Les opérationnels du Service action de la DGSE peuvent cumuler jusqu’à 200 jours de mission par an

Hormis quelques publications, parfois récentes, comme « Les tueurs de la République » de Vincent Nouzille ou « Les guerriers de l’ombre » de Jean-Christophe Notin, la « littérature » sur le Service Action de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] est peu abondante. Et quand la presse en parle, c’est qu’une opération [ou un entraînement] a mal tourné [ce qui arrive rarement] ou que le débat sur son éventuel rapprochement avec les forces spéciales a été relancé…

Par ailleurs, le ministère des Armées n’évoque pratiquement jamais le Service action… sauf dans les pages du Journal Officiel. Et, ces dernières années, seul Bernard Bajolet, alors à la tête de la DGSE, a confié qu’il était utilisé « au plein de ses capacités », à l’occasion d’une audition parlementaire réalisée peu après les attentats commis en France par l’État islamique [EI ou Daesh].

Cela étant, on sait que le Service Action se compose de trois unités chapeautées par le Centre d’instruction des réserves parachutistes [CIRP] de l’armée de Terre, du Groupe aérien mixte 56 « Vaucluse » de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et du navire Alizée de la Marine nationale.

Quoi qu’il en soit, pour le lancement de Terre Mag, son nouveau magazine d’informations, l’armée de Terre a fait le choix de braquer les projecteurs sur l’une des trois unités du CIRP, à savoir le Centre parachutiste d’instruction spécialisée [CPIS] établi à Perpignan… et dont le DGSE ne parle même pas sur son site Internet.

Ainsi, on apprend que cette unité prépare « des dizaines » de militaires « triés sur le volet » à des « actions clandestines de coercition et à la guérilla » dans les zones de crise, en particulier « là où les forces spéciales ne sont pas autorisées à opérer ». Ces activités peuvent conduire à « exercer une pression ou une influence sur un individu, une organisation ou un État » et inclure « du renseignement, des cyberattaques, des campagnes de désinformation, etc. ».

« Nos agents agissent hors du cadre législatif. C’est la principale différence avec les forces spéciales ou armées en général », rappelle le chef de corps du CPIS dans les pages de Terre Mag.

L’une des spécificités de cette unité [mais qui doit valoir aussi pour les deux autres du CIRP, à savoir le Centre parachutiste d’entraînement aux opérations maritimes et le Centre parachutiste d’entraînement spécialisé] est que les opérationnels disposent « d’une autonomie incomparable dans la préparation et la conduite » de leurs missions. « Chacune est unique et les équipes projetées changent en permanence, selon les besoins », explique Terre Mag.

Visiblement, l’activité du CPIS est intense. « Les agents cumulent en général plusieurs spécialités. Leur rythme de projection s’élève à environ 200 jours par an », apprend-on en effet.

Aussi, la sélection est impitoyable… et pour le chef de corps du CPIS, « présenter son dossier est déjà un acte de courage ». Ainsi, un candidat fera d’abord l’objet d’une enquêtre de sécurité, qui s’intéressera aussi à son entourage. Puis il aura à passer des entretiens, des tests psychotechniques et une évaluation de « mise en situation sur le terrain ». À noter que Terre Mag ne parle pas de tests sportifs mais sans doute que cela va de soi…

Une fois ces étapes passées, le volontaire va suivre une formation de dix-huit mois, laquelle alterne des phases d’apprentissage et de restitution. Et l’échec est interdit. Mais d’après Terre Mag, très peu de candidats échouent, en raison notamment de la solidité du processus de sélection, lequel met l’accent sur l’expérience opérationnelle, la capacité à se fondre dans la population, la rusticité, l’honnêteté intellectuelle ainsi que la capacité à gérer la tension nerveuse et à supporter l’isolement.

« Les personnes qui se présentent veulent donner un sens plus grand à leur engagement. Elles ne cherchent ni la reconnaissance, ni les médailles. Il n’y a pas de place pour l’ego chez nous », résume le chef de corps du CPIS.

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