Des « facteurs humains » expliquent la collision entre un avion ravitailleur canadien et un A400M français à Guam

Le 22 juillet, alors que l’exercice aérien Mobility Guardian venait de se terminer sur la base américaine d’Andersen [île de Guam], un A400M « Atlas » français, engagé dans la mission PEGASE [Projection d’un dispositif aérien d’EnverGure en Asie du Sud-Est], fut sérieusement endommagé après un contact au sol avec un avion ravitailleur CC-150T Polaris de l’Aviation royale canadienne [ARC]. Et cela alors qu’il n’y avait personne à bord des deux appareils.

« Les moteurs étant coupés et personne n’étant à bord, aucun blessé n’est à déplorer. Des dommages ont été constatés sur la gouverne de profondeur des deux aéronefs. Des analyses sont en cours pour évaluer les dégâts et procéder aux réparations dans les meilleurs délais », avait alors commenté l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], avant de préciser qu’une enquête était en cours pour déterminer les causes de cet incident.

Lors du point presse tenu par le ministère des Armées le 31 août dernier, le général Dominique Tardif expliqua qu’une équipe technique, composée d’experts d’Airbus et du Service industriel de l’aéronautique [SIAé], avait été envoyée à Guam pour évaluer les dommages subis par l’A400M et que l’AAE espérait récupérer son avion d’ici le 10 septembre.

De son côté, le ministère canadien de la Défense vient de publier un rapport préliminaire sur les causes de cet incident. D’abord, il rappelle que le CC-150T Polaris était arrivé à Guam le 21 juillet afin de rapatrier les militaires qui y avaient été déployées pour l’exercice Mobility Guardian.

« L’avion a atterri à Guam, a roulé jusqu’à se positionner derrière un camion ‘Follow Me’ et a été dirigé vers la place de stationnement N24 par l’équipe au sol de l’exercice Mobility Guardian, s’arrêtant vers 21 h 45, heure locale », poursuit le rapport. Puis, le matériel et les bagages ont été chargés à son bord, en vue de son départ, prévu le 22 juillet.

Seulement, vers 10h30, le CC-150T Polaris a « commencé à reculer, le nez virant vers la gauche, et a continué à rouler jusqu’à ce que le stabilisateur horizontal et vertical droit touche l’empennage » de l’A400M, alors immobilisé sur l’emplacement N22. Après le choc, l’avion canadien a rebondi vers l’avant… pour s’arrêter à environ huit mètres du point d’impact.

« L’enquête n’a révélé aucune preuve de problèmes techniques avec l’avion et se concentre désormais sur les procédures, les communications et les facteurs humains », indique le rapport. Or, celui-ci précise que, après l’opération de chargement réalisée dans la soirée du 21 juillet, le CC-150T Polaris avait été « partiellement sécurisé, sans cales ».

Ce n’est pas la première qu’un avion de ce type est victime d’un tel problème… En effet, en octobre 2019, un Polaris avait percuté un tracteur de remorquage et un hangar alors qu’il était censé avoir été immobilisé par des cales. L’enquête détermina que ces dernières n’avaient pas toutes été installées… Et que celles qui l’avaient été ne correspondaient pas aux normes. Le rapport avait mis en cause la responsabilité des pistards, employés par l’entreprise L3Harris, et recommandé « l’utilisation de cales approuvées sur toutes les roues » ainsi que la mise en place d’une « formation améliorée pour les opérations de remorquage ».

Photo : Capt. Lehnart, 2 Ere SV – Aviation royale canadienne

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