Avec ASSYDUS, le ministère des Armées veut utiliser des essaims de drones pour leurrer les radars adverses

Il est sans doute plus facile de saturer une défense aérienne adverse avec un essaim de drones [ou d’effecteurs connectés] que de la leurrer, dans la mesure où entre en jeu la notion de « Surface équivalente radar » [SER].

D’où les travaux menés actuellement sous l’égide de l’Agence d’innovation de défense [AID] dans le cadre du projet ASSYDUS [pour « Autonomous system for decoying using uav swarms », « Systèmes Autonomes pour le leurrage en utilisant des essaims de drones »], en lien avex Thales DMS France SAS et le Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique [LaBRI].

Le principe, validé par les opérationnels, consiste à faire en sorte que des drones évoluant en essaim puissent se positionner de manière à obtenir une SER équivalente à celle d’un avion ou d’un drone de combat afin de tromper le radar d’un système de défense aérienne mis en oeuvre par un adversaire.

« Si les capacités d’un unique drone peuvent s’avérer limitées [en termes de poids, dimensions de la charge utile, élongation temporelle et géographique, etc.], l’utilisation de plusieurs drones collaboratifs, formant un essaim, permet d’étendre les capacités aéroportées du système, tout en étant perçu comme une unique entité [un aéronef par exemple] par l’opérateur, du fait de ses capacités d’autonomie décisionnelle », résume l’AID, dans une note de présentation de ce projet.

Les études menées jusqu’à présent ont utilisé des drones multi-rotors autonomes. Leurs premiers résultats sont encourageants puisque les équipes impliquées dans ce projet ont réussi à obtenir une SER « souhaitée » et à « modéliser la SER produite par un essaim suivant les types de drones » le composant et « leurs positions », explique l’AID. Et d’ajouter : « L’ensemble a été testé lors d’essais en vol, la chaîne complète de traitements a été validée et les résultats ont été confirmés en temps réel ».

L’une des applications d’ASSYDUS consisterait, par exemple, à envoyer les drones séparément vers un système de défense aérienne, puis de les réunir en essaim afin d’obtenir la SER d’un chasseur-bombardier.

Ce projet fait penser à une expérimentation menée en 2020 par le Rapid Capabilities Office [RCO] de la Royal Air Force [RAF]. Celle-ci avait consisté à faire voler un essaim de drones dotés, pour certains, d’un module de guerre électronique BriteCloud afin de leurrer et de saturer des radars représentatifs d’un système de défense aérienne adverse.

Pour rappel, le système BriteCloud est un dispositif à mémoire de fréquence radio numérique [DRFM – Digital radio frequency memory] qui enregistre les signaux radio-électriques afin de les modifier et de les réémettre afin de fausser les données reçues par un radar.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]

33 contributions

  1. Bastan dit :

    Les recherches en vue de brouiller les liaisons entre les drones doivent certainement être en cours. A suivre…

    • dolgan dit :

      C est deja opérationnel sur le terrain. C est au final juste du brouillage classique . C est la principale cause de perte de drones en ukraine.

      Le probleme c est que tu te brouille toi aussi (en tout cas pour les solutions low tech ) et que ton brouilleur ( de zone ) donne sa position exacte a l adversaire.

    • Jupiter dit :

      Bonjour,
      Il existe plusieurs solutions.
      La première est d’utiliser des bandes de courtes portée (comme du Bluetooth). Ainsi, a moins d’être a proximité immédiate des drones, le brouilleur n’aura pas d’effet.
      La seconde est d’utiliser des moyens de communication optiques type Li-Fi. Cette solution est totalement impossible a brouiller mais également plus complexe a mettre en œuvre et soumises a d’autres problèmes (masquages, fumées, pluie).

  2. Félix GARCIA dit :

    Cela me fait penser à cet article de Meta-Defense :
    « Comment le drone Remote Carrier Expendable du français MBDA va-t-il bouleverser la guerre aérienne moderne ? »
    https://meta-defense.fr/2023/11/16/drone-remote-carrier-expendable/

    ASSYDUS pour imiter drones et hélicoptères, et RCE pour les avions ?

    Pour la saturation, toujours pas de projet d’équivalent de Shahed ? Disposer d’une capacité de frappe à >1000km pour <50 000€, ça vaut le coût nan ?

    • Kaya dit :

      J’ai bien ri en lisant l’article , apparemment Méta défense ignore que TAI développe un système équivalent au RCE depuis un moment, le SUPER ŞİMŞEK ,il sera bientôt opérationnel,soit une décennie avant le RCE. 🙂 🙂

      • Pascal, (l'autre) dit :

        « il sera bientôt opérationnel » Il sera bientôt disponible, opérationnel, déjà vendu à des dizaines de pays! Toujours la même litanie! Er votre super avion de combat de la mort qui tue vous le sortez quand, avant où après l’acquisition d’Eurofighter?

    • fabouze dit :

      oui si tu prevois de faire la guerre, seul. ce que tu décris est une arme de posture agressive… rien à voir avec la doctrine francaise: action en coalition, recherche de la précision maximale, de la tech de pointe, de l’effet adapté à la cible,… je ne critique aucune des stratégies mais si la france voulait se doter d’une armée capable de vaincre seule, elle accumulerait des armes basiques et efficaces en grand nombre comme vous le proposez…. apparement on ne cherche pas à faire la guerre, juste à paraitre suffisamment méchant et à pouvoir participer à la castagne si besoin…

      • Félix GARCIA dit :

        Nous n’aurons pas nécessairement le luxe de choisir nos guerres à l’avenir.

    • jo666 dit :

      faudra acheter aux Ukrainiens

  3. dolgan dit :

    Pour les avions, cela semble compliqué avec ce porteur. Les vitesses de déplacement sont pas compatibles.

    • HMX dit :

      Exact, mais il ne s’agit là que d’une image d’illustration. Des drones quadcopter volent à une vitesse maximale de 300km/h environ, très loin de celle d’un jet.

      Il faut donc plutôt imaginer des drones à voilure fixe, dotés d’un turboréacteur, et qui seraient capable d’évoluer en formation très serrée à quelques mètres, voire seulement quelques dizaines de centimètre , les uns des autres, pour produire aux yeux des radars adverses une signature SER imitant à la perfection celle d’un chasseur. En cas de missiles assaillants, la formation pourrait instantanément se disperser au dernier moment, juste avant l’impact, comme une volée de moineaux, puis se reformer quelques secondes plus tard. Concept très intéressant, notamment pour la pénétration des bulles A2/AD adverses, et les missions SEAD…

    • E-Faystos dit :

      @ dolgan.
      par contre pour les navires, ça semble prometteur : les drones FPV sont assez compacts et puissants pour embarquer des bandelettes d’aluminium propres à tromper les radars ennemis.
      et en plus, les drones pourraient êtres réutilisables.
      .
      concernant les avions, des leurres tractés pourraient bénéficier du retour d’expérience. Et la prochaine génération d’avions y gagnerait à développer des solutions de défense plus agressives type « hard kill »

      • HMX dit :

        @E-Faystos
        Tout à fait. le leurrage actif par drones dans le secteur naval est d’ailleurs promis à un très grand avenir…

    • James dit :

      C’était aussi ma 1ère réflexion
      Je suppose que pour ça, on utiliserait des effecteurs connectés pouvant voler en haut subsonique

  4. Nexterience dit :

    Encore faut il atteindre une vitesse d’avion ou de drone lourd pour créer une confusion pour le radar ennemi.
    Les israéliens utilisent les drones en tirs anti-personnels:
    https://www.lefigaro.fr/international/des-gazaouis-denoncent-l-usage-de-drones-snipers-20231115
    .
    La dépollution des futurs zones de guerre sera pénible: moins d’obus mais des millions de débris de drones à ramasser.
    https://www.capital.fr/economie-politique/lukraine-perd-10000-drones-par-mois-a-cause-du-brouillage-russe-1469157

    • jo666 dit :

      faudra acheter aux Ukrainiens car les Français utilisaient des drones de tir personnel

  5. Ouvrez vite vous avez un cadeau (bande de nazes)!!! dit :

    L’intelligence artificielle fera le boulot et détectera la supercherie… pas la vitesse d’un chasseur, trajectoire douteuse pour un chasseur etc….. Mais par contre signalera un danger /action éventuelle. Prévoir le futur drone faux glaive ok mais faut aussi penser au vrai bouclier qui s’adaptera très vite…. On a l’impression qu’on part dans tous les sens sans trouver le bon et surtout fermer sa g…. si on a les bons trucs (en fait, je l’espère…). De la com de la com de la com… mais une armée qui mériterait bien plus au regard de l’évolution du monde… Vite!!

  6. Article 2 dit :

    « ASSYDUS [pour « Autonomous system for decoying using uav swarms » » !
    Ce nom en anglais (et dont la syntaxe laisserait probablement dubitatif un anglophone) est tout simplement ridicule pour un projet dont rien n’indique qu’il ne soit pas franco-français.
    C’est le général Schill qui a l’a choisi ?
    https://twitter.com/alainauffray/status/1306565148451241985

    • Vinz dit :

      Y avait un vrai président au commande.

      • Scionnère Dick dit :

        « Y (sic) avait un vrai président au (sic) commande (sic). »

        Lui l’aurait écrit « Il y avait un vrai président aux commandes ».

  7. Clavier dit :

    Il n’y a pas que la SER à simuler, il faut aussi atteindre une vitesse crédible pour figurer un avion de combat ……

    • Thierry le plus ancien dit :

      sans parler de l’autonomie des drones qui est bien plus courte en distance que le chasseur, et l’essaim risque de ne pas tenir la distance en formation face aux aléas (vents, nuages, etc)

      ce projet n’est effectivement pas crédible.

    • Jack dit :

      en effet,
      (et si il n’y avait que ça…)
      encore une « idée » de génie pondue par des personnes qui n’y connaissent rien en radar, et qui va coûter des millions pour finalement aboutir sur de simples drones muni de brouilleurs dépassé…. et qui ne répondrons au final, absolument plus au besoin initial…

      avis à nos penseurs….
      avant de pondre des idées a la c** commencez par consulter nos experts (je ne parle pas de ceux dans les bureaux)

    • jo666 dit :

      suffit d’automatiser un leurre comme ceux de la guerre du vietnam ou de droniser un missile mach 2 avec un système pif paf

  8. Thierry le plus ancien dit :

    Il y a quand même un problème et de taille, ce ne sont pas des petit drone de ce genre qui peuvent aller à la vitesse d’un chasseur bombardier même s’il vole en subsonique, la supercherie risque d’être facile à démonter, et si vous utilisez des drones plus gros et plus rapide, ça coutera plus cher que le chasseur en question.

    en revanche, si on utilise une roquette ou missile avec un système électronique ou physique permettant de se faire passer pour un avion à la détection radar, ça me paraît bien plus prometteur.

    Un troupeau de souris n’aura jamais l’air d’un éléphant, la trace dans l’herbe n’est pas la même…

    • MNHN dit :

      « Un troupeau de souris n’aura jamais l’air d’un éléphant, la trace dans l’herbe n’est pas la même… »
      C’est fort joliment dit. On croirait presque du La Fontaine.

  9. Leroy dit :

    Ne pas confondre grappe et essaim : dans ce contexte d’emploi, la grappe leurre, l’essaim sature

  10. Alfred dit :

    L’imptession générale donnée par ces annonces est que ça se diperse dans tous les sens sans trop savoir où l’on va. Peut on continuer a saupoudrer et dilapider les moyens en ces temps de recession et de restrictions budgetaires annoncées? L’esprit start up et la mode disruptive ne sont ils pas en train de déraper au detriment du réalisme et l’efficacité ? Et surtout, n’y a-t-il pas un manque de coordination et de pilotage dans les recherches en cours ?

  11. Mic dit :

    Beaucoup critique genre  » oui mais la vitesse d’un avion est bcp plus élevé qu’un drone ! » vu les industriels bossant sur ce programme, comme Thales, le savent très très bien ! donc vous pensez bien qu’ils y ont penser des le début de leurs réflexions… Un moment il faut arrêter de les prendre pour des « peintres »

  12. Félix GARCIA dit :

    HS Drones : Les Ukrainiens auraient développé un drone-kamikaze longue portée du nom de « Morok » (en ukrainien : « obscurité » ou « ténèbres ») …
    Clash Report@clashreport
    New Ukrainian kamikaze UAV: Morok
    Range: 800 km
    Unit cost: UAH 1.75 million (~45000€)
    Warhead: 30 kg
    https://twitter.com/clashreport/status/1725504712223428930

    Si je n’avais pas vu que ça veut dire quelque chose en Ukrainien, j’aurai été tenté de penser que c’était un jeu de mot autour de l’Aarok, même si ce n’est probablement pas ce qu’ils entendaient par « version légère et consommable » :
    « Une version « légère » du drone français Aarok pourrait être produite par Antonov en Ukraine »
    https://www.opex360.com/2023/10/03/une-version-legere-du-drone-francais-aaarok-pourrait-etre-produite-par-antonov-en-ukraine/