La Jordanie demande aux États-Unis de déployer des systèmes de défense aérienne Patriot sur son sol

Depuis le 27 octobre, soit vingt jours après les attaques terroristes menées par le Hamas dans le sud d’Israël, Tsahal a lancé la seconde phase de sa riposte contre cette organisation avec une intensification de ses frappes aériennes et des incursions terrestres dans la bande de Gaza. Ce sera une « guerre longue et difficile », a prévenu Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien.

Effectivement, cette opération terrestre sera compliquée. Déjà, le combat en zone urbaine se caractérise par une liberté de manoeuvre limitée et la « tridimensionnalité ». Et si l’adage selon lequel « qui tient les hauts tient les bas » est souvent vrai, il ne l’est pas forcément quand il s’agit de combattre dans une ville, en particulier comme celle de Gaza, avec ses réseaux de souterrains utilisés par le Hamas pour abriter ses centres de commandement et stocker tout ce qui lui est nécessaire pour tenir le plus longtemps possible.

« Les responsables arabes et occidentaux disent que les affirmations israéliennes selon lesquelles le Hamas stocke des fournitures, notamment de la nourriture et du carburant dont il a désespérément besoin, sont fondées. Le Hamas, disent-ils, a passé des années à construire des dizaines de kilomètres de tunnels sous la bande de Gaza où il a accumulé pratiquement tout ce qui est nécessaire à un combat de longue haleine », a ainsi souligné le New York Times, le 27 octobre.

Selon un haut responsable libanais, cité par le quotidien américain, le Hamas aurait « suffisamment de stocks pour continuer les combats pendant trois à quatre mois sans réapprovisionnement ».

Et plus les combats s’éterniseront, plus le risque d’une extension du conflit sera élevé. C’est d’ailleurs ce que cherchent à éviter les États-Unis, en déployant dans la région d’importants moyens militaires à des fins de dissuasion. Cependant, quelques signes suggèrent que des groupes affiliés à l’Iran se préparent à passer à l’action. Tel est le cas, par exemple, du Hezbollah, qui multiplie les accrochages avec Tsahal dans le nord d’Israël, depuis le sud du Liban. Son secrétaire général, Nassan Nasrallah, doit s’exprimer pour la première fois sur le conflit en cours le 3 novembre. Et le fait que ce sera un vendredi, jour de prière, ne doit certainement rien au hasard…

En tout cas, ce risque d’un élargissement du conflit inquiète particulièrement la Jordanie, qui entretient des rapports compliqués avec l’Iran, en raison de sa proximité avec l’Arabie Saoudite et de la normalisation de ses relations avec Israël en 1994. Ces derniers mois, le royaume hachémite est en outre la cible d’un trafic de drogues organisé depuis la Syrie par des milices pro-iraniennes, avec la complicité des forces régulières syriennes. Du moins, c’est ce que prétend Amman.

« Nous continuons à faire face avec détermination et force à toute menace contre nos frontières et à toute tentative de déstabilisation de la sécurité nationale », a d’ailleurs fait valoir l’état-major jordanien, après la destruction d’un drone chargé de drogue envoyé sur son territoire depuis la Syrie.

La Jordanie pourrait-elle être la cible d’attaques menées depuis le territoire syrien par des milices affiliées à Téhéran? En tout cas, une telle éventualité est prise très au sérieux par Amman.

D’autant plus que, le 20 octobre, des « milliers » de sympathisants de milices chiites irakiennes [Hachd al-Chaabi] se sont réunis pour un « sit-in » à la frontière jordanienne en soutien à Gaza. Or, selon un responsable occidental cité par The National [un journal émirien, ndlr], cette démonstration est un « message de l’Iran pour dire que la Jordanie n’est pas à l’abri d’infiltratons ».

En attendant, la Jordanie espère obtenir un soutien militaire de la part des États-Unis… mais pour contrer d’autres menaces. « Nous avons demandé aux Américains de nous aider à renforcer notre défense avec des systèmes de missiles de défense aérienne Patriot », a en effet déclaré le général de brigade Mustafa Hiyari, le porte-parole de l’armée jordanienne, à l’antenne de la télévision d’État, le 29 octobre. « Parmi les nouvelles menaces figurent les missiles balistiques », a-t-il ajouté. Mais pas seulement puisque, a-t-il poursuivi, les « drones sont devenus une menace sur tous nos fronts ».

Ce n’est pas la première fois que les autorités jordaniennes sollicitent une telle aide. La dernière remonte à 2013. À l’époque, alors que la guerre civile syrienne faisait rage, les États-Unis avaient déployé en Jordanie des systèmes de défense aérienne Patriot ainsi que des chasseurs-bombardiers F-16, à la faveur de l’exercice Eager Lion 13.

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