Le Mali, le Niger et le Burkina Faso forment l’Alliance des États du Sahel et nouent un pacte de défense collective

En janvier 2017, alors membres du G5 Sahel, le Mali, le Burkina Faso et le Niger annoncèrent la création d’une « Force multinationale de sécurisation du Liptako-Gourma » [FMS/LG], sur le modèle de la Force multinationale mixte [FMM] qui avait été mise en place par quelques temps plus tôt par les pays du bassin du Lac Tchad [Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad] pour combattre le groupe jihadiste Boko Haram.

« Nous avons décidé [….] de la mutualisation de nos moyens de renseignements, de nos capacités [militaires] opérationnelles pour faire face à la situation sécuritaire » dans le Liptako-Gourma [c’est à dire la région des « trois frontières », ndlr] avait en effet expliqué Mahamadou Issoufou, alors président du Niger.

Seulement, quelques semaines plus tard, le G5 Sahel relança l’idée d’établir une force conjointe [FCG5S] afin de lutter plus efficacement contre les groupes jihadistes de la région, en alignant sept bataillons [soit 5000 soldats] fournis par les États membres et déployés selon trois fuseaux [ouest / centre / est].

Cependant, malgré l’appui de la force française Barkhane, cette FCG5S eut des difficultés pour se mettre en place… Et le Mali lui donna, en quelque sorte, le coup de grâce en se retirant du G5 Sahel après le coup d’État qui porta le colonel Assimi Goïta au pouvoir.

Depuis, le Burkina Faso et le Niger ont suivi même chemin que le Mali et sont désormais dirigés par des putschistes au pouvoir, qui, par ailleurs, ne cachent pas leur ressentiment à l’égard de la France. Qui plus est, le groupe paramilitaire russe Wagner s’est implanté dans la bande sahélo-saharienne, Bamako ayant sollicité ses services.

En outre, depuis que le président Bazoum a été renversé, le 26 juillet, le Burkina Faso et le Mali se sont rapprochés du Niger, allant jusqu’à lui promettre une assistance dans le cas où la CÉDÉAO lancerait une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel à Niamey.

C’est donc dans ce contexte que, le 16 septembre, ces trois pays ont noué un « pacte de sécurité » en signant la « Charte du Liptako-Gourma ». Celle-ci vise à créer « l’Alliance des États du Sahel » et d’établir une « architecture de défense collective et d’assistance mutuelle ».

Ainsi, l’article 6 de cette charte prévoit que « toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la force armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance ».

En clair, il s’agit d’une clause de défense collective, à l’instar de celle prévue par l’article 5 de l’Otan.

« Cette alliance sera une conjugaison des efforts militaires, économiques entre les trois pays », a fait savoir Abdoulaye Diop, le chef de la diplomatie malienne. « Notre priorité c’est la lutte contre le terrorisme dans les trois pays », a-t-il insisté.

À première vue, ce pacte pourrait permettre aux éléments du groupe Wagner présents sur le territoire malien d’opérer au Niger, sous couvert de lutte contre les groupes jihadistes. Cependant, la situation sécuritaire au Mali s’est encore détériorée au cours de ces derniers jours, avec notamment des tensions de plus en plus marquées entre Bamako et l’ex-rébellion indépendantiste touareg, tentée visiblement de faire à nouveau parler la poudre.

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