La Section technique de l’armée de Terre teste le concept d’un « drone bombardier »
Durant la bataille de Mossoul [Irak], en 2016, l’État islamique [EI ou Daesh] utilisa différents modèles de drones, parfois de conception rudimentaire, auxquels était fixée une grenade au moyen d’un crochet pouvant être actionné à distance. Si les premiers modèles ne furent pas très efficaces, il en alla différemment pour les suivants, les jihadistes ayant alors mis au point des appareils plus sophistiqués pour cibler les blindés, les convois et les ressemblements de l’armée irakienne.
Puis, celle-ci s’inspira des méthodes de Daesh, en se dotant elle aussi de drones armés de grenades de 40 mm. Cette « nouvelle tactique » s’est avérée très efficace, fit valoir un officier irakien, à l’époque. Elle permet « d’éviter les civils et les infrastructures » tout en portant des « coups directs » à l’ennemi, avait-il ajouté, précisant que « dizaines de terroristes » avaient ainsi été « tués et blessés ».
Six ans plus tard, ce concept de « drone bombardier » a été repris par le groupement innovation de la Section technique de l’armée de Terre [STAT].
En effet, lors du dernier point presse du ministère des Armées, le général Yann Gravêthe, directeur par intérim de la Délégation à l’information et à la communication de la Défense [DICoD], a évoqué le projet « Skycarrier », qui consiste à développer un drone pouvant emporter et larguer jusqu’à vingt grenades de 40 mm dans un rayon de dix kilomètres. Les essais en vol de cet engin ont commencé au début de ce mois. Trois télépilotes ont été formés à cette fin au sein du « Battle Lab Terre ».
Cet appareil « a été développé par l’industriel français Milton. Il s’agit d’un drone multi-rotors, à haute stabilité, discret et ayant une capacité de levage très importante. Ces essais s’inscrivent dans le cadre d’une exploration d’une nouvelle capacité de drone bombardier », a précisé le général Gravêthe.
Et d’ajouter : « Ces drones visent à répondre à un besoin des forces terrestres dans l’appui au contact ou le harcèlement du dispositif adverse ».
En outre, le « SkyCarrier » est également équipé de capteurs [notamment de caméras] afin de pouvoir mener des missions de renseignement. L’idée est de l’utiliser pour des frappes « précises », soit d’opportunité, soit planifiées. Selon le général Gravêthe, la prochaine étape de ce projet consistera à « expérimenter l’intégration » de ce drone armé au sein d’unités combattants, sous la supervision du « Battle Lab Terre ».
Ce projet rappelle « AVATAR » qui, mené par la Direction générale de l’armement « Techniques Terrestres » [DGA TT], vise à mettre au point un drone doté d’un fusil d’assaut HK-416 en version courte.