Les forces américaines font de nouveau voler leurs drones au Niger

Si la junte qui a pris le pouvoir au Niger s’est empressée de dénoncer les accords militaires avec la France, elle se garde bien d’en faire autant avec ceux conclus avec le États-Unis. Et ceux-ci permettent notamment aux forces américaines de s’installer durablement à Niamey ainsi que sur la base aérienne 201 d’Agadez. Mais pas seulement puisque la CIA a aussi été autorisée à utiliser ses drones depuis la base de Dirkou, située au sud de la Libye et à l’ouest du Tchad.

Jusqu’à présent, Wahsington a adopté une attitude prudente à l’égard de la junte, en évitant, par exemple, de parler de « coup d’État » pour qualifier la destitution de Mohamed Bazoum, le président légalement élu. Et cela afin de ne pas remettre en cause la coopération militaire avec le Niger. En outre, certains putschistes, comme le général Moussa Salaou Barmou, récemment promu chef d’état-major des forces nigériennes, ont fréquenté des écoles militaires américaines… Ce qui peut faciliter le dialogue.

D’ailleurs, c’est ce qui a sans doute permis aux forces américaines de renouer avec le fil de leurs missions de contre-terrorisme au Sahel…

En effet, le 13 septembre, lors de la convention de l’Air and Space Forces Association, le général James Hecker, le chef des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique, a affirmé que les vols de drones avaient repris au Niger depuis deux semaines.

« Pendant un certain temps, nous n’avons réalisé aucune mission » depuis nos bases au Niger. Mais « grâce au processus diplomatique, nous effectuons désormais une grande partie des missions que nous faisions auparavant », a en effet déclaré le général Hecker.

Il s’agit surtout de missions dites ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance], impliquant des drones et des avions légers [le général Hecker a parlé de vols avec et sans pilote, ndlr].

Pour rappel, la semaine passée, le Pentagone a fait savoir que, « par mesure de précaution », les forces américaines présentes au Niger [soit environ 1100 militaires] allaient être quasiment toutes regroupées à Agadez. Ce qui, selon le général Hecker, a un « impact opérationnel » car « de nombreuses cibles à surveiller sont désormais plus éloignées de la base aérienne 201 que de la base aérienne 101 [de Niamey] ».

En clair, les drones américains ont désormais plus de chemin à parcourir pour survoler la région dite des trois frontières [car située aux confins du Niger, du Burkina Faso et du Mali, ndlr] où sévissent les groupes jihadistes. Ce qui fait qu’ils restent moins longtemps au-dessus de cette zone d’intérêt. « On n’obtient pas autant de données qu’avant », a insisté le général Hecker.

Cela étant, un porte-parole du Pentagone, le général Patrick Ryder, a confirmé la reprise des vols de drones au Niger. « Nous avons obtenu l’approbation des autorités compétentes », a-t-il dit. « Les États-Unis se réservent toujours le droit de mener des opérations pour protéger leurs forces si nécessaire », a-t-il ajouté. Cependant, « nous n’avons pas repris les missions de formation et d’assistance aux forces nigériennes, ni la coopération anti-terroriste » avec Niamey, a-t-il précisé.

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