Israël suspend ses exportations d’équipements militaires vers la Colombie

Très proche, jusqu’à présent, des États-Unis et ayant obtenu le statut de « partenaire mondial de l’Otan » en 2018, la Colombie a également noué, par le passé, des relations étroites avec Israël, notamment dans le domaine militaire.

Cela s’est traduit par l’acquisition d’avions de combat Kfir auprès d’Israel Aerospace Industries [IAI], qui participe à leur Maintien en condition opérationnelle [MCO], de fusils d’assaut Galil produits par Israel Weapons Industries [IWI], de missiles Spike [antichar] et Python [air-air] développés par Rafael ou de drones Hermes 900 et 450 conçus par Elbit Systems.

Et cette liste devait se prolonger avec le système d’artillerie ATMOS 2000 d’Elbit Systems, finalement choisi au dernier moment par le ministère colombien de la Défense alors que le contrat  » oberania » était promis au CAESAr français pour un montant estimé à environ 102 millions de dollars.

« Devait » car Israël a annoncé suspendre ses livraisons d’équipements militaires à la Colombie, après qu’une crise diplomatique entre les deux pays a éclaté à la suite des attaques terroristes lancées par le Hamas, le 7 octobre.

Élu en 2022 sous la bannière du parti « Colombia Humana » [gauche], le président colombien, Gustavo Petro, a eu des échanges tendus avec Gali Dagan, l’ambassadeur israélien en Colombie après avoir dénoncé la riposte annoncée d’Israël sans avoir dit un mot sur les attaques du Hamas [1400 tués, ndlr].

« Si nous devons rompre nos relations diplomatiques avec Israël, nous le ferons. […] Le président colombien ne peut pas être insulté. J’appelle l’Amérique latine à faire preuve d’une véritable solidarité avec la Colombie », a affirmé M. Petro.

Puis, le ministre colombien des Affaires étrangères, Alvari Leyva, s’est invité dans la discussion en exhortant le diplomate israélien à « s’excuser et partir »… Avant de finalement revenir sur ses propos. « Comprenez bien. Je n’ai pas dit que l’ambassadeur d’Israël avait été expulsé », a-t-il en effet rectifié un peu plus tard.

Seulement, cet incident n’en est pas resté là. Le 15 octobre, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Lior Haiat, a fait savoir que Margarita Manjarrez, l’ambassadrice colombienne en Israël, avait été convoquée à la suite des « déclarations hostiles et antisémites » de M. Petro, accusé « d’exprimer son soutien aux atrocités commises par les terroristes du Hamas, d’alimenter l’antisémitisme, de faire du tort aux représentants de l’État d’Israël et de menacer la paix de la communauté juive en Colombie ».

Et M. Haiat d’ajouter : « Comme première mesure prise en réponse, Israël a décidé de suspendre les exportations de produits de sécurité vers la Colombie. »

Les liens militaires entre la Colombie et Israël vont au-delà des questions relatives à l’armement. « Les armées des deux pays ont réalisé de nombreux exercices d’entraînement », notamment dans le domaine de la lutte antiterroriste, a ainsi relevé le quotidien colombien El Spectator. « Bien qu’Israël ne soit pas le principal fournisseur de matériel de guerre de la Colombie […], le frein aux exportations ordonné par le gouvernement de Benjamin Netanyahu met à l’épreuve une alliance militaire qui a fonctionné. depuis plusieurs décennies », a-t-il souligné.

En attendant, cette brouille diplomatique pourrait avoir des conséquences à plus long terme sur les capacités des forces armées colombiennes, alors que, encore récemment, Bogota entretenait des relations conflictuelles avec Caracas.

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