric Béranger, le PDG du missilier.

Missile dit de 5e génération, l’Akeron MP affiche une portée maximale de 5000 mètres. Il est doté d’une charge militaire polyvalente et d’un autodirecteur bi-bande visible/infrarouge non refroidi lui permettant de « traiter » les cibles chaudes ou froides [abris durcis, véhicules blindés, etc.]. Il repose sur plusieurs technologies, dont la charge multi-effets, la liaison de données haute performance par fibre optique, le traitement d’image, les interfaces homme-machine.

Pour rappel, en mai dernier, MBDA a inauguré un bureau permanent à Athènes, afin de faciliter ses opérations dans le pays [comme, par exemple, la rénovation à mi-vie des missiles SCALP et celles liées aux contrats Rafale et FDI], d’accroître ses investissements et d’amplifier ses coopérations avec les industriels grecs.

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24 contributions

  1. LEONARD dit :

    Missiles toujours, mais plus gros:
    La RuZZie a tiré pour la 1ère fois sur l’Ukraine un missile ZM22 ZIRKON:
    https://twitter.com/front_ukrainian/status/1755243658436088156
    Pas encore d’infos pour savoir si c’est un débris après impact ou après interception.

    • dolgan dit :

      En tout cas, il a raté sa cible. La destruction de ce trottoir ne justifiant pas l usage d un tel missile.

    • joe dit :

      Ils finiront par lancer des missiles balistiques (avec t^te conventionnelle) par faute d’autres options ou pour juste épuiser les stocks des Ukrainiens. Problème : des bombardements massifs n’ont jamais fait tomber un pays et ce qui se passe en Ukraine est loin d’être massif en terme de tirs de missiles ou drones iraniens et encore moins efficace militairement.

    • VinceToto dit :

      « après impact ou après interception »
      Il y a toujours impact à moins que le missile, ou les débris, ne parte dans l’espace.
      « Pas encore d’infos »
      Forcément. Pas grave: il vous reste les curly https://youtu.be/Y4LT7EbnxBY

  2. Félix GARCIA dit :

    Une façon détournée de faire un « Akeron TLP » (Très longue portée).
    Habile.
    https://www.youtube.com/watch?v=18SNR9c09is

    On sait quoi faire avec les SkyCarrier :
    « La Section technique de l’armée de Terre teste le concept d’un « drone bombardier » »
    https://www.opex360.com/2023/03/25/la-section-technique-de-larmee-de-terre-teste-le-concept-dun-drone-bombardier/

    « L’enjeu sera donc de faire en sorte qu’il puisse emporter plusieurs exemplaires du missiles Akeron MP »
    Le genre de cible qui mériterait d’être « traitée » au MISTRAL 3 de notre côté.

    • Chasseur de trolls dit :

      La portée du missile est limitée par la longueur de la fibre optique, donc non, aucun rapport. Il n’y a pas de liaison radio-fréquence entre le missile et le poste de tir, seulement éventuellement entre le poste et un drone éclaireur. La seule chose utile à laquelle pourrait servir ce drone serait de déporter de facto le poste de tir, mais en assumant que la liaison radio-fréquence drone vers observateur puisse être coupée, ce qui annulerait de facto l’intérêt de la fibre optique. Sauf à ce que le drone se cache dans les dévers et masques du terrain, et qu’il dispose d’une liaison de donnée hautement robuste et directionnelle permettant d’échapper au brouillage.

    • Math dit :

      Les premiers mois des conflits à venir vont être épouvantables. Le choc s’annonce d’une brutalité terrible. Je ne vois pas comment il sera possible de retrouver une liberté de manœuvre dans ces conditions. Une fois le stock de missiles épuisés et les chars liquidés, on risque de revenir rapidement au pourrissement du couple drone artillerie. Les obus d’artillerie passent toujours la ligne de front.
      Le moyen le plus probable pour passer serait peut-être une combinaison de moyens de brechage, une suppression des brouilleurs d’onde, une attaque des batteries de Missiles sol-Air, de saturation des manpads, puis des moyens d’artillerie. Tout cela est jouable, mais très coûteux… Comment rendre l’affaire abordable… Il faudrait presque une « division » de drone d’attaque appuyée par de l’artillerie longue portée et de l’aviation pour que cela puisse fonctionner et derrière une division du génie et des chars plus de l’infanterie mécanisée pour obtenir le choc au sol. On en est quand même loin.

  3. vrai_chasseur dit :

    Avec ce « babayaga » grec (un peu plus costaud en charge utile que son homologue ukrainien, cf http://www.forbes.com/sites/davidaxe/2023/12/03/baba-yaga-is-a-giant-ukrainian-drone-that-drops-bombs-at-night/ ), MBDA ouvre un champ de possibilités nouvelles dans l’usage tactique des drones de combat.

    • john dit :

      Pas vraiment comparable. Le concept grec est relativement surprenant et s’éloigne fortement de l’approche ukrainienne.
      Les drones ukrainiens actuels ont une approche simple, faire du pas cher, et du volume avec de la technologie simple. Le plus gros aspect technologique est peut-être le changement de fréquences pour ne pas être trop facilement gênés par les systèmes de guerre électronique.
      Le Babayaga emporte quoi comme munition? Des obus de mortiers de 82 mm.

      Par contre, le concept grec est bizarre…
      Le missile Akeron MP est sensé avoir une capacité NLOS (en dehors du champs de vision) avec un désignateur de cible qui guide ce missile. Tirer depuis le ciel améliore la portée de pas grand chose vu la vitesse d’un drone de ce type.
      Mais surtout, développer un système pour viser et lancer le missile coûte relativement cher. Le drone sera cher. Et la munition elle même est à plusieurs centaines de milliers d’euros avec le Akeron MP…
      Là, c’est une solution extrêmement cher qui n’est pas forcément nécessaire. Ajouter quelque cm au missiles Akeron pour une portée supérieure, et un drone désignateur de cibles coûterait moins cher. Et en cas de perte, le missile n’est pas perdu. Et si c’est pour des missions à longue portée, autant avoir des munitions rôdeuses… Là ils prennent le pire de toutes les solutions pour faire une solution très très chère.
      On parle d’un millier de drones utilisés quotidiennement en Ukraine (du moins c’est l’objectif). Les plus gros acheteurs de missiles anti-char en occident ont été les USA et le Royaume Uni. Ce dernier a acheté surtout des NLAW, mais on est à 10’000 unités.

      Les missiles anti-char comme le Akeron MP n’ont rien à faire sur des drones. Une version avec bcp plus de portée, oui. Mais avec une portée aussi faible, autant avoir des FPV drones équipés de charges creuses, des drones de faible technologie qui larguent des obus de mortiers pas chers à produire…

      • Math dit :

        Vous allez trop vite en besogne. Les cas où une plateforme style hélicoptère de combat engagent une cible sont plus divers que ce que vous évoquez. On est pas intéressé que par la ligne de front. Le harcèlement sur les arrières a du sens. Le harcèlement naval aussi. Ce que vous exigez d’un commando peu être fait autrement. C’est bien pour nous, ça ouvre des possibilités.

      • Math dit :

        Le Nlaw, ça marche bien pour de l’infanterie bien dissimulée. Depuis une plateforme volante, c’est nettement moins viable.
        Les obus de mortier sur un drone aussi gros, ca peut fonctionner si l’ennemi n’est pas protégé. Sinon…
        Bref, un peu d’humilité…

      • VinceToto dit :

        Ce qui me semblerait logique avec l’Akeron, c’est le VTOL grec Atlas comme poste de tir au sol et un autre drone, ou un type, pour la reco/visée. Oui, bon, bof…
        Les Russes ont testé un système avec le drone dit Perun-F(n’importe quel drone dans le style fait l’affaire), vol + tir sol-sol pour du vieux missile Fagot filo-guidé avec le système de visé intégré:
        https://www.popularmechanics.com/military/aviation/a46552630/russia-test-launch-anti-tank-missile-civilian-drone/
        Après, j’ai du mal à voir l’intérêt par rapport à du Lancet et d’autres solutions.
        Drone à moins de 10000$ + vieux missiles efficaces + système de guidage gratos en stock?

      • S&C dit :

        Il est délicat de demander à un missile d’être sensé ou insensé, mais concernant ce qu’il est supposé faire, on pourra écrire que le missile Akeron MP est censé avoir une capacité NLOS.

      • FNSEA dit :

        Dans nos belles campagnes, les travaux des champs, cela nous connaît.
        C’est pour cette raison que nous pouvons affirmer que le mot champ s’écrit sans s au singulier.
        Le champ de vision, le champ de luzerne, le champ de bataille, le champ de blé, le champ des possibles, le champ de fleurs, le champ de mines, le champ de betteraves, le champ magnétique, le champ de colza, le champ de manœuvre, le champ de lin, le Champ-de-Mars, le champ de maïs, le champ d’honneur, le champ de bleuets.

  4. bdt dit :

    Beh ca va couter tellement cher, que le drone et missile seront cachee dans un bunker, pour eviter de les perdre.

  5. Félix GARCIA dit :

    Dans les trucs à pas cher, les Ukrainiens ont fait ça :
    https://twitter.com/clashreport/status/1753797464342069535

  6. KOUDLANSKI Romain dit :

    Cela ouvre de nouvelles perspectives , dans l’utilisation des drones VTOL armés de missiles anti-char .

    • john dit :

      Trop cher pour aucun gain tactique majeur.
      Un Akeron MP a une capacité de tir au delà du champ de vision. Et pour ce qui est de tirer plus loin, il y a des drones équipés de munitions pas chères…
      – mortiers de 82 mm
      – des charges creuses installées sur des munitions rodeuses ou des FPV drones

      Un drone capable d’emporter un missile « aussi lourd » est gros. Mais en plus, ce drone doit avoir les systèmes de la plateforme de lancement qui coûte cher. Et à cela, il faut ajouter le système pour le commander à distance. Et en l’occurrence, gérer un drone plus un missile aussi proche du combat, et vu leur prix, pour qu’il soit efficace, il faut une espèce de gimball stabilisé. C’est cher.
      Si le drone est descendu, c’est dans les centaines de milliers, voire quelque millions de perdus.
      A ce prix, potentiellement plusieurs centaines de drones plus simples peuvent être produits !
      Rappel, le Akeron MP a une portée très faible. Les hélicoptères russes qui ont réussi à tirer à distance sur les chars et véhicules ukrainiens tiraient à 10 km de distance pour être hors de portée de la défense anti-aérienne à courte portée.
      Ce n’est pas le Akeron MP qu’il faut pour ce genre de drones, mais un Akeron LP, un Spike ER II / Spike NLOS, Hellfire, Brimstone, PARS 3 LR, JAGM….

      Mais ces missiles pourraient très bien être tirés depuis le sol, avec des drones légers qui s’occuperaient de l’acquisition de la cible. ces drones seraient bien moins chers.

      • Math dit :

        Reste l’idée d’une embuscade sur un ennemi non avertis. Il y a aussi la chasse au brouilleur, avec une autonomie décisionnelle plus grande du drone…. N’allons pas trop vite

  7. Kobayashi Maru dit :

    Avec un nom pareil c’était pré destiné 😉
    Et servira pour les rêves humides et bleus trucs

  8. Loufiii dit :

    « développement d’une capacité de tir au delà de la portée visuelle »… Mais punaise ça fait des années déjà qu’ils ont fait les tirs d’essais. Pk toujours au point et déployé en série ???

  9. Barfly dit :

    Les ukrainiens font la même chose avec de la bricole.
    Chez nous, ça coûte un bras, ça met une plombe à être fabriqué et pour un résultat identique : explosion intégral du char.
    Après tout tant mieux pour nos entreprises.