Un nouvel essai du missile de croisière russe à propulsion nucléaire « Bourevestnik » serait imminent

En mars 2018, le président russe, Vladimir Poutine , présenta six armes décrites comme étant « invincibles », dont le 9M730 Bourevestnik, un missile de croisière à propulsion nucléaire… et donc supposé avoir une portée illimitée. Un tel concept n’était pas nouveau étant donné qu’il avait été imaginé par les États-Unis environ soixante ans plus tôt, dans le cadre du programme « Pluton », finalement abandonné après avoir englouti plus de 2 milliards de dollars [actuels].

Depuis, certaines de ces nouvelles armes « invincibles » ont été déclarées opérationnelles. Et l’une d’elles, à savoir le missile hypersonique Kinjal, a même été utilisé à plusieurs reprises pour des frappes en Ukraine, sans pour autant avoir eu un effet décisif sur le déroulement de la guerre. Quant au 9M730 Bourevestnik, son développement est encore en cours.

En effet, selon des sources du renseignement américain, citées par la chaîne d’information CNBC, ce missile à propulsion nucléaire aurait fait l’objet d’au moins quatre essais entre novembre 2017 et février 2018. Et aucun n’aurait été concluant.

Il fut même avancé que, au cours de l’un d’entre eux, un prototype aurait été perdu en mer de Barents, plus précisément dans les environs de l’île Ioujny qui, située dans l’archipel de la Nouvelle-Zemble, avait été évacuée dans les années 1950 pour y effectuer des tests nucléaires. En tout cas, cette hypothèse fut avancée pour expliquer la curieuse présence du navire-grue KIL-143 au sein d’une flottille qui, comprenant sept autres navires, avait été déployée dans ce secteur, en août 2018.

Un an plus tard, l’observation d’un pic de radioactivité à Severodvinsk, après une explosion survenue à la base de Nyonoksa [oblast d’Arkhangelsk], connue pour abriter un centre d’essais dédié aux missiles destinés aux sous-marins russes, relança les spéculations au sujet du 9M730 Bourevestnik [code Otan : SSC-X-9 Skyfall].

Plus tard, en leur rendant hommage, M. Poutine affirma que les cinq victimes, par ailleurs toutes employées par Rosatom, travaillaient au développement d’une nouvelle arme reposant sur la « technologie la plus avancée et sans précédent ». Et d’ajouter que celle-ci devait être « perfectionnée indépendamment de tout ».

Par la suite, des préparatifs en vue d’un présumé nouveau test du 9M730 Bourevestnik depuis l’archipel de Nouvelle-Zemble furent signalés en août 2021. Ce qui coïncidait d’ailleurs avec l’activité intense des avions de renseignement américains dans le nord de l’Europe à cette époque. Cet essai a-t-il été effectué? Mystère…

Quoi qu’il en soit, dans son dernier rapport public [Focus 2023], publié en janvier dernier, le renseignement militaire norvégien a avancé que la Russie allait « continuer à développer le système de torpilles Poséidon à propulsion nucléaire [l’une des six armes censées être « invincibles », ndlr] » ainsi que le 9M730 Bourevestnik. « Des essais supplémentaires sur l’archipel de Nouvelle-Zemble sont attendus », a-t-il affirmé, avant d’estimer qu’il « faudra plusieurs années » pour que ces deux systèmes soient opérationnels.

Ces nouveaux essais annoncés par le renseignement norvégien sont-ils imminents? En tout cas, comme il y a deux ans, les missions de renseignement menées dans le nord de l’Europe dans le cadre de l’Otan se sont enchaînées au cours de ces derniers jours. À la différence près que les « avions espions » peuvent désormais voler dans l’espace aérien de la Finlande, ce qui les rapproche de Mourmansk.

Mais s’appuyant sur le renseignement en sources ouvertes, le quotidien Barents Observer a dit avoir constaté un activité intense sur l’archipel de Nouvelle-Zemble, et en particulier sur le site d’essais de Pankovo.

« L’imagerie satellitaire fréquemment mise à jour, le suivi des navires ainsi que les avis aux aviateurs [NOTAM] et aux navigateurs [PRIP] » émis depuis le mois d’août « ont permis de relier cette activité aux essais du Bourevestnik », avance le journal. Et d’ajouter qu’un missile tiré depuis le site de Pankovo « pourrait soit être dirigé vers la mer de Barents, soit toucher une cible sitée au nord de la Nouvelle-Zemble ».

Reste à voir quand cet essai aura lieu [si c’est bien de cela qu’il s’agit]… Le premier NOTAM a été émis pour la première fois le 31 août dernier… Et il a été prolongé jusqu’au 24 septembre, ce qui laisse supposer que le tir est imminent.

En attendant, les autorités norvégiennes sont inquiètes, notamment à cause des rejets radioactifs. C’est en effet ce qu’a confié l’amiral Nils Andreas Stensønes, le chef du renseignement militaire, au Barents Observer. « Les services de renseignement suivent de près les programmes et essais d’armes russes, y compris celui-ci », a-t-il dit, sans donner plus de détails.

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