La Pologne renforce significativement sa défense côtière et va porter ses dépenses militaires à 4% du PIB en 2024
En 2008, la Pologne commanda auprès du groupe norvégien Kongsberg 48 missiles anti-navires NSM [Naval Strike Missile] destinés à l’escadron de défense côtière relevant de la 3e flottille de navires de ses forces navales. Puis, en 2010, un nouveau contrat fut signé pour 36 exemplaires de plus.
Ces NSM devaient alors être utilisés par un système de défense côtière composé de deux radars TRS-15M [fournis par la firme polonaise Bumar Elektronika SA, devenue PIT-Radwar par la suite] et d’une vingtaine de véhicules de type Jelcz [six pour les missiles, deux pour les radars, six pour la mise à feu et le contrôle et trois pour le commandement].
En 2014, la marine polonaise créa une « Unité de missiles maritimes » [MJR – Morska Jednostka Rakietowa] avec l’intention de former un second escadron de défense côtière. Ce qui donna lieu à une nouvelle commande de NSM auprès de Kongsberg.
Cela étant, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, et alors qu’elle a déjà enchaîné les annonces afin de renforcer les capacités de ses forces armées [avions de combat F-35A et F/A-50, chars M1A2 Abrams et K-2PL Black Panther, obusiers K-9 Thunder et Krab, systèmes d’artillerie K239 Chunmoo et HIMAS, relance du projet d’achat de sous-marins, etc.], la Pologne va se doter d’au moins deux escadrons de défense côtière supplémentaires.
En effet, le 5 septembre, Kongsberg a annoncé avoir signé le contrat le plus important de son histoire avec la commande de deux systèmes de défense côtière CDS NSM par la Pologne. Le montant de cet achat s’élève à 1,5 milliard de dollars [environ 1,4 milliard d’euros].
« Le système de défense côtière associe le dispositif de commandement et de contrôle du NASAMS [Norwegian Advanced Surface-to-Air Missile, ndlr] à la fonctionnalité de contrôle du NSM », rappelle Kongsberg, dans son communiqué.
Et de préciser que « l’industrie polonaise contribuera de manière importante à ce projet, notamment au niveau des moyens de communication, des véhicules et du système de commandement et de contrôle ».
Pour rappel, missile dit de 5e génération, le NSM a une portée d’environ 185 km. Ayant une faible signature radar, il est doté d’une centrale inertielle, d’un GPS et d’un système de navigation de type TERCOM [TERrain COntour Matching]. Il se distingue par sa capacité à évoluer à très basse altitude et, surtout, à déjouer les défenses adverses en effectuant des manoeuvres aléatoires.
« Le système de défense côtière NSM joue un rôle important en soutenant la capacité des pays à défendre leur territoire et leurs citoyens. Nous sommes fiers d’aider la Pologne à développer une telle capacité. La détermination démontrée par le ministère polonais de la Défense nationale à acquérir davantage de CDS NSM est un signe de confiance et confirme que notre système représente la capacité la plus efficace disponible », s’est félicité Eirik Lie, président de Kongsberg Defence & Aerospace.
Cependant, pour entrer en vigueur, ce contrat doit encore recevoir une « autorisation de financement à l’export », laquelle devrait être accordée « d’ici quelques semaines », a indiqué le groupe norvégien.
Par ailleurs, lors de l’ouverture du MSPO 23, le salon de l’armement organisé à Kielce, le président polonais, Andrzej Duda, a annoncé que la Pologne porterait le niveau de ses dépenses militaires à 137 milliards de zlotys [30,5 milliards d’euros] en 2024. Soit l’équivalent de 4% de son PIB.
« Nous voyons le danger émerger au-delà de notre frontière orientale et nous savons parfaitement – l’histoire et l’expérience nous l’ont appris – que tout prix vaut la peine d’être payé pour garantir que la Pologne reste libre, souveraine, indépendante et que les Polonais puissent vivre en sécurité », a justifié M. Duda.
Photo : Kongsberg
