Le ministre allemand de la Défense évoque à nouveau l’idée de recruter des ressortissants étrangers

D’ici 2031, la Bundeswehr [forces fédérales allemandes] devra compter au moins 203’000 militaires, contre à peine un peu plus de 180’000 actuellement. Ce qui est un défi dans la mesure où, déjà, son recrutement est à la peine. Selon des chiffres communiqués en août, le nombre de candidats à un engagement a chuté de 7% entre janvier et mai 2023 par rapport à l’année précédente, à la même époque. Cette situation, qui n’est pas propre à l’Allemagne, devient encore plus compliquée si l’on tient compte du taux de dénonciation de contrat : 30% des recrues retournent à la vie civile avant la fin de leur formation militaire initiale.

Cela risque de ne pas s’arranger dans les années à venir en raison du rétrécissement du « vivier » de recrutement pour des raisons démographiques. « D’ici à 2050, il y aura 12% de personnes en moins dans la classe d’âge des 15-24 ans », avait expliqué Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, l’an passé.

Aussi, deux pistes sont évoquées pour permettre à la Bundeswehr de tenir ses objectifs en matière de gestion du personnel. La première consisterait à rétablir le service militaire, en s’inspirant du modèle imaginé par la Suède. Il s’agirait ainsi de faire passer les jeunes allemands devant une sorte de conseil de révision et ceux qui présenteraient un profil intéressant les armées allemandes seraient appelés sous les drapeaux. Leur nombre dépendrait des besoins exprimés par les états-majors. Des propositions devraient être remises par M. Pistorius en avril prochain.

L’autre levier évoqué viserait à permettre le recrutement de ressortissants étrangers. À vrai dire, cette idée n’est pas nouvelle : elle avait été avancée en 2011 par le ministère allemand de la Défense. « Il faut élargir les règles afin que les habitants du territoire, s’ils sont capables et aptes à être incorporés dans les forces, puissent l’être, même s’ils ne possèdent pas la nationalité allemande », avait-il soutenu à l’époque.

Cette proposition fut reprise dans le Livre blanc sur la défense que Berlin publia en 2016… Mais sous une forme différente puisqu’il était question d’ouvrir le recrutement de la Bundeswehr aux « citoyens de l’Union européenne ». Cela « enverrait aussi un signal fort pour une approche européenne », pouvait-on lire dans ce document. Mais, comme la première, cette proposition n’eut pas de suite.

Mais il n’est pas impossible qu’elle finisse par se concrétiser prochainement. En tout cas, M. Pistorius l’a récemment remise sur la table, rapporte le Rheinische Post, ce 22 janvier. « Nous ne serions pas les premières forces armées en Europe » à recruter des ressortissants étrangers, a-t-il fait observer.

La solution évoquée par le ministre allemand bénéficie d’un large soutien, de la majorité à une partie de l’opposition [en particulier du Parti chrétien-démocrate].

« Fondamentalement, nous devons penser d’une manière beaucoup plus européenne lorsque nous recherchons des jeunes qualifiés et prêts à servir dans la Bundeswehr », a commenté Agnès Strack-Zimmermann [Parti libéral-démocrate, FDP], la présidente de la commission de la Défense au Bundestag. « Cela inclut également l’idée que les soldats sans passeport allemand pourront en obtenir un plus rapidement grâce à leur service dans la Bundeswehr », a-t-elle ajouté.

Vice-président du groupe parlementaire de la CDU pour la politique de défense, Johann Wadephul n’est pas opposé, par principe, à cette proposition de M. Pistorius. Cela étant, il attend d’en voir les modalités. « Cette option s’appliquera-t-elle uniquement aux citoyens de l’UE et de l’Otan? Qu’en sera-t-il des citoyens d’États considérés à risques en termes de politique de sécurité? Une connaissance complète de la langue allemande sera-t-elle nécessaire? », a-t-il, entre autres, demandé.

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