Les Émirats arabes unis veulent participer au projet sud-coréen d’avion de combat KF-21 « Boramae »

Du fait des accords signés en 1995 et renforcés en 2009, la France et les Émirats arabes unis cultivent une relation très étroite dans le domaine militaire, comme en témoigne la récente commande de 80 chasseurs-bombardiers Rafale F4 par Abou Dhabi. Et, à l’avenir, l’accent devrait être mis sur la coopération industrielle. Ce sujet a d’ailleurs été abordé par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, avec son homologue émirien Mohammed Ahmad al Bawardi, lors de son dernier déplacement dans le golfe Arabo-Persique.

En effet, à l’instar de l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis cherchent à développer leur Base industrielle et technologique de défense [BITD], avec l’idée de diversifier leur économie tout en réduisant leur dépendance à l’égard, notamment, de leurs partenaires occidentaux. D’où la création, en 2019, du conglomérat Edge. Cette politique porte ses fruits puisque le pays a réduit de 40% ses importations d’équipements militaires en dix ans et il est actuellement le 18e exportateur d’armes au niveau mondial et le 3e au Moyen-Orient [derrière Israël et la Turquie].

Cependant, Abou Dhabi entend aller plus loin… en particulier dans l’industrie aéronautique. Et cela alors que ses relations avec Washington connaissent des hauts et des bas selon l’étiquette politique du locataire de la Maison Blanche. D’où des contacts avec la Russie et la Chine. Mais, a priori, c’est surtout vers la Corée du Sud que les Émirats entendent se tourner pour développer leurs capacités industrielles dans le domaine aérospatial.

En janvier, la DAPA, l’agence sud-coréenne chargée des programmes d’armement, et le Conseil Tawazun, un organisme gouvernemental indépendant travaillant en étroite relation avec le ministère émirati de la Défense, ont signé un protocole d’accord [MoU] visant à établir une « coopération stratégique spéciale » en matière d’industrie de défense.

« Les deux parties poursuivront leurs investissements conjoints, la recherche et le développement technologique en vue de développer davantage la coopération bilatérale dans l’industrie de la défense », avait expliqué la DAPA, via un communiqué relayé par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap.

Deux sujets furent alors plus particulièrement évoqués : la défense aérienne [il était question d’une commande de système KM-SAM « Cheongung II » par Abou Dhabi, ndlr] et le projet d’avion de transport MC-X Orca, porté par Korean Aerospace Industries. En revanche, une participation des Émirats dans le programme d’avion de combat KF-21 Boramae n’était pas à l’ordre du jour…

Or, d’après le quotidien économique sud-coréen « Financial News », Abou Dhabi a exprimé sa volonté de participer directement au développement du KF-21 Boramae dans un courrier adressé à la présidence sud-coréenne.

Pour rappel, le programme KF-X, dont est issu le KF-21 Boramae, prévoyait initialement une participation financière de l’Indonésie, à hauteur de 20%. Seulement, Jakarta tarde à s’acquitter des sommes dues… Ce qui, d’ailleurs, laisse planer un doute sur ses intentions, même si le président indonésien, Joko Widodo, a réaffirmé que cette coopération irait à son terme, à l’occasion d’une rencontre avec son homologue sud-coréen, Yoon Suk Yeol, la semaine passée.

Quoi qu’il en soit, pour monter à bord de ce programme, Abou Dhabi proposerait de payer la somme que doit l’Indonésie, soit environ 1000 milliards de won [710 millions d’euros]. « On savait que les Émirats arabes unis avaient manifesté leur intérêt pour le KF-21 mais c’est la première fois qu’ils confirment leur intention de participer à son développement avec la Corée [du Sud] », écrit Financial News.

Cependant, même si plus de 65% des composants du KF-21 Boramae, qui a effectué son vol inaugural en juillet 2022, sont de facture sud-coréenne, le reste est le plus souvent d’origine américaine, à commencer par ses deux moteurs F-414-400K… Ce qui peut poser un souci en matière d’exportation, tout contrat éventuel devant alors être approuvé par Washington.

Reste à voir ce que Séoul décidera… A priori, une participation d’Abou Dhabi serait bienvenue… dans la mesure où elle permettrait non seulement d’accélérer le développement du KF-21 Boramae [la mise en service est prévue en 2026, ndlr] mais aussi de conforter son modèle économique, étant donné que la force aérienne émirienne pourrait commander une cinquantaine d’exemplaires afin de remplacer ses F-16. Sans doute en saura-t-on davantage en octobre, à l’occasion de la visite officielle que doit faire Mohammed ben Zayed Al Nahyan en Corée du Sud.

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