La Havane dénonce l’incorporation de Cubains dans les forces russes impliquées dans les combats en Ukraine

En juin, le procureur de la région de Kostanaï, située dans le nord du Kazakhstan, affirma avoir observé « des tentatives de recrutement de la population locale vers la Fédération de Russie pour participer au conflit armé en Ukraine ». Et cela n’était pas vraiment surprenant étant donné que 40% des 880’000 habitants de cette vaste contrée [196 001 km², ndlr] sont d’origine russe.

En réalité, tous les pays ayant appartenu à l’ex-Union soviétique et abritant d’importantes minorités russes sont potentiellement concernés par de telles campagnes de recrutement, comme l’a récemment souligné le ministère britannique de la Défense [MoD].

« Depuis fin juin 2023, la Russie lance un appel aux citoyens des pays voisins avec des annonces de recrutement pour combattre en Ukraine. Observées en Arménie et au Kazakhstan, des publicités en ligne offrent une prime d’engagement de 495’000 roubles [4700 euros] de paiements initiaux et des soldes mensuelles de 190’000 roubles [1800 euros] », a avancé le MoD, via un message diffusé le 3 septembre sur X/Twitter.

Les minorités russes de ces pays de l’ex-espace soviétique ne sont pas les seules ciblées. Toujours selon le renseignement britannique, des « migrants d’Asie centrale » ont été approchés pour « combattre en Ukraine », en échange d’une procédure accélérée pour obtenir la citoyenneté russe et d’une solde pouvant atteindre 400’000 roubles. Et de préciser : « Il y a au moins six millions de migrants d’Asie centrale en Russie, que le Kremlin considère probablement comme des recrues potentielles ».

Mais à en croire les autorités cubaines, la Russie cherche aussi de nouvelles recrues dans les Caraïbes. En effet, le 4 septembre, elles ont affirmé avoir identifié un « réseau de trafic » russe chargé de recruter des ressortissants cubains pour des « opérations militaires en Ukraine » et engagé des poursuites pénales contre les individus impliqués, sans donner plus de détails.

La Havane « s’efforce de neutraliser et de démanteler un réseau de trafic d’êtres humains qui opère à partir de la Russie pour incorporer des citoyens cubains qui y vivent, et même certains de Cuba, dans les forces militaires impliquées dans les opérations militaires en Ukraine », a fait savoir le ministère cubain des Affaires étrangères, via un communiqué.

« Les ennemis de Cuba diffusent des informations déformées qui cherchent à ternir l’image du pays et à le présenter comme complice de ces actions, ce que nous rejetons catégoriquement », a poursuivi la diplomatie cubaine. Et de rappeler que « Cuba a une position historique ferme et claire contre le mercenariat » de par son « rôle actif au sein des Nations unies » contre cette pratique.

A priori, de jeunes cubains seraient recrutés pour travailler sur les chantiers de reconstruction dans les territoires contrôlés par Moscou en Ukraine, avant de se faire forcer la main pour rejoindre les rangs des forces russes. Ce mécanisme a d’ailleurs été décrit par le MoD. « Des travailleurs ouzebks à Marioupol se seraient vu confisquer leur passeport à leur arrivée et auraient été contraints de rejoindre l’armée russe », a-t-il ainsi avancé.

Quoi qu’il en soit, cette affaire survient alors que La Havane et Moscou ont l’intention de renforcer leurs relations diplomatiques et militaires.

« La Russie envisage de développer conjointement avec Cuba une série de projets dans le domaine technico-militaire », avait ainsi affirmé Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, après avoir reçu son homologue cubain, Alvaro Lopez Miera, en juin dernier. Et d’ajouter : « Sans aucun doute, Cuba a été et continue d’être l’allié le plus important de la Russie dans la région. Nos amis cubains ont confirmé leur attitude envers notre pays, démontrant même leur pleine compréhension des raisons du lancement d’une ‘opération militaire spéciale’ [sic] en Ukraine ».

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