Le PHA Tonnerre va « soutenir » les hôpitaux de Gaza avec des hélicoptères Tigre et NH-90 à bord
En proposant, depuis Tel-Aviv, le 24 octobre, de bâtir une coalition contre le Hamas sur le même modèle que celle qui avait été mise sur pied pour lutter contre l’État islamique [EI ou Daesh], le président Macron a pris tout le monde de court… Si elle pouvait être pertinente dans le domaine du renseignement, voire pour couper les circuits de financement de l’organisation terroriste, cette initiative s’est heurtée au scepticisme des uns et des autres [à commencer par celui des pays arabes] et à la réalité. « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples », avait écrit le général de Gaulle…
Vingt-quatre heures plus tard, à l’issue de sa tournée diplomatique au Proche-Orient, au cours de laquelle il s’est tenu sur une ligne de crête en affirmant qu’Israël avait le droit de se défendre après les attaques du 7 octobre tout en cherchant une solution politique à la question palestinienne, M. Macron est revenu sur son idée de forger une coalition contre le Hamas. « Ce que je suis venu dire, c’est que la lutte contre le terrorisme n’est pas l’affaire d’un seul pays. Elle implique des coopérations », a-t-il dit, selon le quotidien L’Opinion [26/10].
Quoi qu’il en soit, le 25 octobre, au Caire, où il s’est entretenu avec le président Abdel Fattah al-Sissi, M. Macron a réaffirmé qu’il fallait « collectivement tout faire pour éviter l’escalade, bâtir une initiative de paix et de sécurité et traiter les causes de ce que nous vivons ».
Et, dans le droit fil des propos qu’il avait tenus, la veille, en Cisjordanie, devant Mahmoud Abbas [alias Abou Mazen] le président de l’autorité palestinienne [« Une vie palestinienne vaut une vie française qui vaut une vie israélienne », avait-il dit], M. Macron a salué la mobilisation de l’Égypte pour « les populations de Gaza » et annoncé l’engagement de la France sur le terrain humanitaire, avec l’envoi d’un « navire de la Marine nationale » en Méditerranée orientale « pour soutenir les hôpitaux » de l’enclave, visée par des frappes aériennes israéliennes et soumise à blocus depuis les attaques terroristes du 7 octobre.
Le bâtiment « partira de Toulon dans les 48 prochaines heures », a précisé M. Macron, avant d’annoncer l’arrivée prochaine en Égypte d’un avion chargé de matériel médical. « D’autres suivront », a-t-il assuré… alors que l’aide humanitaire est acheminée au compte-gouttes depuis le sol égyptien vers Gaza.
Cela étant, à peine M. Macron venait-il de faire cette annonce que l’on appris que le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Tonnerre avait déjà appareillé pour rejoindre la Méditerranée orientale, où il retrouvera la frégate multi-missions à capacités de défense aérienne renforcée [FREMM DA] « Alsace » et la frégate de type La Fayette [FLF] Surcouf.
À noter que d’autres pays ont également déployé des moyens navals dans la région, à commencer par les États-Unis, qui ont annoncé l’envoi de deux porte-avions [les USS Gerald R. Ford et USS Dwight D. Eisenhower], d’un groupe constitué par l’USS Bataan avec 2500 soldats de l’US Marine Corps et du navire de commandement et de contrôle USS Mount Whitney.
Selon les Nations unies, dans vingt-quatre ou quarante-huit heures, les hôpitaux gazaouis seront privés d’électricité, faute de carburant pour alimenter leurs générateurs. D’où la mission du PHA Tonnerre qui, pour rappel, dispose à son bord d’un hôpital de rôle 3, équivalent à celui d’une ville de 20’000 habitants. D’une surface de 950 mètres carrés, il est constitué par une vingtaine de locaux, dont un plateau technique, un scanner et deux blocs opératoires. Il a une capacité de 69 lits, dont 50 dédiés aux soins intensifs.
Cela étant, le PHA Tonnerre n’aura eu que très peu de temps pour se préparer à sa nouvelle mission… puisqu’il vient de participer à l’exercice de l’Union européenne [UE] MILEX, qui s’est terminé le 22 octobre, au large de Rota [Espagne].
Pour ces manoeuvres, le PHA Tonnerre avait embarqué un sous-groupement tactique, doté de 55 véhicules dont six chars légers AMX-10RC, une section de fusiliers marins et un détachement de six hélicoptères [trois Gazelle, deux Cougar et un Puma].
Pour le moment, le ministère des Armées n’a fait aucune communication sur les capacités embarquées à bord du PHA Tonnerre. Mais selon une photographie prise au moment de son départ de Toulon, on constate la présence de cinq hélicoptères sur son pont d’envol, dont un Tigre et deux NH-90 [TTH?] et, sans doute, deux Cougar.
Par ailleurs, on ignore également la forme que prendra ce soutien aux hôpitaux de Gaza. Si le PHA Tonnerre doit accueillir des malades, comment seront-ils transportés à bord? Via hélicoptère? Ou via ses Engins de débarquement amphibie rapide [EDAR]?
En outre, il n’est pas impossible que le porte-hélicoptères amphibie soit aussi sollicité pour évacuer les ressortissants étrangers [dont beaucoup de travailleurs humanitaires] présents à Gaza, où, pour rappel, au moins neuf autres Français sont retenus en otage par le Hamas.