La Russie envisage de relancer la production du char T-80, conçu durant la période soviétique

Ces dernières années, il a été fait grand cas du T-14 Armata, le dernier né des chars russes, décrit comme étant technologiquement très en avance sur ses homologues occidentaux. Seulement, et à en croire l’agence officielle Tass, engagé « à plusieurs reprises dans les zones de combat en Ukraine », il n’a visiblement pas donné entièrement satisfaction puisqu’il devra de nouveau faire l’objet « d’ajustements » en fonction du retour d’expérience [RETEX]. Cependant, aucun exemplaire n’a été signalé « détruit », « endommagé » ou « capturé ».

Outre le T-14, et depuis 2019/20, les forces russes alignent également des T-80BVM et des T-90M « Proryv-3 », qui sont des évolutions de chars conçus durant la période soviétique.

Ainsi, développé par Uralvagonzavod [UVZ] en reprenant quelques technologies du T-14 Armata, le T-90M est une évolution du T-90A mis en service en 1992 par l’armée russe. D’une masse de 50 tonnes, il équipé d’un nouveau groupe moto-propulseur de 1130 chevaux, d’un canon lisse 2A46M-4 de 125 mm, d’un système de contrôle de tir automatisé « Kalina », d’une mitrailleuse téléopérée de 12,7 mm et d’une protection active « Relikt ». En Ukraine, au moins 37 exemplaires auraient été mis hors de combat.

Quant au T-80BVM, il s’agit d’un T-80BM « revalorisé », dont la conception remonte aux années 1970. Ce char est équipé d’une motorisation plus puissante, avec un turbomoteur GTD-1250TF de 1250 chevaux mieux adapté aux conditions climatiques du Grand nord, d’un canon 2A46M-4 de 125 mm associé à viseur jour/nuit SOSNA-U et à un chargeur automatique ainsi que d’un système de protection active Relikt.

Comme l’explique Red Samovar, le développement du T-80BVM pouvait surprendre dans la mesure où le T-80 n’avait pas bonne presse au sein de l’état-major russe, en raison de sa consommation excessive de carburant et de ses performances jugées décevantes. En outre, ces chars « revalorisés » devaient équiper en priorité les unités déployées dans le Grand Nord… Or, ils ont aussi été engagés en Ukraine… Et 96 auraient été mis hors de combat.

Plus généralement, les forces russes ont perdu plus de 600 chars T-80, toutes versions confondues. Et donc au moins 404 T-80BV qui ne pourront par conséquent pas être portés au standard T-80BVM. Pour autant, le PDG d’Uralvagonzavod, Alexandre Potapov, a fait une annonce surprenante auprès de la chaîne de télévision Zvezda, le 10 septembre.

En effet, celui-ci a affirmé que la production du char T-80 allait être relancée, alors que plus un char neuf de ce type n’a été produit par Uralvagonzavod depuis le début des années 1990. « C’est la tâche que l’armée nous a fixée », a-t-il dit. Et d’expliquer que cette décision a été « influencée par l’efficacité du T-80 » en Ukraine. « Et maintenant, nous travaillons activement sur cette question avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, car cela nécessite, en conséquence, de nouvelles capacités », a ajouté M. Potapov.

Effectivement, relancer des chaînes d’assemblage arrêtées il y a plus de trente ans n’est pas une mince affaire, même si on peut supposer qu’Uralvagonzavod a conservé l’outillage nécessaire [et encore faut-il qu’il soit en bon état]. Ce qui suppose des investissements importants et de trouver les fournisseurs et autres sous-traitants pour remettre en route l’approvisionnement logistique. Et cela prend du temps ; en 1993, une étude du Congrès des États-Unis avait ainsi estimé qu’il fallait 56 mois pour retrouver une pleine capacité de production de chars M1 Abrams en partant de zéro…

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