L’ex-rébellion touareg affirme avoir abattu un avion d’attaque Su-25 « Frogfoot » des forces maliennes

Ayant rompu avec la France après avoir sollicité les services du groupe paramilitaire russe Wagner, le Mali, dirigé par une junte, a renforcé ses liens avec la Russie, ce qui s’est traduit par la livraison de plusieurs lots d’aéronefs aux Forces armées maliennes [FAMa].

Ainsi, en août 2022, celles-ci reçurent deux hélicoptères [un Mil Mi-24P et un Mil Mi-8] ainsi que plusieurs avions d’attaque, dont des L-39 « Albatros » et deux Su-25 « Frogfoot ».

Seulement, en octobre de la même année, l’un des deux Su-25 – immatriculé TZ-20C – s’écrasa sur l’aéroport de Gao alors qu’il revenait d’une mission d’appui-feu menée dans la région. Cet appareil ne tarda pas être à remplacé.

En effet, en janvier, la Russie livra un nouveau lot d’aéronefs. Et selon une photographie publiée par la présidence malienne, il était composé de deux Mil Mi-8, de cinq L-39 et d’au moins un Su-25, immatriculé TZ-25C. Est-ce celui-ci qui s’est écrasé près d’Ifardane, dans la région de Gao, le 9 septembre?

En tout cas, et si les causes de la chute de cet appareil n’ont pas encore précisées, l’ex-rébellion touareg, réunie au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad [CMA], a affirmé avoir abattu « un avion des terroristes FAMA/Wagner suite à des bombardements sur [ses] positions ».

De son côté, le ministère malien de la Défense a seulement évoqué un « incident aérien qui s’est produit au nord de Gao impliquant un aéronef de l’armée de l’Air malienne ». Et de promettre que « des détails suivront »… Mais plus de vingt-quatre heures plus tard, aucune précision n’a encore été donnée.

Quoi qu’il en soit, les photographies de l’épave de l’appareil en cause suggèrent qu’il s’agit bien d’un Su-25 « Frogfoot ». Et selon le reporter indépendant Souleymane Ag Anara, le pilote aurait réussi à s’éjecter, avant d’être récupéré par les FAMa.

Cette affaire survient à moment où les relations entre l’ex-rébellion touareg et la junte au pouvoir à Bamako ne cessent de se dégrader. En avril, la CMA avait ainsi accusé des avions de combat des FAMa d’avoir « survolé à des altitudes délibérément provocatrices ses positions à Ber, Amassine, Anafis et Kidal en pleine période de tensions liées au blocage du processus de paix ».

Puis, la fin du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrées des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] a encore accentué les tensions, la CMA reprochant à Bamako de prendre le contrôle des bases laissées par les Casques bleus. Ce qui a donné lieu à des affrontements, comme à Ber, le 11 août dernier, l’ex-rébellion ayant dit avoir déjoué une « attaque complexe menée par les FAMa et Wagner ». Les autorités maliennes ont donné une version différente, affirmant que leurs troupes avaient « riposté vigoureusement […] à une tentative d’incursion dans leur dispositif ».

La veille, la CMA avait fait savoir qu’elle quitterait Bamako. « Notre direction estime que nous ne sommes plus en sécurité dans la capitale et que les raisons de notre présence au nom de la CMA sont entièrement compromises », avait en effet déclaré Attaye Ag Mohamed, le chef de la délégation de l’ex-rébellion touareg envoyée dans la capitale malienne.

Dans le même temps, les organisations jihadistes, et notamment celles relevant du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, affilié à al-Qaïda], étendent leur emprise et poursuivent leurs attaques. Les deux dernières en date ont été menées le 7 septembre, contre un bateau naviguant sur le fleuve Niger, près de Gourma-Rharous, et contre une position occupée par les FAMa à Bamba, dans la région de Gao. Selon un bilan provisoire, elles ont fait un total de 64 tués, dont 49 civils.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]