Le Niger et la Russie vont renforcer leur coopération militaire

Si la France avait été la cible de campagnes d’influence apparemment d’inspiration russe, les motivations du coup d’État ayant renversé le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet, à Niamey, n’étaient pas tout à fait claires… D’autant plus que certains de ses membres avaient été accueillis dans des écoles militaires aux États-Unis. Cela étant, ce putsch présentait quelques similitudes avec ceux ayant eu précédemment eu lieu au Mali et au Burkina Faso, lesquels ouvrirent la voie à la Russie, et plus précisément au groupe paramilitaire Wagner, au Sahel.

Pour autant, à Washington, où la prudence était de mise afin de préserver les bases américaines au Niger, on assura, à l’époque, qu’il n’y avait aucun élément pour dire que Moscou était derrière ce coup d’État. Ce que le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, corrobora dans un entretien accordé à l’AFP.

« Ce qui peut surprendre, c’est que le déclencheur de ce coup d’État part avant tout d’un différend personnel » entre le président Bazoum et le général Tchiani, le nouvel homme fort du Niger, avait expliqué M. Lecornu. Le groupe « Wagner n’est pas à l’origine de ce coup d’État  » mais il pourrait, « de manière très opportuniste », chercher à « conforter cette junte qui tente de se mettre en place », avait-il ajouté.

Depuis, le bras de fer entre la junte et Paris s’est soldé par le départ des 1500 militaires français alors déployés au Niger. Et, alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [Cédéao] évoquait une possible intervention militaire pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions, le Niger s’est rapproché du Mali et du Burkina Faso, ces trois pays étant allés jusqu’à annoncer la création d’une « Alliance pour le Sahel », en septembre.

Ces derniers jours, cette logique s’est accélérée. Le 3 décembre, à la suite de Bamako, Niamey et de Ouagadougou ont officialisé leur retrait de la Force conjointe du G5 Sahel, qui, créée en 2017 avec le soutien de la France, était désormais aux abonnés absents.

Puis, vingt-quatre heures plus tard, et après avoir abrogé une loi qui, entrée en vigueur en 2015 avec un appui financier européen, criminalisait le trafic de migrants, le Niger a coupé les ponts avec l’Union européenne [UE] en dénonçant les accords relatifs à la mission EUCAP Sahel Niger et à la mission de partenariat militaire de l’UE au Niger [EUMPM], lancée en février dernier pour soutenir Niamey dans sa lutte contre les groupes armés terroristes.

C’est donc dans ce contexte que, le même jour, pour la première fois depuis le coup d’État, une délégation emmenée par le vice-ministre russe de la Défense, Iounous-Bek Ievkourov, s’est rendue à Niamey pour y rencontrer le général Abdourahamane Tchiani… et, surtout, signer des « documents dans le cadre du renforcement de la coopération militaire entre la République du Niger et la Fédération de Russie ».

La nature de ce renforcement de la coopération militaire entre Niamey et Moscou n’a pas été précisée. Mais si l’on se référe aux accords passés par Bamako et Ouagadougou, il est problable qu’elle porte sur la livraison d’équipements militaires, voire le déploiement de paramilitaires. Cela étant, la junte devra encore composer avec la présence des forces américaines…

Or, en octobre, les États-Unis ont fini par qualifier, en octobre, le renversement du président Bazoum de « coup d’État » [ce qu’ils s’étaient gardés de faire jusqu’alors], ce qui a entraîné la suppression de l’aide économique qu’ils accordaient à Niamey. Pour le moment, cette décision n’a pas eu de conséquence sur leur présence militaire dans le pays, leurs vols de renseignements depuis la base d’Agadez ayant même repris. Mais pour combien de temps?

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